Progrès et rechutes : petit bilan des premières semaines de mon deuil

Deuil en cours

Depuis la fin de la première semaine de ma vie sans Clément, je retrouve lentement mon cycle de sommeil régulier, mon appétit est relativement revenu et j’arrive à reprendre certaines de mes activités préférées comme un peu de lecture et quelques bains. Je m’adapte tranquillement à la vie sans mon bébé chat d’amour. Pour m’aider à épancher le trop-plein, je me suis rapidement tournée vers l’écriture et c’est comme ça que l’idée de partager mes écrits m’est venue. Pendant une courte période, j’ai toutefois été tellement occupée à monter le cadre de mon blog, une fois ma décision prise, que j’en ai presque oublié d’écrire ironiquement!

Bien entendu, il n’y a pas que ce projet qui m’a accaparé; je suis de retour au boulot, à mon horaire régulier, après une première semaine qui a été très décalée. Entre le manque de sommeil, d’appétit et les émotions intenses, je me suis absentée de mon travail pour les deux premiers jours pour ensuite effectuer un retour quelque peu progressif en écourtant ma première journée et en faisant plus de télétravail. J’ai tout de même réussi à faire une demi-journée au bureau le vendredi, une première qui était importante et que je suis satisfaite d’avoir pu passer durant la première semaine suivant le décès de Clément! Je pense que cela a facilité mon retour à mon rythme habituel pour la deuxième semaine.

J’aurais sans doute pu prendre plus de temps ; mon énergie physique et émotionnelle était tellement drainée durant les premiers jours. Cependant, je savais bien que trop repousser n’aiderait pas et que je finirais par redouter le retour au travail si je tardais trop. Recommencer à travailler était inévitable, ma nouvelle routine devait commencer un jour ou l’autre.

Une semaine après avoir repris mon horaire, quel est le bilan ? Je ne suis pas trop sûre. Le milieu de la deuxième semaine semblait mieux : meilleure concentration, bien que pas encore optimale; moins de larmes et de pensées sombres; plus de joyeux souvenirs; et asse d’énergie. Puis, jeudi, retour en télétravail et légère rechute. La conseillère avec qui j’ai discuté lundi passé dirait sûrement que c’est le fait d’être dans l’environnement habituel de Clément et ce n’est probablement pas totalement faux. Toutefois, j’ajouterais que lorsque je suis entourée de personnes plus ou moins conscientes du drame que je vis, il m’est aisé de reléguer ce drame en arrière-plan et d’agir comme si ce n’était pas si grave, comme l’autruche qui enfouit sa tête dans le sable!

Ce n’est pas totalement négatif que d’être capable de mettre de côté les émotions intenses pour une certaine période, mais j’ai l’impression que ça peut rapidement devenir un piège. Pour éviter d’y tomber, j’essaie d’introduire dans ma routine en présentiel un petit geste en lien avec mon deuil de Clément. Je n’ai pas trouvé encore le geste approprié, quoi que peut-être qu’une variété de petits gestes conviendra bien. À ce jour, j’ai apporté des photos de Clément avec moi au bureau que je peux regarder quand je veux. Je peux aussi réserver un peu de temps sur mon heure du midi pour composer ou planifier un peu pour le blog, réunir mes pensées et émotions durant le temps que je passe hors de la maison. Le but de cet exercice n’est pas de me surcharger émotionnellement au bureau, juste d’éviter de trop mettre de côté ce que je vis quand je ne suis pas à la maison. Parce que la peine ne s’arrête pas lorsque je traverse le seuil de ma porte, parce que mes doutes, mes regrets et mes joies liés à Clément ne disparaissent pas, bien que les gens autour de moi ne les (re)connaissent pas nécessairement. Surtout, parce qu’ignorer mon deuil ne le chassera pas!

On n’efface pas quinze ans de vie commune juste comme cela, tout comme on ne se remet pas d’un brusque changement dans sa vie après quinze ans bien installés de routine dont cette boule de poil énergique et espiègle faisait intégralement partie. Je sais que Mément me manquera toujours, avec sa fourrure soyeuse et lustrée, son petit nez juste assez humide, ses grands yeux jaune-vert dans lesquels on pouvait se perdre et sa petite langue rose qu’il laissait parfois pendre. Je porte en moi une douleur très lourde, et je la porterai sans doute pour le restant de mon existence. Alors, je dois apprendre à vivre avec, à consolider mon coeur pour pouvoir supporter cette douleur et je pense que, règle générale, je pose les gestes dont j’ai besoin pour traverser ce deuil. Je me permets ainsi de vivre chaque moment, qu’il irradie de joie et de bonheur ou qu’il me submerge de chagrin et d’amertume. J’accepte de sourire et de rire quand cela vient, j’accueille les larmes et les déceptions quand elles surgissent, j’écoute les montées de colère et les frustations lorsqu’elles me transpercent . Je suis dans le présent, avec un bout de pied accroché dans le passé, et un doigt tendu vers l’avenir…

De sorte qu’un jour à la fois, je trace un chemin qui m’éloigne inexorablement de mon Clément vivant, tout en m’assurant de raviver mes souvenirs et mon amour pour lui afin de conserver un peu de sa présence près de moi.

Je me rends bien compte qu’il y a beaucoup plus de publications sur mon processus de deuil que sur Clément pour l’instant. Je pense que vous comprenez que c’est encore tellement vif que c’est principalement ce dont j’ai besoin d’adresser. Néanmoins, j’espère ajouter quelques tranches de Miaougraphie prochainement! En attendant, un petit cliché tellement emblématique de cet éternel chaton (il avait presque cinq ans à l’époque)!

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