Miaougraphie de Clément

Miaougraphie dessinée
Après quoi, sept publications de Miaougraphies dessinées où je parle de vouloir mettre en couleur mon Clément chéri dans au moins la moitié de celles-ci, j’ai enfin fait le saut ! J’évitais la couleur jusqu’à maintenant parce que je suis moins à l’aise avec la couleur qu’avec les tonalités de gris et qu’à l’heure où j’ai tendance à dessiner, en fin de soirée, j’ai moins le goût d’explorer et plus envie de travailler à partir de matières familières. En même temps, il y avait peut-être un peu une question de mon état d’esprit. Dans les creux du deuil, les tonalités de gris détonent moins avec mes émotions que les autres couleurs, sans doute. Néanmoins, j’avoue qu’il y avait aussi une question de sélection du médium. J’avais sous la main différents médiums qui me paraissaient assez accessibles, incluant des types variés de crayons feutres, des crayons graphites colorés, des stylos en plus de la possibilité de coloriser numériquement, ainsi que des médiums « moins » accessibles pour moi, bien que pas inconnus, comme des pastels gras, de la sanguine, et mêmes des fonds de peinture acrylique… J’avais l’embarras du choix, mais ne savais pas trop par où commencer, quoi essayer en premier. J’avais bien considéré y aller au plus simple, avec carrément des crayons graphites (de bois) ou même de cire, toutefois, ça ne me motivait pas plus qu’il ne fallait.

Puis, un jour de juin, j’ai remarqué le sachet dans lequel je conserve quelques craies colorées pour ardoise qui traînait sur le sol. Ça m’a fait penser à un conseil de Christine, de l’Atelier de peinture de Christine, qui parlait de gouache comme un médium tout aussi valable que l’acrylique pour s’exprimer créativement. Oui, de la craie, ce n’est pas de la gouache, mais c’est un médium brut, souvent cantonné aux gribouillages enfantins. Et je me suis dit, pourquoi pas ? Qui plus est, je dispose d’un grand tableau que quelqu’un avait enduit de peinture-ardoise et que mon conjoint avait récupéré sur le bord de la rue il y a plusieurs années déjà. Je ne m’en servais pas vraiment dernièrement. Je pourrais ainsi utiliser cette surface et mes craies pour tracer les traits de bébé chat en couleur pour la pemière fois. L’idée me plaisait beaucoup et quelques jours après, je me suis lancée. Ce qui est agréable avec la craie, c’est qu’on peut assez facilement atténuer un mauvais choix de couleur, un trait trop long. Il est également aisé de superposer les couleurs, malgré qu’il soit difficile de contrôler la tonalité et la saturation. Surtout, cela permet de rapidement esquisser un grand portrait. Pour environ le même temps moyen que je passe sur un de mes crayonnés environ quatre fois plus petit en taille, j’avais tracé les grandes surfaces et la base des motifs de Clément sur le tableau noir.

J’aime bien mon premier résultat même avec ses petits défauts. Je me suis servie d’une image de référence comme pour mes crayonnés précédents, mais vu le format et surtout le médium choisi, j’ai laissé le geste prendre le dessus un peu plus et je n’ai pas cherché à seulement me conformer à l’image, me laissant guider par ma main autant que par ma compréhension de la physionomie de mon vieux chaton nourrie de ma vingtaine d’esquisses et de la multitudes d’heures que j’ai passé à l’observer du temps de son vivant. Avec la craie et le format plus grand, j’ai pu laisser le geste m’emporter un peu plus, sans avoir besoin d’énormément de matières pour couvrir une large surface des couleurs brunes-orangées-jaunes de bébé chat. J’avais décidé d’utiliser la surface sans la nettoyer, gardant le fond de traces de craie effacé et de mots s’étant quelque peu effrité depuis leur inscription. Je regrette un peu, simplement parce que je n’avais pas considéré l’usage du fond noir dans la composition. J’aurais dû penser à laisser des zones noires pour limiter le plus pâle ou le plus foncé dans les motifs de notre petit roi. Comme tel, j’ai essayé de retravailler cela, de faire apparaître du fond noir du tableau en effaçant et nettoyant avec de l’eau parcimonieusement, mais comme la surface dessous n’était pas très propre en partant, cela a créé un flou à la place.

Tant pis, cela n’empêche pas que j’ai maintenant une grande version de mon vieux chaton qui veille sur moi et dans lequel je peux me perdre dans la contemplation de ses grands yeux mi-clos tracés à coup de craie. J’ai réalisé ce portrait dans la yellow room, anciennement notre tannière à Clément et moi, et il y a trôné pour quelques temps. Là, il est dans mon bureau-bibliothèque et m’observe pendant que je tape et édite ce texte. Avant cela, pour essayer d’avoir une photo qui rend justice aux couleurs, j’ai traîné le tableau dans la cour. J’avais l’impression de sortir Clément dans la cour à nouveau, comme nous avions l’habitude de le faire durant la belle saison… Pendant un bref moment, la cour royale était de retour. Malheureusement, j’ai sous-estimé un peu trop la quantité de lumière et le résultat de la photo est légèrement surexposé. D’ailleurs, je considère répéter l’expérience de la craie sur une surface plus éphèmère et beaucoup plus grande…. l’asphalte de la cour ! Je le conçois comme une façon comme une autre de réapprovisoiser cet espace fortement marqué par l’absence de Clément tout en m’exercant à souligner sa présence rouquine. J’en ai déjà discuté avec mon conjoint, pas que je voulais sa permission pour m’exécuter. Juste que selon sa préférence, j’adapterais ma pratique à dessiner puis effacer aussitôt s’il n’était pas à l’aise à admirer les traits de Clément en couleur sur le sol de notre cour. Il a accueilli mon idée avec bienveillance. Ainsi, quelques empreintes dessinées de Clément devraient pousser dans les prochaines semaines dans la cour, selon la température et mes envies. Leur durée dépendra en grande partie aussi de la température…

Pour le tableau noir, je l’aime tellement que je ne risque pas de l’effacer de si tôt pour en tracer un nouveau, quoi que je vais peut-être le retoucher ici ou là. D’ailleurs, les trois versions présentés ci-contre ont toute connu quelques altérations de l’une à l’autre. Elles sont présentées dans l’ordre, la première version en premier, la version presque finale en deuxième et la plus récente version, légèrement retouchée ci-dessous. Il faut juste que je me retienne de trop le flatter pour ne pas trop l’endommager, bien que l’envie soit parfois très forte. Néanmoins, les retouches mentionnées entre la première et la dernière version ne sont pas dues à des caresses répétées.