Un royaume de carton pour un rouquin de roi

Tranche de Miaougraphie

Comme bien des chats, Clément adorait les boîtes de carton, montées ou défaites. Il avait de la chance, il est arrivé entre deux déménagements, des boîtes il y en avait et il y en a eu encore par la suite. Il y a bien eu un intervalle, une fois notre dernier déménagement passé, où le carton se faisait plus rare et il devait se contenter des sacs que nous laissions à sa portée… Honnêtement, ça m’a toujours moins stressée quand il jouait dans les boîtes de carton que les sacs… Avec les sacs, ce n’était pas toujours très sécuritaire ; il s’est pris la tête dans la sangle d’un sac plus d’une fois. Alors, nous ne les laissions pas traîner. Pour le carton, c’était une autre histoire. Certaines boîtes qu’il affectionnait particulièrement sont restés sortis pendant des semaines, voire quelques mois. Oui, oui, vous avez bien lu, des mois, car voyez-vous, Clément ne mangeait pas le carton, contrairement à plusieurs de ses congénères. Du moins, si peu et si rarement que nous pouvions conserver les boîtes de carton longtemps en état même lorsqu’elles étaient accessibles à notre petit félin préféré. Généralement, quand je disposais d’une boîte, c’était soit pour la ranger, démontée ou non, soit pour la mettre au recyclage si je n’en avais que faire ou soit pour l’utiliser à d’autres fins que comme lit ou cabane de chat. Et je n’en disposais que lorsque j’étais suffisamment sûre que Clément avait passé à un autre nid de prédilection, à l’exception de boîtes plus encombrantes que je pouvais parfois ranger ou jeter avant que Clément s’en tanne. Notre appartement est assez grand, mais il y a des limites quand même !

Ainsi, Clément avait fréquemment une boîte à sa disposition pour s’y prélasser ou un bout de carton défait comme tapis pour ses fesses. Il aimait s’y reposer, tout comme s’en servir de base de jeu. Parfois, il sautait dans et hors de la boîte, avec ou sans jouet. D’autres fois, le jeu impliquait un de ses humains. Nous abaissions le rabat de la boîte pendant qu’il était à l’intérieur, il rispotait avec ses pattes griffues. Nous le transportions dans la boîte d’une pièce à l’autre et il tentait d’attraper nos mains, surtout si la boîte avait des poignées par lesquelles ses pattes pouvaient se glisser. Nous le faisions glisser sur le sol dans la boîte, tel un traîneau, d’un bout à l’autre de l’appartement, ce qui l’enchantait ou l’énervait, selon son humeur du moment. Nous lancions un jouet dans sa boîte et il y sautait, ou hors de sa boîte pour que chaton bondisse de son nid cartonné à sa poursuite.

Je lui aurais bien acheté un beau lit pour chat, mais je ne sais pas s’il aurait aimé autant que ces boîtes cartonnées génériques qu’il appréciait tant. Peut-être si le flux de nouveaux arrivages avait diminué, il aurait considéré. Cependant, dans les dernières années, j’ai commandé plus fréquemment en ligne et bébé chat avait donc l’embarras du choix pour édifier son royaume. En plus, il adorait participer à l’ouverture des colis, quoi que par moment, sa version d’ouvrir un colis était de se coucher sur la boîte avant que je n’aie pu l’ouvrir ! J’ai des souvenirs très doux de ces unboxings en compagnie de Clément. Je sortais un livre de la boîte et puis je sortais Clément de la boîte pour sortir un autre livre. Puis, je sortais chaton à nouveau, et ainsi de suite. Disons simplement que ce n’est plus pareil recevoir des colis depuis qu’il n’est plus.

Comme bien des chats, il « essayait » également toutes les boîtes, sans égard pour le format ! Parfois, il restait pris au piège quelques instants dans une traîtresse de boîte trop étroite. Qu’il nous a tant amusé, ce cher matou ! D’autres fois, c’était moi qui installait Mément dans la boîte préalablement vidée, surtout lorsque je le voyais s’y intéresser, mais qu’il n’était pas capable de facilement s’y glisser. Habituellement, c’était les surdimensionnées qui lui donnait du fil à retordre. Il essayait de les renverser, alors, il valait mieux que j’intervienne pour éviter les accidents. Ça me rappelle quand j’ai monté ma nouvelle chaise de bureau à la fin de l’année 2022. J’étais occupée à l’assembler quand j’ai remarqué mon curieux félin rôdant autour de l’énorme boîte vide de toutes les pièces. J’ai soulevé mon vieux chaton et l’ai déposé dedans. Il a ainsi pu inspecter son intérieur avant que je la range. La boîte était beaucoup trop grosse pour que je la laisse sortie, même si Clément aurait probablement adoré y établir son QG pour un temps. Il a dû se contenter de la boîte plus modeste qui était déjà à sa disposition. Celle-ci avait de longs rabats qui formait un toit pentu. Ainsi, la dernière boîte de son royaume formait comme une tente dans laquelle il pouvait se terrer tout en surveillant la porte d’entrée.

Son respect pour les boîtes de carton qui peuplaient par moment son environnement me rappelle qu’il n’était pas un animal très vorace et destructeur. Cela ne vaut pas dire que bébé chat n’a rien abîmé pour autant, oh non ! Il a brisé certains sacs réutilisables, du genre plastifié, dont un que j’avais ramené en souvenir d’un voyage peu avant qu’il n’y fasse un bon trou de dents, et des sacs cadeaux que je comptais réutilisés. Il a mâchouillé bien du papier, bien que si le papier était bien couché sur une surface, sans dépasser les bords de la surface sur laquelle il repose, Mément n’avait pas tendance à l’attaquer. Une chance, parce que j’aurais eu plus de difficultés à cohabiter avec lui s’il avait mangé le papier à tort et à travers, moi qui laisse constamment traîné des feuilles de papier libres, des carnets et des livres un peu partout dans la maison ! En fait, s’il s’en prenait au papier, c’était seulement pour attirer l’attention, ainsi, le coin d’une feuille le rassassiait amplement…

Sacré Clément ! Le pire, cependant, c’était sa grande affection pour les matériaux d’emballage style en polystyrène et autres mousses plasfifiées du genre… Et ça, c’était quelque chose qu’il fallait surveiller parce qu’il en aurait gobé sans surveillance. En fait, c’est certain qu’il en a avalé quelques morceaux au fil du temps. Au moins, nous l’avons limité le plus possible en éloignant de sa portée tout matériel du genre et en le jetant dans une poubelle qu’il ne pouvait renverser… c’était le type d’article pour lequel Clément était prêt à déployer un certain effort pour les atteindre.

Un exemple est survenu dans ses dernières semaines de vie… J’avais placé un morceau de polystyrène sur une haute pile de livres, loin de son atteinte, depuis un moment. J’avais même oublié que ce morceau était là. Comme son équilibre était un peu précaire, le morceau est tombé sur le sol et je ne m’en suis pas aperçue. Une journée où mon conjoint et moi étions tout deux dans la maison, nous avons commencé à entendre des bruits étranges qui venaient du bureau bleu où je m’installe pour télétravailler. Je n’étais pas inquiète, mais devant leur constance, j’ai décidé d’investiguer… Ah la la! J’ai surpris un vieux chaton qui se donnait à cœur joie de mordre et de griffer le morceau tombé sur le plancher. Les dommages ont donc été limités à quelques marques et il n’a pas eu le temps d’en avaler… J’ai retrouvé ce morceau il y a peu. Je ne l’avais pas encore jeté. Ça m’a ému de trouver ses petites marques de dents et de griffes au point où je ne veux pas m’en départir immédiatement, un jour oui, mais pour l’instant, c’est une petite trace de plus de son passage dans nos vies.

Voilà pourquoi il était primordial de s’assurer de bien vider les boîtes avant de laisser Clément y établir son trône du moment ! Il fallait toujours être vigilant, même quinze ans après sa venue au monde. J’espère que Clément a apprécié autant que je pense qu’il l’a apprécié l’environnement que nous lui avons fourni, surtout pour ses douze dernières années de vie. Il avait de l’espace pour courir à l’intérieur, de nombreuses pièces à occuper, une cour où fôlatrer durant les belles saisons et des boîtes bien souvent à la tonne !

Une réponse à « Un royaume de carton pour un rouquin de roi »

  1. […] des assez nombreuses photos que j’ai de Clément dans un sac. Au sujet des sacs, comme pour les boîtes dont je vous ai déjà parlé, il était typiquement chat, c’est-à-dire absolument, follement fasciné par les sacs en […]

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