Le botaniste qui sommeille en chaque chat

Tranche de miaougraphie

Déjà, j’en connais au moins une parmi vous qui ne sera sûrement pas en accord avec l’affirmation dans mon titre, mais bon, je me base sur mon expérience avec Clément ainsi que sa « parenté » proche.

Clément manifestait définitivement un intérêt prononcé pour les plantes et les fleurs, qu’elles soient coupées et reposant dans un vase, ou enracinés dans un pot ou la terre directement. J’avais effleuré le sujet l’été dernier dans le portrait des étés de Clément. Certaines plantes le confondaient plus que d’autres, ce qui je pense démontrait sa vocation pour la botanique, ! Je vous avais partagé l’an dernier la photo de Clément et du vase de fleurs qu’il avait renversé. Nous n’avons pas l’habitude de nous offrir des bouquets de fleurs, mon conjoint et moi, toutefois, chaque fois que l’un de nous en a offert à l’autre, bébé chat se faisait un devoir d’en inspecter ses éléments. D’abord, la vue, mais ce n’était jamais assez. Alors, il fallait qu’il découvre leur odeur, enfouissant son petit museau rosé le plus possible dans leur feuillage, puis, leur goût… ce que nous ne lui laissions pas l’occasion, si nous étions aux aguets… Il arrivait parfois à contourner notre surveillance, comme cet incident en témoigne. Je vous inclus quelques photos de plus. J’en avais fait toute une série pour commémorer le moment.

Malheureusement pour l’avancement des savoirs félins en termes de botanique, nous avions appris assez tôt à poser le vase le plus hors de portée possible. Quoi que Clément était prêt à courir des risques qu’il ne prenait pas pour d’autres choses lorsqu’il s’agissait de mener son enquête scientifique. Un endroit qui semblait hors de son atteinte en d’autres circonstances devenait soudainement atteignable, d’où l’incident cité ci-dessus qui est survenu plusieurs années après l’accueil de notre petit roi dans notre foyer. Cette fois-là, il n’y a pas eu grand mal ; le vase (en fait un pichet en plastique) n’est pas tombé du micro-ondes, de l’eau renversé sur le plancher, assez rapidement épongé, des fleurs un peu secouées, mais qui n’ont pas dépéri plus vite suivant l’incident. D’ailleurs, ce bouquet avait très bien séché par la suite et nous l’avons encore presqu’intact. Il est un peu poussiéreux et a perdu quelques feuilles, pétales et quelques petites tiges. Une de ces tiges a été utilisée pour décorer le ruban commémoratif posé sur la clôture de la cour dans les semaines suivant la mort de Clément.

D’autres plantes n’ont pas eu la chance de ce bouquet, en fait, une seule. Lorsque nous habitions à Montréal, j’avais ramené d’une visite au fantastique marché public Jean-Talon un châtaignier de Guyane aussi connu sous le nom de money tree. Une amie et moi en avions chacune ramassé un, parce que c’est une jolie plante et on sait jamais, ça peut aider. L’argent ne pousse pas dans les arbres sauf que… qui sait ? Au début, bébé chat n’avait pas paru plus intéressé que cela par cette plante, la première que nous avons introduit à l’intérieur de son domaine, puisqu’elle a trôné un temps sur la table de cuisine sur laquelle il montait régulièrement. J’ai des preuves en photo. Puis, elle fut déplacée sur le bord de l’évier de la cuisine, après que Clément ait commencé son enquête, mais le comptoir étroit rendait impossible d’empêcher Clément d’atteindre du bout de ses griffes l’assiette sur lequel le pot de l’arbuste reposait. Il a ainsi réussi à le renverser à quelques reprises. Le money tree semblait bien résister malgré tout. Pour ne pas prendre de chance, nous l’avions tout de même déplacé sur le four jusqu’à notre déménagement dans notre appartement actuel.

Le money tree semblait tenir le coup après le déménagement, bien qu’il ne paraissait pas adorer son nouvel environnement. Toutefois, ce qui l’a achevé d’après moi, c’est cette ultime examination de notre coquin de rouquin quelques mois après notre déménagement, j’oublie exactement quand. Cette fois-là, beaucoup de terreau est tombé hors du pot et le choc a été trop dur pour mon petit arbre. Il s’est relevé, mais n’a pas survécu longtemps après… Je ne me rappelle plus les circonstances exactes de cet incident scientifique. Est-ce que le pot était trop près du bord de la desserte sur lequel il était posé ? L’avais-je bougé récemment sans y penser, tandis qu’il était habituellement hors d’atteinte de Clément ? Sans doute que Clément aurait aimé en faire une autopsie bien complète, il était très dédié aux savoirs félins et aimait remonter à la racine des choses. Néanmoins, il a dû se contenter de cette ultime biopsie qu’il a conduit le temps que je constate les dégâts et que je redresse la plante qui a dépéri rapidement par la suite. Par chance, ce fut la seule fois où son intérêt scientifique a versé dans la morbidité végétalisée.

Le draconnier candélabre qu’une amie m’a offerte en cadeau, après le meurtre non-prémédité du châtaignier, a mieux résisté aux inspections de Clément. Il faut dire que nous avions entre-temps trouvé un meuble télé style bibliothèque sur lequel Clément pouvait difficilement monter. C’est là que ce nouvel arbre a grandi durant ses premières années avec nous, avant d’être déplacé dans les dernières années de vie de notre vieux chaton sur une petite bibliothèque sur le bord de la fenêtre. J’avais un peu peur que Clément se décide à s’y intéresser après ce déplacement puisque cette bibliothèque est très basse. Cependant, ses étagères sont assez étroites et il y avat peu d’espace libre autour, ce qui a dû aider à limiter l’intérêt de Clément à y grimper. Peut-être que le fait que l’arbuste ait été avec nous plusieurs années déjà a joué, ou l’âge avancé de Clément explique plus ce désintérêt de notre petit roi envers une plante relativement accessible. En tout cas, il n’a jamais fait grand cas de cette plante, si ce n’est quelques inspections rapprochées pendant que je la rempotais à son niveau, ce que j’ai dû faire au moins quatre à cinq fois depuis que nous l’avons. Ça fait beaucoup de racines cet arbuste ! Clément a ainsi pu sentir de près les feuilles quelques fois. Mon conjoint a ajouté un cactus de Noël, il y a de cela quelques années, que nous avons installé à côté du draconnier et notre vieux chaton ne s’en est jamais intéressé non plus.

Peut-être aussi s’était-il habitué à avoir accès à une certaine variété de plantes dans l’annexe de son royaume, la cour extérieure, allant de plantes locales à celles que nous avons parfois ajouté, fines herbes, plants de tomates, fleurs annuelles, vivaces, ce qui lui donnait amplement l’opportunité de poursuivre ses recherches en botanique. Les premières années où nous avons tenté de garder des fleurs en pot, après le pavage de la cour, je craignais que Clément tente d’en manger. Toutefois, son intérêt était vraiment purement scientifique. Il se contentait de les observer sous tous leurs angles et de les sentir à l’occasion. Peut-être allait-il de temps à autre jusqu’à mordiller un bout de feuille ou de tige, sans pour autant ingérer quoi que ce soit, du moins, pas avant que nous réussisions à détourner son attention ! Qu’importe, notre petit roi en faire le tour à chacune de ses sorties et je pense qu’il préférait l’annexe de son royaume avec quelques plantes, ornementales ou non, cultivées ou non, que sans. Nous le gardions toujours à l’oeil, surtout que nous changions année après année les variétés, mais nous étions quand même assez détendus à force de le voir interagir avec les différentes espèces végétales sans incident majeur.

Même sans l’intervention de notre petit cha’vant, le taux de succès pour garder ces plantes en vie a été assez faible, je dois admettre. L’année la plus verdoyante qu’il y a eu, nous avions des capucines, des pensées, des bégonias, des pétunias et des fines herbes, qui poussaient bien, mais notre appréciation de ces plantes a été interrompue par la venue des pucerons ailés qui ont semé le désordre et nous a chassé à l’intérieur. La plupart des plantes ont survécu, ce n’était juste pas agréable de sortir et d’être aussitôt assailli par les nuées de pucerons. Ça m’a découragé un peu et j’avoue que j’ai mis moins d’efforts après cet épisode. Par chance pour notre félin botaniste, mon conjoint n’a pas jeté l’éponge et Clément a eu droit à un peu de jolies verdures pour son dernier été dans sa cour ; des sceaux de Salomon, des hostas oreille d’éléphant, de la menthe chocolatée, et peut-être une autre, j’oublie. Ces vivaces semblaient plus adaptées à notre cour qui est ombragée la majorité du temps, plus résistantes. Cependant, j’ai le regret de dire qu’elles n’ont pas survécu à leur hivernage en pot, malgré les précautions prises. J’aurais bien aimé les voir croître à nouveau, durant ce premier été sans Clément. Au moins, je me console en me disant qu’elles ont été présentes quand ça comptait le plus, quand bébé chat était là pour les apprécier.

Malgré les incidents rapportés ayant eu lieu à l’intérieur de son domaine, Clément maintenait une certaine distance objective des fleurs et des plantes contrairement à certains chats de notre connaissance. L’une des cousines de Clément (par lien fraternel humain) était connue pour grimper jusqu’au-dessus du réfrigérateur, ce qu’elle ne faisait pas à aucun autre moment, lorsque des fleurs y étaient posées, surtout des lilas. Son petit nom était Morgane, c’était la chatte de ma mère et de mon beau-père. Elle était environ un an plus jeune que Clément et est partie deux ans avant lui. Morgane était férue de botanique et de gastronomie féline. Visiblement, elle s’intéressait particulièrement à leur valeur gustative. De notre côté, le réfrigérateur était un endroit sécuritaire pour un bouquet de fleurs, nous y avions eu recours quelques fois, quoi que c’était moins sécuritaire pour les humains lorsque le vase était trop proche du bord de la porte, mais ça, c’est tout autre chose, Clément n’a rien eu à voir avec ces quelques incidents. N’empêche qu’un bouquet de fleurs sur le dessus du réfrigérateur, c’est moins agréable que sur la table ou un meuble plus bas où on peut mieux apprécier ses qualités. Mais voilà, vivre avec un cha’vant, c’est accepter de faire certains sacrifices pour faciliter la cohabitation humain-félin.

Morgane avait aussi un intérêt pour le jardinage et, contrairement à notre coquin de rouquin, elle n’avait pas peur de se mettre les pattes dans la terre. Les plantes intérieures de ma mère ont souvent écopé de ses expérimentations dans ce domaine. Bon, vous trouverez peut-être ma démonstration un peu faible, avec seulement deux chats en exemple. Cependant, je suis certaine que si vous y pensez un instant, vous trouverez au moins un exemple d’intérêt félin pour la botanique !

Clément le chat est allongé sur le matelas du lit, la patte avant droite recourbée autour d'une rose en tissu.

24 réponses à « Le botaniste qui sommeille en chaque chat »

  1. En te lisant, je me dis que peut-être Hardy ne déteste pas la végétation mais a un esprit scientifique trop poussé 🙂 Cela expliquerait bien des choses.
    J’adore la troisième photo, on dirait que Clément s’improvise fleuriste. Et la photo dans le jardin où on le voit naseau en l’air ou celle sur sa chaise à l’extérieur sont craquantes avec ce supplément d’âme féline capturée.

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    1. Tout à fait 😉. Il y a des cha’vants qui préfèrent garder une distance objective avec leurs sujets et d’autres qui doivent y mordre à pleine dent 😂.
      Un chat fleuriste, j’aime l’idée ! Tu me fais penser que je devrais revenir sur le sujet de cette chaisd un jour…

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  2. Magnifique…
    Belle nuit Marie-Luce!

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    1. Merci Barbara 😊. Bon week-end 🩷

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  3. Mon chat est effectivement passionné par les plantes, mais son intérêt est plus gastronomique que botanique : j’ai dû mettre ma menthe hors de sa portée pour éviter qu’il ne mange toutes ses feuilles 😁

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    1. Un autre botaniste fin gourmet 😅 ! Il existe apparemment une variété de menthe pour chats. Je ne l’ai jamais fait pousser, mais j’en ai entendu parler.
      Ça me surprend quand même, l’intérêt de ton chat pour la menthe, c’est une plante que Clément évitait complètement !

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      1. Moi aussi, ça m’a beaucoup étonnée, surtout qu’il s’agit, à ma connaissance, de menthe ordinaire 🤔 Je l’ai déjà vu mordiller des herbes, mais là il s’agit véritablement d’une passion… dévorante 😊

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      2. Passion dévorante, c’est le cas de le dire. 😂

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  4. 💓❤️💚💓

    🌹Blessed and Happy afternoon 🌞

    Greetings pk 🌎🇪🇸

    David López

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    1. Thank you ! Have a nice day ☀️🌺

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  5. 😊vu que notre minou vit la majorité de son temps dans la nature , il se désintéresse totalement des plantes à l’intérieur …

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    1. Ah ! Très pratique, c’est vrai que Morgane, contrairement à Clément, n’allais pas à l’extérieur, sauf quand elle réussissait une grande évasion. Peut-être que si elle avait eu droit de sortir p,us souvent, elle aurait laissé les plantes intérieures tranquilles 🙂. Bon week-end, Juliette !

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  6. bonjour, comment vas tu? la plupart de mes chats aimaient les plantes et les fleurs aussi, surtout pour les manger! j’en ai eu un qui m’a croqué mes bonzais. ce qui les a terminé! en tout cas, ça donne de très belles photos! passe un bon jeudi et à bientôt!

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    1. Oh non ! Pas les bonzais 😆. Des botanistes un peu trop enthousiastes.

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      1. haha effectivement!

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  7. Il est beau partout Clément sur toutes ces photos 😻

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    1. Oui, il n’avait pas de mauvais profil 😉. Bon lundi 🩷

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  8. Le mien n’a d’intérêt que pour sa « salade » personnelle, volontairement implantée au jardin pour ses besoins de verdure (et dont il aime bien que je lui rapporte à l’occasion un brin de la rue, plus parfumé). S’il y a un bouquet à la maison il ne reniflera que la fleur susceptible d’avoir été frôlée par un congénère. Par contre je ne sais pas selon quels critères il ira amender une plante plutôt qu’une autre, ce sont les mystères félins ! 😉

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    1. Il a sa salade et ça lui suffit, en général 😉. La Fripouille a aussi beaucoup d’occasion d’observer les plantes, il peut prendre son temps.

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  9. Il y a des chats passionnés des plantes, c’est bien vrai tandis que d’autres n’en font pas de cas du tout. Ceci, d’après mes souvenirs de nos chats du temps … tes photos sont magnifiques, Marie-Luce. Bonne soirée.

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    1. Merci Colette ! Oui, ou ils pratiquent la botanique de façon plus ou moins pratique. Bonne soirée 💙

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  10. Elles sont magnifiques ces photos de Clément, très délicate celle avec le gypsophile si l’on exclu le vase renversé ! J’avoue ne pas l’avoir vu au premier coup doeil.
    Pour ma part, je ne sais si j’ai un chat botaniste, dans tous les cas il adore les plantes et les fleurs … Il les mange !!! La galère !!! Moi qui voulait un chat calme comme feue ma Ondine qui ne m’a jamais rien cassé… C’est raté !!! En même temps, je l’ai appelé Zébulon ! Quelle idée !!! Vous connaissez le « Manège enchanté » au Canada ?
    Bisous ! Bisous !!!

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    1. Merci ! Je ne connaissais pas le nom de ces délicates petites fleurs. 😄
      Ah oui ! Il semble bien porter son nom, Zébulon 😆. Il semble fortement s’appliquer dans l’étude des plantes en tout cas.
      J’ai seulement entendu parler de cette série d’animation récemment. Je ne sais pas si ça a été diffusé ici.

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