Miaougraphie de Clément

Deuil en mode pause estivale
Après la Montérégie, l’Exporail et la visite chez ma mère, le plan était de se rendre à Coaticook, dans la région des Cantons-de-l’Est, et de dormir une nuit dans la région avant de rentrer à la maison. Nous avions réservé notre hébergement le dimanche soir à North Hatley, charmant petit village à une vingtaine de minutes de Coaticook et près de Magog où nous voulions aussi passer. Alors mardi, avant de partir, ma mère nous a remis quelques tomates et poivrons de son jardin-potager et puis, à l’aventure ! Magog n’était pas inconnu de nous, mais ni mon conjoint ni moi ne nous étions jamais rendus jusqu’à Coaticook. Nul doute que de belles expériences nous attendaient et en effet, nous avons été bien servis !

Le premier arrêt a été Magog avec une marche dans le centre-ville et un délicieux lunch à la microbrasserie La Memphré que nous avions déjà visité brièvement dans le passé. Terrase à l’ombre, vue sur la rivière qui se jette dans le lac Memphrémagog, une ambiance agréable, un petit temps de repos avant de reprendre la route. La région des Cantons de l’Est est très pittoresque, elle se situe dans les contreforts de la chaîne de montagnes des Appalaches, alors tout est par mont et par vaux, entre exploitations maraîchères-agricoles et boisés, avec une multitude de lacs, de rivières et de milieux humides. Bien que les couleurs des feuilles ont commencé à virer un peu, nous sentions que l’été battait encore son plein et que le temps des récoltes ne faisait que commencer. Un gros avantage de la période durant laquelle nous y sommes passés, tôt en septembre, en milieu de semaine, était qu’il n’y avait pas trop d’achalandage. Vignobles et vergers affluent dans cette région et les routes s’encombrent rapidement les week-ends de l’automne (et l’été entre les touristes, les excursionnistes et les villégiateurs, c’est plein à craquer…). Pour moi qui n’aime pas les foules, les conditions étaient parfaites pour explorer la région et la majorité des commerces étaient encore ouverts sur leur horaire d’été.

Entre Magog et Coaticook, nous ne sommes pas arrêtés, pas avant d’arriver à notre destination. En suivant les instructions de Google Maps, cependant, nous avons fait un bout de chemin sur des routes non pavées et mon conjoint n’a pas apprécié… nous avons d’ailleurs effrayé une biche sur le bord de la route et l’avons vu de proche courir parallèle à la route. Plus de peur que de mal pour elle (et pour nous). Ça me fait penser que sur une route pavée un peu avant, nous avons vu un faucon de très proche, perché sur un fil électrique en bordure du chemin. Nous ne nous sommes pas arrêtés, il était vraiment proche de la route et je ne voulais pas que nous l’effarouchions.

Notre destination principale était le parc de la gorge de Coaticook. En plein coeur de cette petite ville régionale, coule la rivière Coaticook qui creuse son lit depuis des milliers d’années dans les formations rocheuses qu’elle traverse. Dans les années quatre-vingt, on eut l’idée de jeter un pont suspendu tout au-dessus de la rivière. C’est toujours apparemment le plus long pont suspendu pour piétons en Amérique du Nord. Il y a trois sentiers principaux pour les randonneurs dans le parc, nous avons fait celui de la gorge et du pont suspendu, comme c’était notre première visite. Ce fut une belle randonnée. Elle est considérée facile, mais il y a beaucoup d’ascension.

Au départ, on commence au niveau de la rivière et on monte pour arriver au niveau du pont, le long du sentier, on passe deux petits barrages hydroélectriques. Après le pont, en descendant au niveau de la rivière, on peut visiter une petite grotte peu profonde (le fond a été bloqué, je ne pourrais dire la véritable profondeur), et très humide. J’ai aimé cette courte incursion sous la falaise, je n’ai pas souvent eu l’occasion de me promener dans un lieu similaire. Après, ça remonte jusqu’à une tour d’observation que nous avons monté pour admirer les environs. Une chose que j’ai bien apprécié de la randonnée et auquelle je ne m’attendais pas, c’est d’avoir un petit cours d’histoire sur le développement de la région grâce aux panneaux d’interprétation informant sur les industries qui se sont installés le long de la rivière, sur les barrages hydroélectriques, en plus des informations sur le milieu naturel. Une très jolie marche, tout aussi instructive ! Après notre tour et quelques dizaines de photos, nous sommes revenus à l’accueil peu avant la fermeture. Il ne restait pas vraiment assez de temps tout à fait pour faire un autre sentier, nous en sommes restés là pour notre première visite du lieu.

Après une bonne dépense d’énergie durant une journée très chaude (bien que sous le couvert des arbres, nous étions confortables), quoi que de mieux qu’un cornet de crème glacée ? Quelle chance ! La fameuse laiterie Coaticook, dont on retrouve les saveurs principales de crème glacée dans toutes les épiceries du Québec ou presque, est à cinq minutes du parc. Ça fait longtemps que je voulais y arrêter, tout ma famille ou presque y était déjà passée avant moi, et ce fut enfin mon tour le 5 septembre dernier. Une halte gourmande parfaite ! Comme si nous avions encore de la place après un gros cornet, nous nous sommes dirigés vers le centre-ville de Coaticook pour visiter la vieille gare de train qui a été récemment transformé en microbrasserie (Hop Station). Pendant que nous dégustions leurs bières, un train de marchandise a passé sur le chemin de fer. Ça vibrait énormément et avec la porte ouverte, c’était assourdissant. Après notre visite de l’Exporail, de visiter une ancienne gare pendant qu’un train passait, ça bouclait la boucle magnifiquement disons ! Nous avons soupé sur place, léger, avant de reprendre la route durant le coucher de soleil pour se rendre à notre auberge, mais la journée ne s’est pas terminée là.

Non, après avoir débarqué nos bagages dans la chambre, nous avons traversé la rue pour profiter de la terrasse sur la rivière du Pub Pilsen où nous avons bien failli marcher sur un crapaud, je pense, très gros, qui se tenait coi en plein milieu de la ruelle. Le pub fermait bientôt, donc, nous avons juste eu le temps de prendre un petit verre – a nightcap, comme on dit en anglais, et de se faire piquer quelques fois par les maringouins. La nuit était très claire et les étoiles étaient nombreuses. Disons que le ciel nocturne est beaucoup moins pollué à North Hatley qu’à Québec. Je voulais en profiter, espérant peut-être observer quelques phénomènes spatiales. Il y avait un parc pas très loin, moins de dix minutes de marche, et nous avons décidé d’étirer la soirée un peu. Que cela a valu le détour ! Le parc n’était vraiment pas illuminé et nous ne sommes pas aventurés sur ses sentiers. Néanmoins, du stationnement, nous avions une très belle vue du ciel étoilée où j’ai remarqué après quelques minutes de contemplation qu’un léger voile grisâtre était visible, comme une ceinture partiellement déchirée, et oui, nous pouvions apercevoir, faiblement, la Voie lactée ! Je pense d’ailleurs que c’était la première fois que je la voyais en vrai.

Bien entendu, j’avais laissé ma caméra dans la chambre… Pas si grave, je ne pense pas qu’elle aurait capté beaucoup plus que les étoiles les plus scintillantes. Nous sommes restés un bon moment les yeux tournés vers le firmament, jusqu’à ce que les animaux nocturnes s’activent. Avant de quitter les lieux, nous avons été salués par les hululements d’un hibou ou d’une chouette qui, je pense, avait capturé quelques minutes avant un petit animal. Nous avions entendu une plainte, sans bruit de combat, ce qui semblait désigner l’oiseau comme responsable ; le vol des hiboux étant très silencieux. Les hululements ne m’inquiétaient pas, mais les glapissements de coyotes qui commençaient et sonnaient comme un cri de ralliement me plaisaient moins. Ces glapissements nous ont accompagné un bout durant notre marche de retour vers le centre du village. J’étais très contente de retrouver la route principale. Les coyotes attaquent rarement les humains, mais il vaut mieux ne pas tenter sa chance. Il y avait aussi des ratons laveurs et autres animaux actifs le long de notre chemin, bref, la faune était éveillée en cette douce soirée de semaine à North Hatley.

Le lendemain, le petit déjeuner étant inclus, nous avons mangé au restaurant de l’Auberge la Chocolatière, sur la terrasse avec vue de la rivière se jettant dans le lac Massawippi. Avant de quitter North Hatley, nous avons profité du parc longeant une petite portion du lac, visité la boutique-cadeaux l’Emporium, retourné au Parc Scowen dont nous avions visité le stationnement la veille (pas aperçu la chouette ou hibou dormant, dommage, mais un petit crapaud et des impatientes du cap, de jolies fleurs orangées) pour une petite randonnée très chouette. Puis en sortant du village, nous avons fait un petit détour pour visiter un deuxième pont couvert (le premier menait à l’accueil du parc de la gorge de la Coaticook où nous étions la veille) où nous avons pu admirer une grue profitant du milieu humide voisin. Pour se diriger vers chez nous, nous passions par Sherbrooke où ma plus jeune soeur demeure que nous avons pu voir durant son lunch et, comme elle télétravaille, nous avons pu saluer ces deux chattes, Mademoiselle Socrate et Mirage, au passage. De Sherbrooke, nous aurions pu prendre l’autoroute pour monter au nord, mais où est le plaisir là-dedans, surtout qu’il y a tant d’endroits que nous n’avons jamais visité dans la région !

Alors, nous avons pris le long chemin pour revenir à la maison, passant par Cookshire-Eaton, Scotstown et Lac-Mégantic. À Cookshire-Eaton, nous avons vu un troisième pont couvert, un peu mal en point le pauvre, et découvert une autre microbrasserie, Les 11 comtés. Bien que j’ai parlé pas mal de bières en vous résumant mes vacances, je me permets de préciser que je ne suis pas une grande buveuse de bière ou de boisson alcoolisée en général. J’aime y goûter, et de temps en temps, prendre un verre, et c’est tout. À cette microbrasserie, ils offraient un soda maison bleuets et érables, deux saveurs que j’adore et je n’ai résisté, sans aucune regret. Du nectar, les ami-es, tout bonnement !

À Scotstown, nous avons découvert un charmant café-boutique, Le Capharnaüm, où nous avons pris un léger goûter en magasinant les produits locaux et les articles seconde main offerts. Il y avait une belle section de livres usagés où j’ai trouvé quelques perles (en fait beaucoup, mais je n’ai pas tout rafflé ce qui m’intéressait…) dont un roman dont le titre convenait bien avec le ton de nos vacances, À train perdu. Il semblait destiner à ce que je le trouve pile à ce moment. Il n’y a pas beaucoup de choses à Scotstown, mais dans leur petite épicerie de village se trouve une boucherie réputée où nous avons ramassé quelques charcuteries, du pain et un soda fabriqué dans la région que nous avons assemblé en notre souper sur le bord de la rivière près d’un barrage qui la coupe, à l’entrée d’un parc régional. Comme si ce n’était pas assez scénique, un train (oui oui, encore) de marchandise a traversé le village de l’autre côté de la rive où nous nous trouvions pendant que nous mangeions. Ces vacances ont vraiment été sous le signe du train d’un bout à l’autre. Malheureusement, il se faisait tard et nous avions encore pas mal de route devant nous, nous n’avons fait qu’une brève marche dans le parc avant de rembarquer dans la voiture. J’espère un jour y revenir pour compléter cette randonnée.

Lac-Mégantic était un détour supplémentaire, pas sur notre chemin direct pour rentrer en ville, mais mon conjoint voulait vraiment y aller et je n’avais aucune opposition à y passer. Le soleil était en train de se coucher quand nous y sommes arrivés et mon conjoint m’a sommé de trouver un endroit où nous pourrions profiter de la vue près du lac. J’ai repéré sur la carte un parc assez grand bordant le lac et suis apparemment tombée pile sur l’un des meilleurs endroits en ville. Il y avait une petite plage pour la baignade et nous avions une vue peu obstruée du soleil se couchant derrière les monts environnant le lac. Mon conjoint a fait une saucette dans le lac pendant que je m’amusais à capturer le superbe spectacle du crépuscule. Difficile de finir notre virée sur une meilleure note, malgré que cela a signifié que le reste de la route s’est fait dans l’ombre grandissante de la nuit. Nous avons tout de même arrêté en ville à Lac-Mégantic pour un dessert ; j’ai dégusté un cornet de crème glacée molle avec une twist de beurre d’érable. Ainsi, notre dernier mercredi de vacances se terminait avec nous retrouvant notre maison fraîche. J’étais contente de retrouver les amis peluches de Clément, même si ce n’est pas du tout la même chose que de retrouver un Clément surexcité de nous accueillir.

Il nous restait deux jours de vacances plus le week-end. Le jeudi et le vendredi furent plutôt calmes, retour à la maison, lavage, dépaquetage, lectures. Le samedi, nous avons visité le Domaine de Maizerets, un parc urbain à proximité de notre demeure que je n’avais jamais visité encore, et ça adonnait que le festival celtique de la ville avait lieu ce week-end-là dans ce parc-là, ce que nous ne savions pas ! Dimanche, nous avons profité de quelques moments de répit de plus, tranquilles à la maison, avant de reprendre le boulot lundi passé.

Ce que j’ai aimé le plus de ces vacances, c’est le rythme. Nous avons fait, vu, goûté à beaucoup, mais sans trop de presse, prenant le temps de savourer chaque petit moment. Je comprends que par moment, pour profiter au maximum d’un lieu que nous visitons rarement, nous y allons à fond la caisse. Néanmoins, cela fait du bien parfois de pouvoir ralentir la cadence. Je suis assez pressée dans ma vie quotidienne comme cela ! Cela conclut mon compte-rendu de vacances. Je ne pensais pas en faire un aussi détaillé, j’ai sous-estimé toutes les grandes et petites expériences que j’avais envie de partager avec vous. De mon côté, je n’ai pas encore fini de me plonger dans mes souvenirs de vacances. J’ai beaucoup de photos à trier et à organiser dont plusieurs que je mettrait sûrement sut Instagram d’ici la fin du mois. Je vous laisse d’ailleurs sur une petite série des ponts couverts que nous avons croisés dans les Cantons de l’Est. J’adore ces ponts. Je ne peux résister dès que je vois un panneau de signalisation les annonçant. Un jour peut-être, je vous parlerai des ponts couverts que j’ai visités à travers le Québec et les Maritimes…