Tranche de Miaougraphie
Si Clément nous avait raconté l’automne, il se demanderait sûrement pourquoi on désigne les feuilles colorées et déssechées qui chutent des arbres et virevoltent des feuilles mortes. Ne continuent-elles pas de danser des heures, voire des jours après avoir atterri sur le sol ?
C’est qu’il aimait les pourchasser ces feuilles vagabondes qui migraient au gré des rafales. Et il faut souligner qu’il les attrapait, la plupart du temps, ce qui devait flatter son ego de grand chasseur. Même de l’intérieur, du rebord de la fenêtre, il chassait du regard les feuilles emportés par le vent.
![Clément le chat vu de profil arpentant le rebord du balcon creusé de sa première cour, délaissant les feuilles mortes pour le mobile qui teintait légèrement au vent.](https://miaougraphie.com/wp-content/uploads/2023/10/poisson-005.jpg?w=1024)
Si Clément nous avait décrit l’automne, il mentionnerait probablement toutes ces rentrées universitaires qui se sont succédées et qui lui amenaient du nouveau matériel à étudier et à analyser sous formes de feuilles blanches et sèches nappées de tâches noirâtres plus ou moins serrées, plus ou moins nombreuses, dont des dizaines de pages étaient libres ou tenues par un mince fil de fer tandis que des centaines d’autres étaient pressées entre des cartons plus ou moins appétissants.
C’est qu’il prenait plaisir à accueillir de nouveaux ouvrages sur lesquels il aurait le loisir de s’allonger ou d’utiliser comme oreillers, bien que son enthousiasme pour le savoir était souvent entaché par la venue d’un nouvel horaire de départ et d’arrivée de ses humains, selon les nouvelles plages horaires de leurs cours. Et c’est sans compter les heures et les heures de plongée dans ces tas de feuilles où ses humains ne lui prêtaient pas assez attention, si concentrés qu’ils étaient !
Si Clément nous avait expliqué l’automne, il aurait sans nul doute commencé par décrire les heures d’ensoleillement déclinant de façon proportionnellement opposé à ses périodes d’assoupissement grandissantes, puis les températures ambiantes chutant drastriquement, surtout dans son annexe extérieur, le forçant à passer moins de temps dehors et à chercher la moindre source de chaleur.
C’est qu’il était pleins de ressources, ce vieux chaton. Forteresse de coussins, roulades de doudous, pont de genous humains, la salle de toilettage après une douche chaude (pour ses humains cette dernière, jamais pour lui), un rayon de soleil tenace, le ronron d’un ordinateur fortement sollicité, un rien lui suffisait à se réchauffer et amenuiser l’impact de la transition saisonnière.
![Gros plan sur Clément le chat qui a la tête serrée contre ma jambe gauche, de sorte à ce qu'on voit à peine son visage, le corps tenu contre ma jambe droite relevée.](https://miaougraphie.com/wp-content/uploads/2023/10/cell-cat-16.jpg)
![Clément le chat dort sous une doudou rouge molletonnée, Tenzen la peluche renard semblant surveiller sa sieste.](https://miaougraphie.com/wp-content/uploads/2023/10/20151101_130924.jpg)
![](https://miaougraphie.com/wp-content/uploads/2023/10/gedc3310.jpg)
Si Clément nous avait présenté l’automne, il aurait certainement inclus la présence accrue de certains amis se préparant à hiberner, écureuils, souris et autres mammifères locaux s’activant à remplir leur panse et leurs cachettes secrètes, sans omettre de mentionner au passage les départs des copains ailés, si tous ne partent pas, ils devenaient néanmoins moins nombreux dans la cour.
Quoi qu’ami ne capture pas la relation complexe qu’entretenait ce roi félin avec les écureuils. C’est qu’ils aimaient provoquer Clément pour ensuite courir grimper se réfugier au sommet des arbres imposants que le chat ne pouvait escalader, du moins pas aussi aisément.
Si Clément nous avait dépeint l’automne, il aurait assurément mentionné le retour de parfums variés, allant de fruités à épicés en passant par le tabou chocolaté et l’hypnotisant fumet rôtissant, qui envahissaient la maison et rimaient avec grandes activités dans la cuisine avec possibles échappées de matières suspectes à inspecter.
C’est qu’il aimait rôder autour du fourneau, malgré qu’il se désintéressait vite des activités culinaires si celles-ci n’impliquaient pas assez d’oeufs, de lait, de beurre, de levure ou de viandes… Par chance, cela n’arrivait pas trop souvent. N’empêche qu’une fois les ingrédients rangés et le plat cuisant sur ou dans le four, ce filou rouquin retournait vaquer à ses autres occupations, laissant ses humains gérer l’après-préparation, récurage, rangement et surveillance de la cuisson.
Je sais que Clément aurait eu d’autres choses à élaborer au sujet de l’automne, une saison toujours fort occupée par chez-nous qui signalait la reprise de nombreuses activités qu’il adorait – des heures sous la couette à lire, des soirées popcorn (mais pas pour lui, le popcorn, hein) à visionner un film-bonbon ou une série réconfortante, de la décoration et du bricolage pour les fêtes qui animent cette saison, des séances de jeu vidéo intenses ; autant que d’autres dont il raffolait beaucoup moins – des sorties moins fréquentes à l’extérieur, du remue-ménage et de la réorganisation de son territoire, la venue d’étrangers costumés…
![Clément le chat assis sur/derrière des sacs en plastiques, les manettes de la Nintendo 64 et de la PS2 à côté de lui, il fixe l'objectif.](https://miaougraphie.com/wp-content/uploads/2023/10/xmas-2014-003.jpg)
Bébé chat aurait pu nous en conter sur ce qui se passait à l’intérieur de nos murs durant cette période charnière pour la survie d’un tas de petites bêtes, le genre d’histoire dont, au final, je préfère ne savoir que le strict minimum… Il aurait pu en dire presque tout autant que sur les intrigues de cour et de trottoirs engendrées par les préparatifs pour l’hivernation d’après ce qu’il glanait par ses visites de plus en plus rares à l’extérieur et ses tours de guet de plus en plus nombreux à l’une des fenêtres qui s’offraient à lui. Les chats peuvent sembler endormis la plupart du temps durant l’âge adulte et pourtant, ils captent pas mal plus de trucs que nous sur tout ce qui se déroule dans et autour de leur territoire. Ah, être un chat, si seulement pour un moment…
Cependant, Clément n’était pas le chat le plus volubile qui soit. Il aurait probablement brossé un portrait encore plus succint sur cette saison que celui ci-dessus, mais moi, je voulais vous donner un aperçu assez complet des quinze automnes de Clément auprès de nous, alors c’est ainsi, j’ai probablement extrapolé beaucoup. Au total, bébé chat aura vécu seize automnes comme il est né quelque part entre l’été et l’automne 2007. Je n’en compte que quinze pour nous, car la saison était bien avancée quand il est arrivé dans notre famille. Quinze merveilleux automnes qu’il a embellies par sa simple présence. Toutefois, je serais bien en peine de vous présenter une compilation en images de ces quinzes, pour dire à quel point mes automnes sont généralement bien remplies, j’ai prises peu de photos de Clément durant cette saison à travers les années. J’en ai quand même dont celles qui illustrent ce billet et d’autres qui suivront selon les épisodes et les thèmes saisonniers que je vous présenterai.
Et si vous racontiez l’automne à votre tour, de quoi ça aurait l’air ?
![Clément le chat roulé en boule sur une jetée fleuri sur le canapé.](https://miaougraphie.com/wp-content/uploads/2023/10/ru00e9cent-automne-2013-045.jpg)
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