L’évolution de Clément en kaléidoscope

Tranche de Miaougraphie, avec des miettes de deuil en cours

Je me rends compte que je me souviens mieux des traits de personnalité de mon beau Clément que de moments précis du quotidien passés avec lui. Ainsi, je me rappelle facilement de comment il interagissait avec nous, ses humains, et son environnement. Toutefois, je dois déployer un peu plus d’efforts pour évoquer des épisodes singuliers, exception faite des événements plus marquants de notre cohabitation avec notre boule de poils adorée. Alors, comme ça vient plus aisément, j’esquisse ci-dessous un portrait en quelques motifs des transformations de notre chaton au fil des années.

Bébé chat au tout début de la cohabitation attaquait sans relâche la décoration de ma bibliothèque pendant que j’étudiais pour les examens de fin de session (j’avais collé des étiquettes de bouteilles de Jones Soda pour former une genre de mosaïque). Il avait bien compris, le rusé, que cela attirait mon attention et que j’intervenais à chaque fois. Au début, j’ai essayé le vaporisateur d’eau et les bruits forts pour l’en dissuader, mais ça ne fonctionnait pas. Alors, j’ai tenté l’ignorance et il a fini par s’en désintéresser… du moins, assez pour que j’arrive à me concentrer sur ma fin de session.

Jeune chaton Clément fixant l'objectif, assis sur le futon à gauche de mon ordinateur portable. En avant-plan, une partie d'un article académique sur mes genoux comme j'étudie pour ma fin de session.
Tout bébé Clément qui ne veut pas me laisser étudier tranquille.

Chaton, Clément était très prenant, il voulait beaucoup d’attention et de jeux. Je dois admettre que je n’étais pas dans la meilleure place dans ma vie pour lui offrir ce qu’il voulait, mais il m’offrait à sa façon ce dont j’avais besoin : de la compagnie, de la distraction, une responsabilité que je pouvais tenir. Vers cinq ans, je dirais que c’est l’âge vers lequel il a commencé à s’assagir grandement, à dormir plus longtemps et à être un peu moins demandant, car il avait trouvé d’autres façons d’obtenir l’attention dont il avait besoin. Il est demeuré un félin assez exigeant, mais simple à contenter.

C’était un chat qui, pour les premières années de son existence, n’aimait pas être flatté, ou plutôt, oui, il aimait cela comme un jeu d’ »attrape la main qui flatte »… Il n’aimait pas non plus être serré dans nos bras et gigotait jusqu’à ce que nous le déposions ou qu’il arrive à sauter de nos bras. Encore là, il avait drôlement changé en vieillissant, pour plus de dix ans, nous étions capable de le tenir dans nos bras plusieurs minutes et de plusieurs façons. Clément sur le dos comme le bébé chat qu’il était ; tenu sous les pattes avant, les deux pattes arrières bien étirées ; sur notre épaule tenu d’une ou deux mains ; couché sur nos bras… De plus, il recherchait les caresses et les câlins en grandissant. Nous sommes ainsi passés d’un chat affectueux, mais pas colleux, à un adorable pot de colle ayant tout de même conservé son goût pour l’indépendance. Charmant mélange!

Clément le chat couché sur la main de son humaine, dépasse en avant-plan le coin du carnet dans lequel j'étais en train d'écrire avant de prendre une pause-photo.
Je tiens Clément le chat d'un bras à travers son corps étiré. Il a les pattes avant recroquevillés, et arrières étirés, le corps de travers.

Clément ne contrôlait pas très bien ses griffes bébé et adolescent. Peut-être parce qu’il n’avait pas eu de modèle-chat à l’âge où il devait développer ces réflexes-là. Il sortait ses griffes pour un rien et se les prenait un peu partout tout en arrivant pas à les rentrer pour se déprendre. Cependant, il a appris par lui-même et était beaucoup moins dangereux dans ses dernières années que plus jeune, bien qu’il nous marquait encore de temps à autre de sa griffe bien à lui. J’ai dit à mon conjoint, au tout début de notre deuil, qu’il était chanceux parce que Clément l’avait griffé ou mordu récemment avant son décès. J’aurais aimé recevoir une marque sur ma peau dans ses dernières semaines de vie, au moins pour pouvoir la sentir sur ma peau quelques temps. N’empêche que j’en ai eu des tas sur quinze années, plus ou moins profondes, plus ou moins douloureuses, plus ou moins méritées. Je ne peux pas lui en vouloir pour plusieurs. Après tout, je ne pouvais pas toujours comprendre ses limites et sa façon d’exprimer son mécontement ou son envie de jouer passait principalement par les coups de griffes et de dents, ainsi que les miaulements.

Les miaulements sont une autre chose qui avait fortement changé entre son enfance et l’âge adulte. Bébé chat ne miaulait presque pas chaton, ça en était déconcertant! D’un autre côté, je n’ai pas l’impression d’avoir fortement dérangé nos voisins de l’époque, grâce au fait qu’il était presque muet. En vieillissant, il a découvert que c’était une façon comme une autre de s’exprimer et miaulait beaucoup plus. Au moins, Clément avait une belle voix, très chat, pas très agaçante. Il pouvait miauler assez fort, toutefois, en général, il maintenait son timbre à un niveau raisonnable. Je ne sais pas si j’ai un enregistrement de ses miaulements ; une de ces choses auxquelles on ne pense pas jusqu’à ce qu’on y ait plus accès… Néanmoins, ils ont résonné si souvent à travers la maison que j’ai l’impression que leurs échos retentissent encore, pas très loin.

Clément miaulait devant le réfrigérateur quand nous étions dans la cuisine pour avoir un peu de lait ou sachant qu’une canne de thon ouverte avec son nom d’écrit dessus l’y attendait. Il miaulait devant la porte arrière pour pouvoir sortir dans la cour, et ce, dès les premiers rayons de soleil printaniers, même si la neige n’avait pas eu le temps de fondre encore! Il miaulait quand sa gamelle était trop vide à son goût. Il miaulait à la porte avant quand nous la déverrouillions lors de notre retour après une absence plus ou moins prolongée. Il miaulait quand on écrasait ou passait proche d’écraser une patte ou un bout de sa queue. Il miaulait quand il cherchait l’un de nous lorsque mon conjoint ou moi était à l’extérieur de la ville pour quelques jours. Il miaulait parfois en entendant le son de ma voix, même à l’autre bout du téléphone. Il miaulait et lorsque je savais que je ne pouvais combler le besoin qu’il demandait, parce que son bol était à moitié plein, parce qu’il avait eu un peu de lait hier, parce qu’il ne pouvait sortir dehors déjà, parce que mon conjoint était absent, je miaulais en réponse… Miaou!

En quinze ans, nous en avons vécu des choses avec notre beau Mément et l’avons vu évolué grandement. C’était un chat routinier, mais aux habitudes changeantes – l’endroit où il dormait, ses jeux favoris, son grattoir du moment, son compagnon peluche de choix, etc. variait régulièrement et il n’avait pas de rotation particulière. Il n’aimait pas vraiment les changements et pourtant, il s’adaptait rapidement. Il m’arrive encore d’imaginer quelle serait sa réaction devant tel ou tel événement survenu depuis son décès. Je le connais si bien, c’est facile de penser qu’il aurait aimé telle chose, aurait été effrayé par tel bruit, aurait sauté sur telle opportunité. Pourtant, notre vieux chaton savait encore nous étonner!

La vie de Clément a été somme toute assez calme et peu mouvementé, parsemée de prouesses plutôt modestes, de mauvais coups peu spectaculaires et d’instants douillets pas particulièrement instagrammable. Après tout, il n’était ni le plus athlétique, ni le plus coquin, ni le plus étrange des félins domestiques. Mais pour moi, il était le plus adorable par sa simplicité, son authenticité et son admirable capacité à aimer !

Clément le chat couché, face tourné vers le mur, au sommet du matelas du lit à la verticale adossé contre le mur. Il l'avait escaladé tout seul.

Je l’aime très très fort et il me manque très très énormément. Au moins, j’ai sous la main tout pleins de souvenirs et d’images de son joli minois pour réchauffer mon coeur. Pour l’instant, ça me paraît encore bien peu, néanmoins, j’essaie de réapprendre à les apprécier comme c’est tout ce qu’il me reste de mon Mément.

2 réponses à « L’évolution de Clément en kaléidoscope »

  1. […] sur sa jeunesse, comme j’en ai peu traité jusqu’à maintenant, à peine ici et là, au passage. Alors, décision prise, ça a rétréci le choix pour la prochaine photo à reproduire […]

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