Deuil en cours
Par quoi commencer ? Par la fin, j’imagine. J’AI VU DES AURORES BORÉALES à nouveau dimanche soir ! Je commence tout juste à me calmer un peu. La chasse a ainsi été heureuse ce week-end, bien que très incidentielle. En effet, l’observation du ciel nocturne n’était définitivement pas dans le plan de ce week-end puisque mon conjoint et moi le passions à Montréal pour visiter des amis. La nuit dans la métropole est généralement très bien éclairée, ce qui laisse peu d’opportunités pour admirer les phénomènes célestes nocturnes. À part peut-être Jupiter qui brille suffisamment fort pour être bien visible même en plein coeur de Montréal, ce que j’ai d’ailleurs eu l’occasion de vérifier moi-même samedi soir.
Cela ne nous a pas empêché de profiter de tout ce que la très grande ville a à apporter, dont de la bonne bouffe, un incroyable bubble tea au chocolat et biscuits Oreo, des beaux moments avec nos amis et pas mal de marche urbaine sous le soleil de novembre. Sur le chemin du retour, nous avons fait quelques petits détours dimanche pour visiter des membres de ma famille, d’abord, ma mère qui habite proche de Montréal sur la rive Sud, puis ma grande soeur et sa famille qui demeure depuis peu à mi-chemin entre Montréal et notre maison, très près de l’autoroute.
Durant le week-end, je ne surveillais donc pas de très près les prévisions de météo spatiale, à peine un coup d’oeil le vendredi soir sur l’aller où, avec la période de l’année, mon conjoint et moi roulions sous couvert de nuit, même si nous sommes partis peu après avoir fini le boulot. Vendredi soir, c’était très tranquille côté géomagnétique, mais il y avait de l’espoir dans les 24-48 heures suivantes. Néanmoins, nous quittions la région de Montréal dimanche sous les nuages durant le coucher du soleil, le soleil qui se couchait vers 16 h 30, avec le retour de l’heure normale et l’approche du solstice d’hiver. J’étais un peu dépitée, comme je savais à ce moment-là qu’un événement solaire majeur était survenu plus tôt dans la journée et avait d’ailleurs projeté de magnifiques aurores boréales dans le ciel de l’Europe et même sur la côte Nord de l’Afrique. Sur la route, je gardais donc un oeil à la fois sur les nuages et sur les indicatifs de météo spatiale (clairement, ce n’était pas moi qui conduisais).
Bien que les indicatifs étaient au vert, ce qui signifie le calme plat en général, il y avait de l’espoir, surtout que nous avons dépassé les nuages avant d’arriver chez ma soeur. Le ciel dégagé était rempli d’étoiles dans son coin très sombre, presqu’une réserve de ciel étoilé. Avec le froid et la courte durée de la visite, nous ne nous sommes pas éternisés dehors, mais bien sûr, les nuages nous ont rattrapé durant notre arrêt. Cependant, encore une fois, plus nous progressions vers la maison, plus nous laissions les nuages derrière et le ciel se dégageait. Je retrouvais Jupiter qui éclairait notre chemin parmi les astres.
Puis, à une vingtaine de minutes de route de chez ma soeur, mon conjoint a repéré un mouvement quelque peu lumineux dans l’air sur son côté, conducteur, en avant de nous. J’ai essayé de le capturer avec ma caméra, mais de la voiture en mouvement, rien ne paraissait. Était-ce bien une aurore ? Par chance, une sortie d’autoroute était tout près, nous y avons tourné et stationné la voiture sur un rang tranquille, en plein milieu des champs. Ce n’était pas l’endroit le plus sécuritaire, comme il fallait marcher un peu le long de la bretelle d’autoroute pour avoir une vue dégagée vers le Nord, mais ce n’est pas une sortie très utilisée à ce temps-là du jour.
Pour cette expérience nocturne, nous avions la chance d’être éloignée de la pollution lumineuse. Il n’y avait que quelques lampadaires le long de l’autoroute et les phares des voitures. De plus, l’intensité de l’événement était assez élevée pour que ce ne soit pas juste une lointaine luminescence dans le ciel, bien que cela est resté plutôt un horizon d’aurores. Quel magnifique spectacle ! Nous nous sommes arrêtés juste à temps pour la fin d’un premier épisode intense, où la couleur verte était perceptible à l’oeil nu ainsi qu’un peu de mouvement ici et là, au loin. Sans trépied, entre la fatigue et l’excitation, je ne peux pas dire que mes photos sont incroyables. Elles sont loins d’être à la hauteur de l’expérience, excepté qu’elles rendent bien mieux les couleurs que nos yeux.
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Clément a peut-être mieux vu que nous les rubans de lumières verts, orangés, rouges qui défilaient au-dessus du massif laurentien de l’autre côté du fleuve, dimanche soir. Je l’imagine couché en boule, dans un coin du ciel, pendant que la dame Aurore danse tout autour de lui, un peu comme quand je dansais dans le salon et qu’il me regardait de son oeil mi-ouvert, roulé comfortablement sur son pouf. A-t-il seulement relevé la tête quand l’arc SAR a empli le ciel ? Quand le rythme de la danse fluctuait, s’intensifiait ?
Et oui, nous avons pu admirer à l’oeil nu le phénomène nommé l’arc SAR, en anglais, Stable Auroral Red, bien que sa couleur rouge n’était pas perceptible d’où nous étions. Cela ressemblait plutôt à une bande grise-blanche transperçant le ciel du bas de l’horizon au nord presque juste au bas de l’horizon opposé. En fait, nous l’avons perçu durant sa montée dans le ciel, c’était un peu comme la traînée que laisse un avion dans le ciel, sauf vingt fois plus larges et sans dissipation à la base. Malheureusement, sur photo, cela ne paraît pas du tout ou presque. Voyez ci-dessous deux de mes tentatives de saisir ce phénomène rarement visible. L’arc SAR est différent d’une aurore boréale, puisque ce n’est pas le même phénomène électromagnétique qui le cause, ce qui n’en fait pas moins un phénomème optique impressionnant !
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Cette nouvelle expérience de chasse aux aurores a été très complète. En plus d’un nouveau phénomène observé, j’ai aussi pu capté avec ma caméra, et moindrement à l’oeil nu, d’autres couleurs que le vert, du mauve surtout, avec quelques traces orangées-rouges. Quand j’ai repéré cela sur l’écran de ma caméra, ma joie s’est décuplée ! Je n’avais pas encore eu la chance de voir d’autres couleurs que le vert, autrement que par les photos et vidéos d’autres personnes.
Comme si ce n’était pas assez, nous avions un ciel tellement dégagé et sombre que nous pouvions admirer des centaines d’étoiles scintillant au-dessus de nos têtes dont le nuage de la Voie lactée, malgré qu’il était faiblement perceptible. À un point, j’ai décidé de tester ce que ma caméra pourrait en capturer, en la posant sur le sol, pointée vers le ciel, sur la plus longue exposition que je pouvais sélectionner, 30 secondes. Sur le coup, en regardant sur le petit écran, je pensais n’avoir saisi qu’une fraction du ciel étoilé. J’ai été très étonnée par le résultat final une fois que j’ai exporté mes photos sur mon ordinateur. Si vous regardez bien, sur un écran de qualité, vous verrez les contours de la Voie lactée ! Avoir su, j’aurais peut-être pris une ou deux autres prises… quoi que le temps était compté et j’aurais sans doute préféré quand même me concentrer sur les aurores boréales devant mes yeux.
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Si ce n’était que de moi, je serais sûrement restée jusqu’à la fin de l’épisode auroral ou du moins, jusqu’à très très tard, là, sur le bord de l’autoroute en pleine campagne. Mais bon, il fallait reprendre la route, le conducteur était épuisé aussi du week-end et nous travaillions tous deux le lendemain. Toutefois, ce n’était pas la fin de l’expérience loin de là. Les aurores nous suivaient tout au long de la route, et j’arrivais même à les prendre en photo de la voiture en mouvement. Ça ne donne qu’une étrange aura verte, mais tout de même très vivide, tandis que nous percevions en vrai quelques piliers lumineux ici et là.
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Vous l’avez peut-être remarqué, mais Clément II était de la partie pour ce week-end à Montréal et il était à sa place de choix sur le tableau de bord dimanche soir. Il a donc pu vivre sa première expérience des aurores boréales !
Comme si ce n’était pas assez, en approchant de notre région, j’ai remarqué que les aurores boréales semblaient s’intensifier à nouveau, des pulsations lumineuses étaient clairement visibles. Nous étions tout près d’une sortie, bien que celle-ci n’offrait pas dans l’immédiat un bon lieu d’observation. Néanmoins, en suivant le chemin, nou avons trouvé un petit rang proche d’où nous pouvions sécuritairement contemplé l’horizon nord et quel spectacle nous attendait ! Des pulsations et des piliers de lumières visibles, le mouvement que nous devinions plus que nous percevions lors de notre premier arrêt était à ce moment clairement apparent. La majeure partie de l’horizon au nord était occupée par les aurores boréales et il y en avait même de très faibles visibles au-dessus de nos têtes, à peine perceptibles en photo, bien que nous les distinguions facilement à l’oeil nu. Encore là, nous ne nous sommes pas éternisés, la soirée avançait et nous avions encore un peu de route à faire.
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Malgré toutes ces expériences, je n’étais pas repue quand nous sommes enfin arrivés à la maison. Ce n’est que la fatigue d’un long week-end excitant qui m’a retenu d’aller voir si je ne pouvais pas les apercevoir en ville. N’empêche que le « butin » de cette chasse est plus que satisfaisant et cette expérience renouvelée devant les aurores boréales me sustentera pour longtemps. Qui plus est, j’ai noté les deux endroits où nous nous sommes arrêtés, surtout le dernier qui est relativement proche de la maison. Avec les nuits qui s’étirent et l’activité solaire qui devrait aller en s’intensifiant dans les prochaines semaines, des chances de « chasser » le ciel nocturne devraient se présenter encore et, si je ne désespère pas d’arriver à saisir les couleurs d’une aurore dans le ciel de ma ville, je ne lèverai pas le nez sur une opportunité pour pouvoir les admirer dans leurs plus éclatants atours, généralement mieux perceptibles dans une noirceur profonde.
Si vous n’avez pas eu l’opportunité de voir celles de dimanche, ou tout autre, je vous souhaite du plus profond de mon coeur d’avoir la chance de les admirer en vrai un jour. C’est une expérience unique. En attendant, vous avez mes mots et mes images, ainsi qu’une multitude de photos dont celles partagées sur les groupes Facebook que je suis Alberta Aurora Chasers et Aurores du Québec. Vous y trouverez d’ailleurs de bien meilleurs photos que les miennes (ce qui ne m’empêche pas de chérir les miennes énormément, je vous assure).
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