REP : exploration du monde de l’édition non-traditionelle en trois ouvrages

Défi culturel sous forme de retour en parallèle (REP)

J’ai réalisé il y a un moment que je pouvais facilement raccourcir l’expression « Retour en parallèle » que j’ai utilisés pour mes petites chroniques de lecture jumelées et comparées à REP. Dorénavant, c’est ce que j’utiliserai quand je présenterai ce format, comme aujourd’hui.

Alors, pour ce premier REP de 2025, je reviens sur quelques-unes des lectures qui ont marqués la fin de mon année 2024 et qui ont en commun leur mode d’édition non-traditionnelle, c’est-à-dire qu’aucuns des livres ci-dessous ne provient d’une maison d’édition, grande ou petite, affiliée ou indépendante, du moins, au sens auquel on l’entend habituellement. En effet, deux de ceux-ci sont auto-édités à compte d’auteur et un est édité sous un nouveau modèle issu de la rencontre entre le monde de l’édition et les réseaux sociaux. Commençons par les deux auto-édités dont j’avais très hâte de vous parler en détail. Ce n’est par manque d’enthousiasme pour ces livres que je ne vous en ai pas parlé avant, mais vraiment par manque de temps et d’énergie. Je pense que j’avais toutefois mentionné avoir planifié ou lu les deux en question, c’est-à-dire le volume 1 de Sagia d’Arnézia Wimbearn et Le mystère du pépin de pomme d’Agnès Aleya. Deux noms que vous reconnaîtrez peut-être comme les deux sont des blogueuses que j’ai citées dans le passé et qui fréquentent la Miaougraphie de Clément.

Commençons par Sagia, si vous le voulez bien. C’est le premier comic publié par Arnézia Wimbearn, une artiste américaine qui a scénarisé, dessiné, édité et monté les deux premiers volumes d’une série qui promet énormément. Elle s’est inspirée pour cette série du travail d’Akira Toriyama, surtout celui sur Dragon Ball, de celui de l’animateur Minoru Maeda, de celui du dessinateur Ken Sugimori et plus largement des animés des années 80 et 90. J’ai été très impressionnée par son travail. Je sais d’expérience que faire de la bande dessinée, c’est plus difficile qu’il n’y paraît. Je ne suis pas une experte absolue dans le langage graphique des mangas et des animés japonais, bien que j’en ai lus et vus beaucoup. Sur la base de ce que j’en connais et comprends, j’ai trouvé qu’Arnézia maîtrisait leurs codes très bien, autant dans le découpage des cases que dans les expressions faciales et l’usage de différents styles de bulles. Cette maîtrise permet une lecture très fluide et paraît aussi dans le rythme du récit qui est bien relevé. J’ai aussi apprécié la variété de ses personnages aux personnalités démarquées, quoi que leur introduction se fait parfois un peu rapidement, au détriment d’apprendre à mieux connaître les premiers personnages introduits.

Après avoir fini ma lecture du premier volume, je n’avais qu’une envie, c’était de le relire. Ok, c’est faux, j’avais aussi une deuxième, celle de lire la suite, mais je savais que celle-ci n’était pas encore publiée à ce moment-là. Je n’ai pas encore relu ce premier volume, je pensais le faire avant de plonger dans le deuxième tome dont la version numérique a été publiée cet été et sur laquelle j’ai aussitôt sauté. Finalement, j’ai lu directement le deuxième volume. J’ai aussi apprécié ce deuxième opus, bien que j’ai trouvé que beaucoup de nouveaux personnages sont introduits rapidement. J’ai tout de même très hâte d’avoir la suite, malgré que celle-ci tardera selon une récente mise à jour d’Arnézia annonçant qu’elle a mis sur pause le développement de sa série.

Je vous partage ci-dessous les trailers du premier et du deuxième volume. Je vous invite à visiter le site Web de la série, lien ci-dessus, et les réseaux sociaux de la scénariste-dessinatrice pour plus d’information. Il est possible de se procurer la version physique ou numérique de Sagia sur son compte Ko-Fi .

Le mystère du pépin des pommes est un roman autoédité de cosy mystery aux accents félins qui avaient retenu mon attention depuis la première fois qu’Agnès avait glissé un mot sur son projet d’écrire une enquête autour de personnages basés sur ses trois vaillants félins, Galice, Newton et Loki (qui sont tous les trois tout simplement cha’rmants, vous n’avez qu’à jeter un œil sur un de ses deux blogs ou sur le compte Instagram dédié à ceux-ci). Suivant ses blogs presque depuis mes débuts sur WordPress au printemps 2023, j’étais déjà très attachée à ses trois chats (et une pensée pour son beau rouquin de Sam, mort bien avant Clément, et qui semblait tout aussi sympathique et affectueux que ce dernier) et je me suis délectée à découvrir l’histoire qu’ils ont inspiré à leur humaine. Agnès a su leur donné vie sur papier et a leur créé tout un univers juste ce qu’il faut « chaotique » avec de ronronnants jeux de mots et mots-valises.

De ces derniers, j’en ai noté plusieurs durant ma lecture et jusqu’à récemment, je ne trouvais plus cette liste, puis je l’ai retrouvé pour la reperdre encore. Entre-temps, j’ai au moins récupéré ma copie que j’avais prêtée à ma mère, alors je peux piger dedans. Mention spéciale à : chadarmerie (un de mes préférés), aristo-chatterie et chapitaliste. Que dire de l’honorifique titre Sa Félinerie ? Ça irait bien à Clément, ce titre, non ?

Le tout est servi avec une intrigue menée rondement. En partant, je ne doutais pas que j’allais apprécier ma lecture de son roman autoédité et j’avais bien raison. Dans un de mes derniers billets, je vous parlais un peu d’un autre de ses romans que j’ai lu récemment, Le Pacte de Sken Lodge. Je me rends compte que j’avais d’ailleurs oublié d’indiquer le titre du roman en question. Oups… c’est corrigé ! Décidément, j’aime le style d’Agnès et j’espère en lire plus. Je sais qu’elle a publié un autre roman cet automne, Les échos du manoir, et j’attend la suite des deux autres !

L’autoédition représente un vaste pan de la littérature que j’ai peu exploré jusqu’à maintenant. À part quelques webcomics publiés papier, je n’en avais à peu près pas lu avant de lire Esprit d’automne de Svet Mori, novella autoédité que j’ai remporté grâce au concours d’Audrey du blog Light & Smell et dont je vous avais brièvement parlé l’été dernier. Il faut dire que la distribution des œuvres autoéditées est inégale. Celles des auteur-trices qui utilisent des plateformes de distribution commerciales comme Amazon sont un peu plus accessibles que celles distribuées sur les sites ou réseaux personnels des auteur-trices. Quoi que d’identifier des titres intéressants sur une plateforme genre Amazon peut être une tâche ardue face à la quantité faramineuse disponible ! Si je ne connaissais pas aux préalables les blogs d’Arnézia et d’Agnès, je ne suis pas certaine que j’aurais trouvé leurs œuvres par moi-même. Sagia et les deux romans d’Agnès Aleya me donnent envie de continuer à piger dans l’offre littéraire en autoédition. Je sais que quelques-uns d’entre vous avez également autoédité de vos œuvres et j’espère bien pouvoir les lire éventuellement. J’espère également découvrir de nouvelles plumes de cette façon.

Le dernier livre dont je voulais vous parler est House of Frank de Kay Sinclaire, un livre publié sous l’imprint d’Ezeekat Press par Bindery Books. Bindery Books est une plateforme de publication collaborative. Le principe est que des auteur-trices avec ou sans agent soumettent leur manuscrit à quelques influenceur-ses de la communauté bookish, trié-es sur le volet et invité-es à joindre les rangs des tastemakers de Bindery Books. Ce sont ces tastemakers qui choisissent ultimement le livre que leur imprint publiera prochainement. Je suis tombée sur le concept parce que je suivais déjà Jaysen aka Ezeekat sur Instagram, à distance si l’on veut, car je n’ai pas joint pour l’instant sa communauté sur Bindery, bien que j’y songe de plus en plus. À force de l’entendre parler du processus de publication à travers ses reels de mise à jour, je me suis laissée tenter. Il faut dire que les thèmes me rejoignaient aussi – surtout le deuil, le côté cosy fantasy, le trope found family. Je ne l’ai pas regretté.

I freeze. I realize I’ve said your name out loud. I’ve never done that before. You know, in all my time speaking to you in my mind, I don’t think I’ve ever envisioned you here, actually listening to me. I think you’ve just become another part of me, another half of my soul. The shape of your memory, your thoughts, my love for you, formed your voice for me. (p.225, House of Frank de Kay Sinclaire)

Jaysen a choisi une histoire percutante pour la première publication de son imprint, débordante d’émotions et présentant des personnages hétéroclites haut en couleur, bien développés, et tous plus attachants les uns que les autres. L’autrice a écrit cette histoire après la mort de sa mère et House of Frank a fait partie de son processus de guérison, processus toujours en cours. Deuil, famille choisie, vieillesse et guérison forment la trame de ce récit qui, bien qu’empruntant la plupart des clés du cozy fantasy, est d’une forte intensité, tout en étant bien dosée. Au moment où j’écris ces lignes, cela fait environ un an que je l’ai lu et ses éléments demeurent très vivides dans mon esprit. Je sais que c’est un roman dans lequel je replongerai volontiers un jour. Depuis, Ezeekat Press a publié un autre roman, très différent à prime abord, Of Monsters and Mainframes de Barbara Truelove qui promet tout autant. Je ne me suis pas procurée de copie encore, mais il est tout en haut de ma liste de souhait. J’aimerais bien découvrir certains des titres d’autres tastemakers de Bindery Books aussi.

En trois ouvrages publiés de façon non traditionnelle, je suis passée par une gamme d’émotions, du rire aux larmes, j’ai découvert des lieux imaginés très différents et rencontré de très sympathiques personnages. J’y ai trouvé variété, intensité et réconfort tout en encourageant directement des personnes dont j’appréciais déjà la présence en ligne. C’est sans doute le plus beau dans tout ça avec les livres qui ne sont pas édités dans les grandes maisons d’édition, c’est que nous pouvons soutenir plus directement les auteur-trices.

Et vous, lisez-vous des livres autoédités ? Connaissez-vous d’autres modes d’édition moins conventionnels ? Et si vous avez publié un ouvrage ainsi déjà, n’hésitez pas à en glisser un mot en commentaire.

Je vous laissez avec une mention que demain (8 décembre), c’est le jour de Clément. Ce sera le troisième sans lui, le premier avec Gigi.

Jeune chaton Clément fixant l'objectif, assis sur le futon à gauche de mon ordinateur portable. En avant-plan, une partie d'un article académique sur mes genoux comme j'étudie pour ma fin de session.

12 réponses à « REP : exploration du monde de l’édition non-traditionelle en trois ouvrages »

  1. Intéressent partage, Marie-Luce ! Vite, passe le temps ! Bonne semaine

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    1. Merci beaucoup Colette, bonne nuit et bon mardi !

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    1. Merci Barbara 💖. Beau et doux mardi à toi !

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  2. Une grande pensée pour Clément (et oui Felinerie lui irait bien) 😻

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    1. Merci de tout coeur, Émilia 💖💖. Beau mardi à vous trois !

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  3. Très intéressant, je ne connaissais pas Bindery Books, mais j’ai déjà utilisé Amazon pour publier deux livres sous le pseudo AGN qui relèvent de la comédie de boulevard policière : mes rares lecteurs m’en ont dit du bien, mais la prochaine fois il faudra que je prévois un plan de communication pour mieux me vendre 🙂
    J’aime beaucoup l’idée du titre sa Félinerie qui irait parfaitement à Clément 💚
    Merci pour le partage 😊

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    1. Amazon semble une plateforme intéressante pour l’autoédition, mais en effet, ça prend un plan comm quand même.

      Je les ai trouvés (ça n’a pas été facile sans les titres 😉 ), je les place dans ma liste de souhaits. Ils n’y resteront sans doute pas longtemps.

      Je me rappelle avoir suivi une histoire que tu as publié sur ton blog il y a deux ans je pense et l’avoir énormément apprécié, alors, bien hâte de voir ce qui a pondu d’autres. 😄

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  4. Merci pour les Chats détectives ! L’auto-édition est vaste et je peux témoigner qu’il existe des pépites — je chronique moi-même les livres de collègues. En fait, quand on est en auto éditeur, on est son propre éditeur/éditrice. En gros, en France, on a le statut d’artiste-auteur pour tout le monde, mais ce qui change, c’est qu’on déclare différemment ses ressources. Et, bien entendu, on a plusieurs casquettes qui sont normalement dédiées aux maisons d’éditions : comité de lecture, correction, mise en page et choix de la couverture. Pour ma part, je fais appel à des bêta lecteur.ices, idem pour la correction (parce qu’on ne voit pas ses propres fautes).

    Pour Sken Lodge et Les Chats, j’ai conçu les couvertures, pour les versions brochées comme reliées (et entre nous, les versions reliées sont meilleures car j’ai acquis des compétences depuis). Pour Les Echos du Manoir, j’ai fait appel à une illustratrice ; quelque chose que je referais…

    Bref, Les chats numéro 2 arriveront courant 2026, au pire pour le salon de Toulouse en avril.

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    1. Ça me fait plaisir ! Vivement la suite (mais aucune pression, je suis une lectrice très patiente 😄).

      Il y a en effet beaucoup de travail derrière l’autoédition. C’est une voie intéressante, mais qui demande énormément d’efforts et de développer pas mal de compétences tranversales.

      Tes chroniques sur d’autres auteurices autoédité-es ont suscité mon intérêt, il me semble avoir noté quelques titres que tu as chroniqués déjà.

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