Deuil en cours, accompagné de quelques miettes de tranche de Miaougraphie
Vivre un deuil vient avec son lot de petites et grandes étapes à franchir. J’en ai décrit quelques-uns dans mes publications précédentes, mais il y a en un geste qui fut un de mes premiers et que je n’ai pourtant pas encore abordé. Clément avait des bols d’eau dans plusieurs pièces, l’appartement étant assez grand pour que cela vaille la peine d’en laisser traîner à l’année dans au moins trois pièces. Comme il en avait plusieurs, je les ai vidés et nettoyés sur plusieurs jours. Le processus a commencé le soir même du jour de sa mort et s’est poursuivi jusqu’à la fin de semaine passée, donc près de deux semaines après.
Pour mettre en contexte la suite, je reviendrai sur un événement qui a marqué la dernière fin de semaine que notre chat a passé avec nous. Une vague de froid intense nous tenaillait depuis quelques jours et l’eau a fini par geler quelque part dans les tuyaux. De sorte que nous avons passé quelques jours sans eau courante, du samedi aux petites heures de mardi. En mode économie d’eau, je n’avais pas arrosé les quelques plantes que nous avons à l’intérieur. Ainsi m’est venu l’idée d’utiliser l’eau des bols de Clément pour hydrater les boutures de menthe chocolatée et le cactus de Noël. La symbolique du geste ne m’a pas échappé ; il y a une poésie apaisante sous-jacente à nourrir la vie avec l’eau que mon chat décédé n’a pas bu. Je pense qu’il aurait apprécié, lui qui aimait tant les plantes et la verdure comme bien des chats. Quand on y pense, pour des carnivores, nos petits félins domestiques sont drôlement intrigués par les plantes vertes…


Dans une période de mon deuil où rien ne semblait avoir du sens, trouver une signification dans une action aussi simple que déverser le contenu de ses bols d’eau a revêtu une grande importance. Depuis, mes boutures ont eu une belle poussée de nouvelles tiges et le cactus de Noël connaît une deuxième floraison. Cela est peut-être plus dû aux heures d’ensoleillement qui augmentent et l’angle du soleil apportant plus de luminosité, mais j’aime à penser que l’eau de Clément y est pour quelque chose. Ce geste d’une échelle si anodine m’a poussé à me tourner vers l’avenir, un tant soit peu, sans pour autant dissiper la nostalgie. Surtout que cela m’a rappelé les premières années de Clément qui a été un chat difficile à garder hydraté, jeune.
En fait, il ne buvait pas d’eau chaton. Nous lui avions rempli un bol et il n’en buvait pas…mais nous étions en décembre, le sapin de Noël était arrivé avant Clément, et bébé chat trouvait l’eau du sapin bien plus alléchante. Le sapin est supposément quelque peu toxique pour les chats, chose que j’ignorais à l’époque, mais de toute façon, il ne l’a pas fait plus que quelques fois dans ses premières années de vie et ça ne semble pas l’avoir empêché de vivre une longue vie de pacha… En plus de l’eau du sapin, il buvait dans nos verres et nos tasses que nous laissions traîner. Alors, nous avons eu l’idée de lui acheter un verre, un peu haut, assez large. Croyez-le ou non, cela a fonctionné, bien que cela ne l’empêchait de tremper son museau ou sa patte dans nos verres d’eau quand il en avait la chance… et quand le verre était trop vide, de le renverser pour mieux pouvoir lécher d’eau du plancher!!
Que de petits et moyens dégâts d’eau nous avons épongés à cause de notre bestiole démoniaque. Jusqu’à ce que je commence à utiliser une bouteille d’aluminium… Ah ah, déjoué cher petit vilain de nos coeurs! Du moins, pensais-je au début, car j’avais quand même la mauvaise habitude de ne pas toujours revisser le bouton complètement et que Clément trouvait parfois encore l’occasion d’arroser le plancher. J’en étais venue à penser que c’était sa façon de nous dire qu’il trouvait le plancher un peu trop sale pour ses pattes délicates…

N’empêche, j’ai sacré plusieurs fois à cause de ces renversements de situation! Autrement, nous n’avons pas eu le chat le plus difficile à vivre avec. Il n’a certainement ni été le chat le plus joueur de mauvais tour, ni le plus destructeur. Entre autres, il n’a jamais grimpé dans le sapin, tout juste décroché les décorations les plus basses et déballé une couple de cadeaux, du moins, l’a-t-il tenté. Sinon, il débordait d’énergie et ne contrôlait pas toujours sa vitesse et ses virages, ou même ses bonds. Je pense que nous avons su lui offrir un environnement dans lequel il pouvait lâcher son fou suffisamment en sécurité et nous avons su limiter les risques de gros incidents. Plus le fait qu’il n’était pas très agile nous permettait d’avoir des objets fragiles et délicats hors de sa portée.
Quand même, pour un chat avec des griffes et des canines bien acérées, il aurait pu faire des ravages dans ce qui était à sa hauteur. Au final, il en a fait, mais pas tant. Nous étions gâtés avec notre Clément. Il était un excellent compagnon, ô combien attachant, tout simplement un très digne représentant de la noble lignée des félins! Tout simplement Clément.




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