Miaougraphie de Clément

Deuil en cours

Un an après mon retour d’un voyage ayant marqué mes premiers mois de deuil, moins d’un mois après mon retour d’un deuxième voyage dans l’Ouest canadien, je relis ce texte que j’avais préparé avant mon départ vers l’Alberta en avril dernier, une façon intéressante de contraster où j’en suis par rappot au début du printemps 2023.

Partir d’une maison sans chat, revenir. Partir, revenir dans une maison sans chat.

Avant mon départ vers Vancouver au début de mars, j’appréhendais de quitter la maison de Clément, encore une fois. Néanmoins, je dois dire que c’était moins pire qu’avant mon départ pour l’Alberta il y en a un an. En partie, j’étais mieux préparée, l’ayant fait une fois déjà pour un séjour hors Québec, et plusieurs fois pour un court séjour dans ma province de résidence. Je savais donc quel geste poser, quel endroit utiliser pour ranger précieusement mes petits trésors de Clément. La charge émotionnelle en général étant moins lourde que dans les semaines suivant le décès de bébé chat, c’était aussi plus aisé de me préparer pour le grand départ, sauf pour le blog surprennament ! Avant de partir en Alberta, j’avais un billet de planifié, celui ci-dessus et une ou deux idées faciles à traiter et finir en voyage. Cette fois-ci, j’avais bien des idées et un certain plan, mais rien de bien avancé, ce qui fait que le plan a pris le bord. Quand j’y réfléchis, je pense qu’en 2023, j’avais besoin de travailler sur la Miaougraphie de Clément pour me préparer mentalement au départ, tandis que cette année, ce besoin n’existait plus. Pas que je n’ai plus du tout besoin du blog, non, je pense qu’il y a encore bien des instances où j’en ai besoin, je n’en avais juste pas besoin pour être mentalement prête à partir d’une maisons sans chat, témoignant de certains progrès indéniables par rapport à l’année passée.

Le retour a aussi été plus doux, moins d’amertume à revenir dans une maison sans chat = plus de joie à retrouver les repères de mon vieux chaton. Je n’ai d’ailleurs pas senti le besoin de ressortir immédiatement tous mes précieux trésors de la vie de Clément dès mon retour à la maison. Cela étant dit, j’étais très contente de retrouver Tenzen, le meilleur ami peluche de Clément, mon petit renard de l’île du Prince-Édouard et de le tenir contre mon coeur ou niché dans mon cou durant la nuit (parce que oui, je dors encore en le gardant près de moi). Et Clément II, qui a atteint le niveau de grand explorateur royal, d’un océan à l’autre, était bien heureux de retrouver ses amis peluches de la cour de Clément, premier du nom, cour qui n’a pas été dissoute malgré le décès de son souverain. Avec les précautions que j’ai prises (Clément II avait sa place dans mon bagage à main, celui qui restait le plus proche de moi, même en avion, et lors des sorties, je vérifiais fréquemment qu’il soit bien installé dans mon sac à main), je ne craignais pas trop de ne pas le ramener à la maison. Néanmoins, j’ai quand même ressenti un certain soulagement à l’installer confortablement à la maison de nouveau. J’ai bien fait de l’emmener avec moi, mon conjoint aussi, ça lui a fait plaisir de partager nos aventures avec ce petit compagnon en peluche, de finir nos journées en lui souhaitant bonne nuit, de l’avoir près de nous la majorité du temps. Pour moi, je sais que la présence a sans doute contribué grandement à mon mieux-être durant notre séjour, en me réconfortant, en me rapprochant de tout ce que nous avions laissé à la maison, et en m’inspirant à profiter de chaque expérience qui s’offrait à nous en y intégrant bien souvent Clément II. Et que d’expériences nous avons vécu tous les trois !

Vous raconter tout cela me sera un peu plus compliqué que suivant mon voyage en Alberta, d’où le fait que je ne me suis pas attellée à la tâche . En avril dernier, j’avais réussi à tenir un journal de bord régulièrement, adressé à Clément, dont j’avais pu recopier des extraits pour vous partager mes pérégrinations. Cette fois, je n’ai pas trouvé le temps de tenir un journal. Cependant, grâce à la participation de Clément II, j’ai un fil conducteur pour vous résumer ces neuf jours très remplis à l’autre bout du pays. Déjà, en défrichant le fouillis de mes photos, je constate certains points qui ressortent de ce périple. D’abord, que quiconque ignorerait ma destination ne pourrait sans doute pas deviner que j’ai passé la majorité de mon temps là-bas dans la troisième plus grande ville canadienne, tellement les fleurs, les arbres, les jardins, les animaux, les panoramas peu urbains dominent mes photos. Il y a bien quelques aperçus de la ville ici ou là, et puis, si j’aligne les lieux où les photos ont été prises, Vancouver aurait le plus d’épingles sur la carte résultante. Il y a tout un réseau de parcs, de jardins, de forêts et de plages dans la ville de Vancouver. On peut aisément y passer la majorité de son temps. Enfin, je reviendrai sur le sujet pour vous présenter les lieux que j’ai visités, certains nouveaux, d’autres précédents visités il y a quinze ans.

En attendant, j’ai eu l’idée pour m’aider à me décider par quoi commencer, au moins pour mes partages sur Instagram, parce que sur le blog, je risque de couvrir plus large en une publication que sur Instagram, de lancer une invitation en story à voter pour les premiers thèmes que je partagerai. J’ai envie de vous donner l’occasion aussi de voter, après tout, ça pourrait également influencer l’ordre de présentation sur le blog. Voilà, c’est simple, dites-moi en commentaire A ou B pour chacune des paires opposées (ou celles qui vous tentent, comme vous voulez) :

Son vivant… il me semble ne pas avoir utiliser cette expression beaucoup jusqu’à maintenant, comparativement au nombre de fois où j’ai écrit les mots mort, décès, trépas, défunt, décédé et plus du genre… Et ce, même si j’ai rédigé plusieurs textes sur des moments de sa vie auprès de nous. Quelle conclusion en tirer ? Que d’un côté je ne me dissimule pas sa fin, tandis que de l’autre, j’arrive avec peine à référer à l’avant – à quand il respirait encore et arpentait toujours les corridors de l’appartement ? Voilà, les vannes s’ouvrent. J’ai enfoncé une porte en moi sans cogner et j’ai trouvé tapi au fond de cette petite salle la douleur qui s’y terrait. Y a-t-il donc une distinction entre reconnaître la mort d’un être et penser à son existence entièrement au passé ?

C’est étrange, mais l’expression de son vivant me semble plus crue qu’avant sa mort ; dans ses dernières semaines de vie ; les mois qui ont précédé son décès ; et j’en passe.

D’un côté, lire Clément de son vivant me serre moins le coeur que quand je l’ai écrit. De l’autre, je me rends compte que ça demeure une expression que je semble fuir en pensée et à l’écrit. Est-ce signifiant ou non ? Je ne saurais dire, quelque chose à méditer peut-être.

De ce contraste entre l’avant/après Alberta et l’avant-après Colombie-Britannique à un an d’écart, je pense néanmoins pouvoir tirer la conclusion que je semble m’être habituée à partir d’une maison sans chat et à revenir dans une maison sans chat. C’est étrange de s’habituer à quelque chose dont on ne voudrait pas s’habituer, mais dont on ne peut faire autrement. Depuis mon retour à Vancouver, je me sens un peu bizzare par rapport au décès de Clément, à sa vie, et je me demande après avoir tiré ces conclusions si ce n’est pas lié à une certaine dissonnance. Je vois que je me suis habituée, mais à quelque part, je n’y crois pas encore… Quoi que… et si je ne quittais pas vraiment une maison sans chat quand je pars hors de ma ville ? Et si je retrouvais à mon retour une maison emplie d’une ombre féline immense ? Je pourrais me faire à cette idée.