Consolidation et fugues (Histoires de cour 2/2)

Deuxième morceau d’une Tranche de Miaougraphie coupée en deux
Dans mon texte précédent, je vous ai présenté comment Clément a conquis un bout du monde extérieur grâce à notre cour actuelle, sans omettre ses premiers pas à l’extérieur grâce au balcon creusé de notre dernier appartement avant celui-ci. Je ne pourrais vous parler de l’annexation de sa cour sans mentionner les incidents qui l’ont jallonnée… Voyez-vous, les poteaux du portail clôturant notre cour n’est pas totalement appuyé sur notre immeuble ni sur l’immeuble du voisin qui délimite le bord opposé de la cour. Bien que ces espaces sont de moins d’un demi-mètre de large, c’était suffisant pour que Clément puisse se glisser hors de la cour. Et il en a profité à plusieurs reprises durant ses premiers étés dans notre logis actuel.

Clément le chat assis sur le béton dehors, fixant pensivement dans la direction de l'objectif, mais vers le sol.

Pour moi, l’été avec Clément n’était pas de tout repos, entre ses attaques sur mes jambes et pieds du début de la saison et ses évasions fréquentes de la cour. Que je lui ai couru après souvent ! Que j’ai stressé plusieurs fois quand il approchait d’une intersection, traversait la rue ou le stationnement donnant sur le grand boulevard urbain proche de chez moi. Il ne s’est jamais rendu jusqu’au trottoir de ce boulevard qui, par chance, était séparé du stationnement par une bordure arborescente difficile à traverser. N’empêche que quand il partait dans cette direction, le stress grimpait en flèche, plus que pour toute autre direction que pouvait prendre sa course. Aucune direction n’était vraiment rassurante toutefois, puisque nous habitons dans un vieux quartier ouvrier où les rues et trottoirs ont été coulés autour du bâti tel que construit à une époque sans voiture. Ainsi, les façades sont souvent pressées contre les trottoirs, les trottoirs bordent les rues étroitement et les rues sont coincées entre les trottoirs et les bâtiments, ce qui est exactement le cas autour de chez moi. Du genre que si la porte avant s’ouvrait vers l’extérieur au lieu de vers l’intérieur, elle se frapperait sur la borne fontaine qui trône devant chez nous… Bref, d’un côté, la cour clôturée était un petit havre plutôt bien délimitée pour laisser Clément explorer l’extérieur contrairement au stationnement de ruelle de notre appartement précédent. De l’autre, la proximité des rues assez passantes lui donnait une dimension moins paisible que la ruelle des premières excursions extérieures de notre chat.

Ainsi, bien que l’espace était relativement fermé de tout bord tout côté de notre cour, nous devions tout de même garder l’oeil ouvert lorsque Clément était de sortie. Notre chat n’était pas assez familier avec le trafic routier pour que je puisse me fier à ses instincts quand il réussissait à s’échapper malgré notre présence avec lui dans la cour. Ah la la ! Il avait le don de faire monter la pression. Quand j’y repense, je ne crois pas qu’il tentait de fuir. C’était surtout un jeu, bien qu’au départ, je pense que c’était parce qu’il cherchait à retourner vers notre ancien chez-nous, son territoire familier… Avec le temps, c’était devenu un jeu du chat et de la souris où Clément personnifiait la souris et moi le chat. Avez-vous déjà couru après un félin ? Ils sont plutôt courts sur patte, mais ils ont des ressorts dans leurs jambes, c’est assez incroyable ! Puis, Clément partait bien sûr avec une longueur d’avance sur nous et il gardait toujours un oeil sur son poursuivant. Il ralentissait parfois et si nous avions le malheur d’accélérer à ce moment, il repartait de plus belle…

Clément le chat assis sur le rebord du petit toit de fac, mais la tête tournée vers la gauche reniflant l'air, concentré.
Clément sur le petit toit de l’entrée de la cave

Honnêtement, c’était devenu lourd pour moi tout ce stress, et je sortais moins souvent dehors seule avec lui. Mon conjoint gérait mieux cela que moi, au moins, cela ne privait pas trop Clément d’opportunités pour explorer sa cour régulièrement. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que la plupart des photos de la première partie et toutes celles de la deuxième partie ont été prises par mon conjoint. C’était parce qu’il était plus souvent avec notre vieux chaton dehors que moi et aussi parce qu’il était plus à l’aise à prendre le temps de photographier Clément que moi. J’étais souvent trop concentrée sur ma tâche de supervision pour penser à prendre des photos et j’avais rarement mon appareil photo avec moi de toute façon. J’avais quand même trouvé un certain compromis pour mes sorties en solo avec bébé chat : le petit toit au-dessus de l’entrée de la cave. J’y plaçais souvent Clément quand il n’y avait pas accès par lui-même. Cela lui permettait d’avoir un point de vue en hauteur de sa cour et moi de le surveiller plus facilement ; le toit étant assez éloigné de la clôture pour que je puisse détecter son envie d’aller se balader un peu avant qu’il ne s’élance. Bien que cela a failli me jouer des tours quelques fois où le bac de recyclage des voisins avait été remis près du toit, suffisant pour que Clément puisse l’utiliser comme tremplin. Pas pour sauter au-dessus de la clotûre, pas à ce point, mais pour qu’il puisse bondir au sol et atterrir tout proche de l’interstice entre le poteau et le mur de l’immeuble.

Nous avons fini par réduire ses « évasions » impromptues en posant des planches de bois dans l’interstice entre le mur et les poteaux du portail. Au début, elles ne tenaient que par une corde élastique, ce qui n’éliminait pas totalement le risque d’échappée, mais l’avait réduit significativement. Puis, notre voisin d’en haut actuel a apporté une amélioration en vissant les planches au poteau. Cela permit de vraiment sécuriser la cour pour les sorties de notre beau chat et j’étais plus à l’aise durant ses sorties des derniers étés passés avec Clément. Entendons-nous, les courses-poursuites n’ont jamais duré très longtemps, cinq minutes fut sans doute la plus longue durée, mais la frayeur ressentie chaque fois qu’il traversait une rue demeurait intense. Une chance que ça n’arrivait pas à chaque petite fugue.

Clément le chat assis sur le gravier devant le portail en bois, regardant l'extérieur. Vu en plongée de Clément.
Clément aux aguets à la frontière de son territoire

Avec ou sans possibilité d’explorer plus loin que la limite de son royaume, Clément a continué d’arpenter cette frontière formée par le portail donnant sur la rue où nous habitons. C’était une de ses activités favorites lorsqu’il était dehors. Dans la cour elle-même, il n’y avait pas toujours quelque chose d’intéressant qui se passait, mais de l’autre côté de la clôture, il y avait presque toujours quelque chose à observer : les passants qui défilaient, les chiens qui promènent leur maître, les oiseaux qui évitaient le domaine de notre félin, les écureuils qui allaient et venaient, les voitures qui circulaient. Il n’adorait peut-être pas comment le portail restreignait sa liberté de mouvement, mais il appréciait définitivement pouvoir observer tout ce qui se passe autour en toute sécurité et surtout, en toute discrétion. Notre petit roi a passé des heures à regarder la faune urbaine entre les lattes de bois intercalées. Parfois, il était reperé par un humain ou un chien, plus rarement par un autre chat. Néanmoins, la majorité du temps, il était tranquille à l’abri des regards, ce qu’il préférait de loin, quoique les effusions d’admiration d’autres humains ne lui ont jamais déplu, ce n’était pas ce genre d’attention qui l’ennuyait…

Dans ses habitudes à l’extérieur, Mément était ainsi très chat : territorial, curieux et aventureux. Malgré le côté déplaisant et stressant des possibles fuites de chaton, c’était toujours intéressant de l’observer dans l’annexe de son territoire en train d’interagir avec les plantes et le petit peuple, de suivre des odeurs intriguantes ou juste de se dorer au soleil. Des histoires de cour, il y en a encore beaucoup à écrire comme vous pouvez sans doute l’imaginer après les quatorze étés durant lesquelles Clément a étendu son influence à l’extérieur de notre foyer, sans oublier les semaines du printemps et de l’automne qui prolongeaient sa saison de sortie. Dans l’annexe de son territoire principal, notre chat a connu bien des aventures, découvert toutes sortes de choses et nous a livré quelques leçons de vie de chat. Ces deux textes n’ont que pour but de vous présenter cette portion du territoire de Clément ainsi que les grandes lignes de comment il interagissait avec cet environnement. C’est en quelque sorte une mise en contexte pour d’autres épisodes ayant eu lieu lors de ses sorties que je vous raconterai une autre fois.

On voit l'espace entre deux planches du portail-clôture et le coin du visage de Clément tourné vers l'objectif, une oreille et un oeil visible.

12 réponses à « Consolidation et fugues (Histoires de cour 2/2) »

  1. Avatar de christinenovalarue
    christinenovalarue

    💖🐱

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  2. J’ai des sueurs froides à retardement de toutes ces aventures !
    Mais j’imagine comme cela devait être touchant et intéressant de le voir intéragir avec un environnement autre que celui du foyer…

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    1. Oui, nous l’allions pas le priver de sortie pour relativement si peu et Clément était quand même assez sage. Il s’est toujours laissé attrapé et il était bon joueur, il ne tentait pas de se tortiller hors de nos bras. 😉

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  3. Il faut dire qu’ils ont l’art de nous stresser !

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    1. Oh que oui ! Ça vient avec tout l’amour qu’ils nous inspirent. 🥰

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  4. Merci pour cette suite, Marie-Luce !!! Bon après-midi de ce dimanche 😘

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    1. Merci Colette ! Ça me fait très plaisir. Ce fut un bel après-midi d’étè tranquille. À bientôt ! 🧡

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  5. Les chats et leur royaume ! J’ai eu la frousse, la semaine dernière : Newton a passé toute la nuit dehors. Le truc, c’est qu’on habite au deuxième et dernier étage sans possibilité pour les chats de descendre. Quand ils sortent, c’est sur la terrasse et une partie du « toit » qui est plat (ils peuvent se promener dessus, sans craindre de tomber). Où était-il ? Mystère. Il a pu se glisser par une fenêtre chez un voisin ; c’est la seule possibilité.

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    1. Quel mystère et surtout, quelle angoisse ! Il est revenu, c’est le plus important.

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  6. bonjour, comment vas tu? j’ai toujours vécu en appartement et je veille au fait que mes chats ne sortent pas. j’ai déménagé il y a 2 ans et j’habite aux abords d’une grosse avenue. j’aurais trop peur qu’ils se fassent écraser! reste le balcon avec vue sur les arbres et les oiseaux qui viennent nous rendre visite. passe un bon lundi et à bientôt!

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    1. Je comprends bien, c’est pour ça que nous accomcagnions toujours Clément durant ses sorties. Bonne semaine ! 🙂

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