Clément en plein été (Les saisons de Clément – partie 2)

Tranche de Miaougraphie
Clément sentait d’abord l’approche de la saison estivale par les heures et l’angle d’ensoleillement qui changeaient, le motivant à passer plus de temps aux fenêtres, à défaut de pouvoir sortir aussi souvent qu’il voulait dans l’annexe de son territoire habituel, alias la cour extérieure. L’un des signaux définitifs pour lui que l’été était arrivé, c’était le moment où mes pieds et mes chevilles se dénudaient régulièrement. Presque chaque année, c’était un rituel. La chaleur débarquait et je délaissais pantoufle et bas, et sortait les robes plus ou moins longues, et Clément se lançait à l’attaque de mes pieds et de mes mollets, toutes griffes et dents dehors. De façon générale, je m’en sortais avec peu d’égratignures, mais parfois, je devais courir me mettre à l’abri le temps qu’il se calme un peu, tellement il était insistant et persistant. Bref, une chance qu’il s’habituait à la longue et cessait de m’attaquer pour un rien, parce que j’aurais trouvé l’été long sinon.

Je n’ai réalisé que quelques années avant sa mort que s’attaquer à mes pieds était sans doute une façon pour Clément d’exprimer son besoin d’attention et de jouer. En brandissant un lacet avec ou sans un de ses jouets attachés au bout dés qu’il s’intéressait à mes pieds de trop près, je réussissais à le déjouer et le distraire autrement. J’aurais dû y penser bien avant ! Néanmoins, le besoin d’une solution n’était pas tellement fort puisqu’il adoptait ce comportement pour quelques jours, voire une couple de semaines tout au plus. Sinon, les seules fois où bébé chat attaquait mes pieds, pantoufles, pas pantoufles, c’était quand j’arpentais l’appartement d’un bout à l’autre pendant plusieurs minutes, ce que je fais régulièrement lorsque je suis au téléphone. Je n’ai jamais su si c’était parce que mes laps intérieurs l’énervaient ou s’il cherchait juste de l’attention. N’empêche que c’était étrange de revêtir mes premières robes de la saison cette année et de ne pas avoir de félin qui m’énerve le poil des jambes.

Clément le chat étendu sur le dos, les quatre pattes en l'air, la bouche mi-ouvert.

L’été, Clément avait deux modes : le mode actif où il observait, explorait, folâtrait partout où il pouvait se rendre ; et le mode passif où il faisait la sieste de longues heures, attendant le rafraîchissement des températures, le coucher du soleil, l’orage après la canicule. D’ailleurs, parlant d’orages, si vous vous demandez, notre chat n’avait pas particulièrement peur des orages ; il ne courait pas se cacher dés qu’il entendait le ciel grondé. Néanmoins, il devenait plus nerveux et était aux aguets lorsque les éléments commençaient à se déchaîner. Les plus grosses tempêtes pouvaient l’affecter plus, mais, il en a peu connu durant sa vie de chat.

Bébé chat pouvait passer d’un mode à l’autre instantanément. Exemple : il était en mode passif, allongé, les yeux bien clos et puis, l’un de nous, humains, ouvrions la porte du réfrigérateur ou du congélateur, et il accourrait aussitôt. Si c’était le congélateur et que la température ambiante était très chaleureuse, bébé chat se jetait sur le sol dans l’ouverture de la porte. Il le faisait aussi à d’autres périodes, cependant, la différence entre l’été et les autres saisons, c’est qu’une fois qu’il était installé devant son air climatisé personnel improvisé, il ne voulait plus bouger ! Habituellement, nous n’avions qu’à pousser un peu pour fermer la porte ou pousser légèrement le chat hors du rayon de la porte et nous pouvions refermer le congélateur. L’été, il se faisait aussi lourd que possible. Nous attendions souvent quelques instants, lui laissant profiter de ce brin de fraîcheur et puis nous le tassions plus fermement ou carrément devions le soulever… après tout, ce n’est pas très économique d’utiliser le congélo pour la climatisation. Mais essayez d’expliquer cela à un chat qui n’en peut plus de la chaleur !

Clément le chat cherche la fraîcheur dans le sac isoterme gris sur lequel est inscrit en grosses lettres Fraîcheur. On voit un peu de sa tête et pattes dépassées de l'ouverture dézippée du sac.
Clément cherchant la fraîcheur où il peut…

Il faut le comprendre, dans notre appartement actuel où il a passé la plupart de ses étés, la température peut monter jusqu’à 30 degrés Celsius à l’intérieur durant les périodes caniculaires. Moi aussi, j’embarquerais dans mon congélateur par moment… Malgré tout, même durant les journées les plus chaudes, Clément venait souvent se coller à moi le soir et surtout la nuit. Moi qui ne tolère pas bien la chaleur, c’était difficile de ne pas le repousser. Éventuellement, je me suis rendue compte que de cette façon, nous échangions notre chaleur respective, la faisant circuler d’une façon qui rendait souvent plus tolérable la chaleur. Ça me manque d’avoir ma petite bouilloire climatisante à mes côtés en été.

Sans climatiseur, vous vous en doutez, nous passons une bonne partie de l’été avec les fenêtres ouvertes, au moins le soir, quand l’air se rafraîchit suffisamment et que l’humidité est, peut-être, moins présente. Cela apportait tout pleins d’odeurs variés à l’intérieur qui intriguaient beaucoup Clément. Fumets de feux de camp et de barbecue des voisins, traces de mouffette parfois, relents de cigarette et autres produits fumables aussi, bref, des tas de senteurs qu’il avait rarement l’occasion d’inspirer aussi bien qu’en été. Les chats semblent irrésistiblement attirés par les odeurs très fortes, c’est presque une dépendance, du moins, si je me fie avec nos expériences avec notre petit roi. En tout cas, entre les bruits de l’animation estivale et les parfums variés qui emplissaient l’air avec les fenêtres grandes ouvertes, Clément ne s’ennuyait pas l’été, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il aimait moins cependant quand le trafic était dévié sur notre rue, incluant parfois quelques trajets de bus. Le bruit et les vibrations du sol sont pénibles durant ces journées. Cela lui causait bien du stress. Je sympathisais avec lui, parce que moi aussi, je n’apprécie pas quand le trafic plus lourd est dévié sur notre rue.

Clément le chat assis dehors, devant la porte mi-ouverte, il sent l'air vers sa gauche, concentré.

Mément aurait sans doute passé la majorité de son temps actif dehors l’été, sauf les journées de chaleur étouffante ou de pluie constante. Quoi que la pluie ne le décourageait pas totalement, surtout que les deux cours extérieures auxquelles il a eu accès dans sa vie de félin avaient toutes deux un certain espace protégé des précipitations sous le balcon du voisin du dessus. Ains, il demandait la porte quand même et nous le laissions souvent sortir inspecter. S’il mouillassait à peine, bébé chat s’aventurait parfois hors de la zone protégée jusqu’à ce qu’il sente l’eau imprégnée sa fourrure. Notre vieux chaton avait le poil ras, mais pas si ras que cela non plus. Cela pouvait lui prendre quelques instants avant de réaliser que des gouttes d’eau glissaient sur sa fourrure… S’il pleuvait assez fort, il restait sous le balcon, observait les gouttes s’écraser au sol un peu et puis rentrait de lui-même à l’intérieur. Par ailleus, moindrement que le sol était bien humide déjà, il ne prenait même pas le temps de contempler la pluie. Clément détestait tellement avoir les papattes mouillées qu’il me laissait lui sécher sans rechigner quand cela survenait. Alors, vous pensez bien qu’il n’avait pas tendance à s’attarder sur un sol bien

Il n’y avait pas que la pluie et le soleil que bébé chat pouvait admirer l’été. C’était la meilleure des saisons pour qu’il s’adonne à l’observation de la flore. La saison de floraison par chez nous est assez tardive et ne commence vraiment qu’en juin, surtout que notre cour est à l’ombre. La verdure et les fleurs le fascinaient, bien qu’il n’a jamais vraiment joué dans la terre des plantes à l’extérieur. Cependant, je le surveillais assez près pour ne pas qu’il morde les feuilles. Nous n’avons jamais eu trop de plantes dans la cour, c’était facile de garder un oeil sur lui, sauf lorsque nous avions la jungle d’herbes indigènes quand la cour n’était pas encore pavée. Personnellement, je ne le laissais pas sortir quand la végétation était trop présente à cette époque qui paraît si lointaine maintenant. Je me rappelle d’une année où pendant plusieurs semaines, la cour était emplie d’un fouillis de plantes atteignant en moyenne un mètre de haut… Je ne détestais pas cette mini-forêt, nul doute que Clément aurait adoré s’y perdre, mais justement, cela aurait été impossible de le surveiller sous cette végétation touffue. Si mes souvenirs sont bons, c’était un de ces étés où les journées commençaient en général sous le soleil et se terminait sous la pluie chaque soir ou presque. Nous n’avions pas trop souffert de la chaleur cet été-là.

Clément le chat debout en équilibre sur le rebord d'asphalte de l'entrée de notre deuxième appartement, La tête penchée vers le bas, quelque chose a retenu son attention.

Côté faune, les amis de Clément durant cette saison étaient principalement des insectes et des araignées, quelques oiseaux et écureuils, bien qu’il y ait moins d’oiseaux dans les parages en été qu’au printemps et moins d’écureuils qu’en automne. Il a reçu quelques piqûres d’insectes, mais je pense qu’il a réussi à ne pas se faire piquer par les abeilles ou les bourdons qu’il pourchassait avec joie par un miracle quelconque. Le fait qu’il y en a peu eu qui fréquentaient les cours où il a sévi a sans doute contribué pour beaucoup. Je ne pense pas qu’il aurait appris à se méfier en se faisant piquer une ou deux fois seulement, alors, je suis bien contente que ça ne lui ai pas arrivé.

Malheureusement pour lui, l’été rimait aussi avec sorties, visites familiales et voyages. Nous le délaissions donc plus souvent durant cette saison que toute autre. Bien entendu, si nous partions plus que quatre jours, nous nous assurions d’avoir un catsitter pour veiller sur lui et passer du temps avec lui. N’empêche que c’était la partie de l’été que Clément aimait le moins ; nos départs fréquentes, nos escapades de week-end et nos voyages. Les derniers étés de sa vie, nous avons passé plus de temps à la maison avec la pandémie et tout. Je pense qu’il a bien profité de notre présence estivale. Moi, j’ai tiré profit de ce temps supplémentaire avec lui…

Clément le chat est assis, en train de se lever, sur le rebord du petit toit de notre cour actuelle. On le voit de côté, mais tête de dos. Dans la fenêtre, mon reflet caché derrière ma caméra.

Voilà un portrait en quelques grands traits des étés de notre cher rouquin. J’ai l’intention de revenir sur certains points plus en détail plus tard. L’été est définitivement une saison riche en anecdotes de Clément entre ses aventures à l’extérieur et ses occupations à l’intérieur.

15 réponses à « Clément en plein été (Les saisons de Clément – partie 2) »

  1. Avatar de christinenovalarue
    christinenovalarue

    🐱🐈

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  2. Plus tu parles de Clément, plus j’ai l’impression de le connaître personnellement, lui, son caractère, ses petites habitudes qu’elles soient estivales ou autres… Je n’ai jamais eu de chats qui s’approchaient du congélateur mais je trouve ça super ingénieux de la part de Clément 🙂 J’imagine vraiment comme ça devait vous embêter de le pousser de cette clim improvisée.
    Les miens ont toujours été plus adeptes d’attendre que le lavabo de la salle de bains ait un peu séché pour aller y dormir dedans 🙂
    Pour les attaques de pieds et jambes, une amie a connu ça. La vétérinaire avait expliqué que c’était l’expression de l’instinct de prédation de son chat que l’on pouvait en effet détourner par le jeu. Je t’avoue que je n’ai jamais connu mais au refuge où j’étais bénévole, on avait des minets spécialistes des attaques de pieds 🙂

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    1. Ça me fait plaisir que mes textes te donnent cette impression 😊. Pour le congélateur, j’ai oublié de préciser que nous avons un réfrigérateur avec le congélateur en bas, ce qui le plaçait pile à la hauteur de Clément.

      Intéressantes ces informations sur ce comportement félin. Ça me rassure de penser qu’il avait encore un instinct de chasseur en vieillissant qu’il exprimait en m’attaquant. N’empêche que c’était un peu frustrant, parce qu’il le faisait seulement avec moi. Il n’attaquait pas les pieds de mon conjoint !!

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  3. Mon dernier chat est né un été. Une minuscule boule de poil qu’on m’avait mise dans les bras alors que je faisais le marché avec ma mère (Il y a presque 40 ans). Une adoption forcée. Quand il miaulait, il sentait l’ail, la ciboulette… d’où ses noms… Ciboulette, Gousse d’ail. Et c’était un vrai pirate ! Son troisième nom était Rescator.

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    1. Oh ! Une adoption forcée ! C’est presque comme ça que Clément est atterri dans nos vies, sauf que c’est ma grande soeur qui nous l’a apporté. Un chat d’été avec une haleine d’ail et de ciboulette, ça devait être particulier. Il méritait bien ses noms originaux. 🙂

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  4. De beaux souvenirs d’été.

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    1. 🧡🐈 Malgré nos sorties plus fréquentes, nous avons passé beaucoup de temps de qualité avec Clément durant l’été. J’ai ainsi accumulé une belle collections de souvenirs estivaux de notre petit roi. Je suis contente de les partager avec vous. 🙂

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      1. Partage apprécié. 😻

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  5. bonjour, comment vas tu? j’ai acheté un tapis rafraichissant pour animaux il y a quelques années sur internet. il était destiné au plus vieux de mes chats (qui aujourd’hui est décédé) mais il n’y a jamais prêté attention… ça a toujours été le plus jeune qui l’apprécie. comme quoi parfois on pense bien faire et… passe un bon dimanche et à bientôt!

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    1. Au moins un de tes chats l’a utilisé ! 🙂 À bientôt.

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  6. Agréable lecture de ces souvenirs de Clément, Marie-Luce.
    Bon après-midi de ce dimanche 😘

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    1. Merci Colette ! Bonne fin de journée. 🙂

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  7. […] vous propulsant au coeur des hivers de Clément, en passant par ses expériences au printemps, son rythme en plein été et ses automnes, sans oublier ses saisons des Fêtes passées. À travers ces épisodes principaux, […]

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  8. […] ou la terre directement. J’avais effleuré le sujet l’été dernier dans le portrait des étés de Clément. Certaines plantes le confondaient plus que d’autres, ce qui je pense démontrait sa vocation […]

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