Miaougraphie de Clément

Deuil en cours
Une brèche s’est ouverte l’autre jour. Tout cela, simplement en ouvrant pour la première fois en presque trois mois le contenant de plastique dans lequel on conservait les croquettes de Clément. Il faut mentionner que ce geste a été posé dans le but de jeter ce qui restait dedans… Comme je me sentais plus stable et plus calme dernièrement, je m’attendais pas à ce que cela me secoue autant. Et pourtant, quelques heures après l’avoir fait, j’en étais encore toute chamboulée. Est-ce dû au fait que reconstituer l’histoire de bébé chat à travers mots et images lui redonne vie dans mes pensées à tel point que j’arrive à faire abstraction de son absence physique ? Ainsi, poser ce geste si usuel du quotidien qu’était ouvrir le contenant de nourriture de notre vieux chaton représente un rappel brutal qu’il est mort et incinéré…Quoi qu’il faut que je considère aussi le fait que je n’ai pas pris d’action importante dans la semaine suivant mon retour de vacances et que cette étape franchie revêt alors un caractère plus solemnel et lourd. Néanmoins, il reste encore à nettoyer le contenant et la tasse à mesurer qui servait à servir les portions de Clément et à décider de leur usage pour le futur proche.

Ça m’amène à considérer quoi jeter ? Quoi conserver, hors de vue ? Quoi conserver près du coeur ? Quoi donner ? Pour certains objets liés à la vie de notre cher compagnon à fourrure, le choix est déjà fait, mais pour d’autres, leur sort demeure à statuer.

Le contenant de la litière et la pelle qui servait à la nettoyer ont été jetés durant la semaine suivant le décès de Clément. En fait, dans cette instance, le choix s’est imposé un peu de lui-même. En ayant commencé le nettoyage final de la litière de mon beau rouquin, la pelle de plastique que nous avions depuis de nombreuses années a juste brisé, écorchant au passage mon petit coeur à vif. Non mais quel timing quand même ! Comme j’avais à peine entamé les blocs de litière agglomérée, je me suis dit « tant pis », tout est parti aux poubelles direct !! Ce n’était pas mon intention, vraiment ; j’hésitais entre conserver la litière pour un peut-être plus tard ou la donner, comme elle était relativement neuve, bien que le couvercle était un peu abîmé, ce qui la rendait moins pratique. Cependant, je n’allais pas acheter une nouvelle pelle pour vider une dernière fois la litière. Et les blocs étaient tellement pris que je ne pouvais facilement improviser quelque chose. Puis, je n’avais juste pas la tête à me compliquer la vie, j’avoue que j’ai opté pour la solution facile.

Sinon, dans les bols utilisés pour l’eau de Clément, certains étaient réutilisés de contenant de yogourt et je les ai juste mis au recyclage. Les autres ont été nettoyés soigneusement et rangés hors de vue, pour laisser le temps faire son effet et amoindrir le chagrin qui pourrait accompagner leur utilisation autrement. Sa gamelle n’a pas été nettoyée, bien que les croquettes qui y traînaient ont été jetées il y a plus d’un mois. Cette gamelle est « venue » avec le chat. Dans le sens où c’est ma grande soeur qui l’a apporté parmi les maigres effets que Clément « possédait » en tant que tout jeune chaton. Difficile d’imaginer l’utiliser pour un autre animal, même dans un futur lointain. La donner en la laissant sur le bord du chemin sera probablement l’avenue empruntée, mais c’est à voir aussi avec mon conjoint.

Les jouets de Clément, c’est plus mitigé. Le sort de certains ne fait pas de doute, comme Paula l’ourse polaire en peluche qui restera une occupante du foyer. Pour d’autres, c’est plus flou, comme les multiples balles bondissantes, les lacets, le petit raton à queue touffue et l’oiseau recouvert de fausses plumes qui faisait cui-cui jusqu’à récemment… Je ne pense pas que ce soit nécessaire ou sain d’absolument tout conserver, mais je ne suis pas pressée de faire le tri! En vérité, je n’ai pas encore ramassé tous ses jouets. J’ai commencé à en regrouper dans une boîte, loin des regards, et j’y ajoute de temps en temps un autre rescapé ou égaré. Un jour, nous y jetterons un oeil, mon conjoint et moi, pour vérifier ce qui reste, ce qui sort, ce qui pourrait être donné. Ce n’est pas pour tout de suite.

Dans les accessoires et parures de Clément, j’ai trouvé les deux cravates quasi-identiques de Clément et je pense bien qu’elles seront conservées précieusement, avec son dernier collier et ses médailles. Si je trouve ses anciens colliers, ils les rejoindront. Il reste un collier que nous avions acheté en même temps que le collier renard, mais que Clément n’a jamais porté, ainsi que la laisse et le harnais que nous avons très peu utilisé. Des intéressés dans les gens du Québec ? Ces objets ne seront pas conservés. La brosse et le coupe-griffe dont nous avions abandonné l’usage il y a longtemps, hmm, probablement un don, mais ça reste à voir avec mon conjoint. Tout récemment, je suis « tombée » sur le noeud papillon que mon conjoint avait acheté pour notre vieux chaton. En fait, j’ai renversé un petit bac plein à craquer et en ramassant le dégât, j’ai retrouvé cette petite parure. Je me suis rendue compte qu’il y avait une autre raison pour laquelle Clément n’a pas reporté ce noeud papillon : l’une des attaches qui permettait de l’arrimer au collier était brisée ! Il y a encore des petits poils roux fermement agrippés dans les replis du noeud papillon. Je pense bien que le noeud papillon rejoindra les cravates, collier et médailles dans la pile « À conserver »…

Le petit tapis rouge usé à la corde qui décorait le coin bouffe de Clément a été conservé pour l’instant, mais le tapis de la litière que nous avions depuis qu’il était chaton a été jeté. J’étais personnellement partagé entre jeter le premier, tellement il est en mauvais état (le dessus n’est pas si pire, mais la surface anti-dérapante dessous est totalement détruite), et le ranger quelque part, mais mon conjoint a usé d’un droit de véto pour le conserver dans la salle à manger. Je m’y suis habituée, toutefois, je vais peut-être le ramener dans la discussion d’ici quelque temps…

Nous pourrions bien sûr prendre en photo plusieurs des objets de bébé chat et se débarasser de tout ou presque… C’est une solution bien à la mode dans les trucs de rangement. Cependant, les images, ça ne conserve pas la texture, le volume, l’odeur des choses et, je ne peux dire pour vous, mais pour moi, ma mémoire n’est pas que visuelle. Elle est tactile. Elle est gustave. Elle est auditive ! Elle est olfactive ! Pour certains objets, une photo pourrait tout de même suffire, juste pas pour tout, même possiblement, pas pour la majorité. À voir quand nous serons rendus à cette étape…