フェアリーフライデ ~­ Un Fairy Friday au Japon !

Fairy Friday

J’avais déjà quelques pistes pour le vendredi féérique du mois d’avril, mais rien de bien concret quand je me suis rendue compte que le choix du sujet allait pourtant de soi ! Comme avril est le mois au Japon, rendez-vous organisé par Hilde et Lou, pourquoi ne pas parler des créatures fantastiques de ce pays au folklore bien garni ?

Avant de commencer, je tiens à préciser que les katakanas du titre sont une littérale transcription de l’expression Fairy Friday et m’ont été fournies par Google Translate. S’il y a erreur, blâmons la machine ! Fearifuraide, c’est la traduction qu’offre celle-ci. Je trouve ça drôle que Google n’a que transcrit en japonais l’expression anglaise de deux mots. Séparément, ça donnerait plutôt Yôsei (fairy) Kin’yôbi (vendredi), si on le traduirait comme vendredi des fées. Ça pourrait donner quelque chose du genre Yôsei no Kin’yôbi. Enfin, bref, le but était simplement de vous plonger dans l’ambiance pour ce rendez-vous féérique où je nous propose de nous transporter au Japon.

Les légendes japonaises sont légions, je ne ferai donc qu’un survol de quelques notions du folklore japonais parsemés de références pour aller plus loin ou pour découvrir une adaptation en film, en livre ou en série. J’ai finalement décidé d’amarrer ce survol sommaire du monde enchanté japonais aux oeuvres culturelles avec lesquelles je suis très familière et qui évoquent le type de créatures magiques que j’ai envie de vous présenter ce mois-ci. Principalement, vous verrez, ces oeuvres sont des films du Studio Ghibli. Il faut dire que selon un des principaux systèmes de croyances du Japon, le shintoisme, tout être, tout objet est animé d’une vie spirituelle, ce qui a engendré une grande variété d’esprits, sans oublier les créatures complètement surnaturelles. Yôkai, yurei, yôsei, kami sont autant de voies que nous pourrions explorer dans le cadre d’un vendredi féérique, quoi que kami s’applique un peu moins, puisque les kami sont plus des divinités que des esprits ou des créatures fantastiques. Ceux que je vous présente ci-dessous se casent à peu près tous sous yôkai.

J’avoue que ma petite recherche pour documenter cette présentation n’a pas donné de résultats probants, me permettant de trouver un fil conducteur, ou plutôt, ça m’emmenait plus dans les versions malignes, horrifiques des yôkai et je ne suis pas d’humeur en ce moment pour ce type d’esprits. Un autre jour peut-être… Ma recherche m’a au moins permis d’apprendre qu’il existe depuis plus d’un siècle une science étudiant les yôkai au Japon. D’ailleurs, le terme yôkai semble lier à l’émergence de cette branche académique. C’est un mot fourre-tout pour classifier les différents monstres, esprits et démons issus du folklore japonais. Beaucoup de ces êtres surnatels revêtent une forme animale, bien qu’il y en a des humanoïdes aussi, ainsi que d’autres qui combinent les deux grâce à leur pouvoir de transformation, et puis d’autres totalement différents, d’apparence ni humaine, ni animale, ni végétale.

Parade de nuit des cents démons (section d’une oeuvre plus large)

Pour commencer, je vous présente ces petits esprits de la forêt si mignons, bien qu’un peu inquiétants, qu’Hayao Miyazaki a intégré dans l’univers de son film Princesse Mononoké. C’est le premier film du Studio Ghibli que j’ai vu dans ma vie et demeure un de mes préférés (bien que j’aurais de la difficulté à classer en ordre de préférence chaque film du Studio Ghibli…). Les kodama sont parmi les personnages (très secondaires) que j’ai adorés dans ce film. Si leur apparence et leur comportement est une interprétation de Miyazaki, les kodama, esprit habitant dans un arbre, proviennent de mythes plus anciens et sont généralement considérés comme des esprits gardiens. Cela ne veut pas pour autant dire qu’ils soient bienveillants envers les humains, surtout ne vous aviser pas de couper l’arbre qu’ils habitent ! Ça vous porterait sûrement malchance…

Quand on dit que tout peut être animé dans les croyances shintoïstes, Hayao Miyazaki a été jusqu’à représenter de la poussière et de la suie animée dans son film Mon Voisin Totoro et puis, plus tard, dans son film Le voyage de Chihiro. Bien que les susuwatari semblent être une création moderne, ils personnifient bien la diversité et la versalité des êtres fantastiques peuplant l’imaginaire japonais. Totoro et le chat-bus, deux autres des créatures présentés dans Mon Voisin Totoro sont probablement plus près de légendes existantes ; le nom de Totoro viendrait de l’équivalent japonais de troll et le chat-bus partage certaines ressemblances à un yôkai ancien, le bakeneko, bien que la version offerte par Miyazaki est bien moins malicieuse. Tout ça me donne très envie de revoir Mon Voisin Totoro, sans doute l’un des films du Studio Ghibli que j’ai visionné le plus souvent ! Je vous ai inclus une photo d’un gâteau d’anniversaire et cupcakes assortis basés sur les créatures de Totoro que j’avais réalisés il y a plusieurs années. Ça vous donne une idée à quel point les créatures présentées dans ce film me fascinent !

Une de mes scènes préférées de Mon Voisin Totoro :

Même sans les inventions des oeuvres culturelles récentes, le folkore japonais est très vaste et riche et inspire encore de multiples revisites. Toujours dans les productions du Studio Ghibli, un excellent exemple se trouve dans le film de Pompoko réalisé par Isao Takahata. D’abord, ce film suit deux tribus de tanuki. Les tanuki ou chiens viverrins sont une espèce réelle autour de laquelle des légendes se sont tissées. On les dit entre autres polymorphes, pouvant se transformer en à peu près n’importe quoi en se posant une feuille ou non, les avis varient sur la question. Takahata explore ce pouvoir de façon amusante et ludique dans son film dont durant la scène de la fameuse parade des yôkai où les tanuki prennent l’apparence de monstres et esprits parmi les plus grotesques de la galerie millénaire des yôkai. Carfax a fait l’automne dernier un excellent exposé de cette parade et des créatures mythiques qui y sont présentées dont vous pouvez trouver la première partie ci-dessous.

J’avais commencé à revisionner Pompoko l’automne dernier, les billets de Carfax m’avaient donné le goût de revoir ce film, mais mon visionnement avait été interrompu et je ne l’ai pas repris depuis. J’aimerais bien finir ce second visionnement, qui sait peut-être même ce week-end, dernier week-end officiel du Mois au Japon. Je dis officiel, parce qu’en fait, lors de leur billet de présentation du rendez-vous 2024, Hilde et Lou ont lancé l’invitation à poursuivre le mois au Japon au-delà d’avril, pour ceux et celles que ça tente. Les oeuvres japonaises étant souvent dans le top de mes choix, je pense bien accepter l’invitation.

Un véritable chien viverrin. Crédit photo : Kanahebi1354, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons

Comme vous pouvez le constater, beaucoup des figures emblématiques du folklore japonais ressemblent peu à l’image de la féérie d’origine européenne, bien que ses créatures soient, selon moi, tout aussi emplies de merveilleux. Dans les créatures qui se rapprochent le plus de fées, j’ai trouvé les Koropokkuru, des petits être humanoïdes provenant de légendes aïnu, ce peuple originaire de la péninsule nord du Japon, Hokkaido. En fait, j’avais déjà entendu parler d’eux, entre autres en lisant dans ma jeunesse la série de manga Shaman King, toutefois, je n’aurais pas retrouvé leur nom sans cette recherche. Ce sont de minuscules lutins, ou gobelins, réputés vivre sous les feuilles de pétasites ou au pied de tussilages et seraient un peu comme les kodama, des protecteurs de leur environnement. Ils seraient aussi bienveillants et guideraient les humains égarés. On pourrait penser qu’ils ont inspiré les personnages d’Arrietty et sa famille dans le film Arrietty, le petit monde des chapardeurs, une autre production du studio Ghibli, réalisé par Hiromasa Yonebayashi, mais celui-ci est plutôt basé sur la série de romans britanniques, The Borrowers de Mary Norton (dont j’ai les livres en coffret dans ma PAL depuis une éternité, le mois anglais pourrait être l’occasion de l’en sortir…).

Pour moi qui adore les renards, qui voyait Clément autant comme un chat qu’un renard, même avant qu’il se lie d’amitié avec Tenzen la peluche renard, je ne pouvais vous parler des êtres fantastiques issus du Japon sans mentionner les kitsune. Ces esprits renards, souvent malicieux et très rusé, peuvent se transformer en humain, généralement en femme séduisante. On leur prête parfois certains pouvoirs comme d’être capable de lire dans les pensées On peut trouver toutes sortes de représentations culturelles des kitsune. C’est probablement un des yôkai les plus représentés hors du Japon d’ailleurs. Sans doute est-ce pour cela que je n’arrive pas à trouver un exemple à vous présenter. En cherchant, je me suis fait rappeler que les kitsune apparaissent entre autres dans le film Pompoko, cité ci-dessus. Ça m’a fait penser aussi à un film coréen que je veux voir depuis belle lurette, The Fox Family. Préparer ce billet semble me permettre de me monter ma prochaine liste de visionnements !

Des tanuki métamorphosés en kitsune durant la parade des yôkai du film Pompoko

C’est tout pour cette fois. J’espère que ce petit tour des légendes du Japon vous a plu. Avez-vous une suggestion d’oeuvre culturelle mettant en scène certaines des créatures présentées ci-dessus ou d’autres issues du folklore japonais ?

Là-dessus, je vous souhaite un beau week-end des plus féériques, déjà le dernier de ce mois d’avril.

21 réponses à « フェアリーフライデ ~­ Un Fairy Friday au Japon ! »

  1. Vu que je lis le japonais, mais ne suis pas toujours certain des translitérations en katakana, j’ai vérifié ta « fairy » contre le nom en japonais du jeu « Bravely Default: Flying Fairy ». C’était la même, donc elle passe. 😉

    https://www.jp.square-enix.com/game/detail/bdff/

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    1. Merci pour la vérification Justin 🙂 ! J’aimerais savoir lire au moins un peu le japonais. J’avais commencé à l’apprendre il y a plusieurs années, mais je vais l’avais laissé de côté et n’ai jamais repris depuis.

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  2. Etant fascinée par le Japon, je ne pouvais qu’apprécier ton article 🙂 Je trouve génial qu’il existe une science étudiant les Yokai !

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    1. Ça me fait plaisir que tu l’aies aprécié ! C’est un vaste pan de la culture japonaise, ça fait du sens qu’il soit étudié, mais ça m’a surpris quand même que ça existe. Ça doit être intéressant un colloque de spécialistes en yôkai.

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      1. Cela doit même être passionnant 🙂

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  3. Je découvre… je découvre.
    Merci et bon week-end.

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    1. Ça me fait plaisir de partager ces découvertes. Bon lundi à vous deux 💕

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  4. bonjour, comment vas tu? merci pour la citation 🙂 j’ai parlé aussi des tanukis sur mon blog. j’aime beaucoup les Miyazaki mais j’avoue ne pas les avoir tous vus. passe un bon week end et à bientôt!

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    1. Ça va correct, la semaine commence un peu meh. Et toi ?
      Je pense que je l’ai vu celui sur les tanuki.
      Je comprends, il m’en manque peu pour avoir vu tout son oeuvre au moins une fois, ça m’a pris de nombreuses années pour en arriver là. Ils sont presque tous sur Netflix ici, ce qui rend la tâche plus facile.

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      1. un peu fatiguée moi aussi mais ça va aller ^^ en France aussi ils sont dispo sur Netflix, mais j’avoue que je ne prends pas vraiment le temps de les regarder. car justement j’ai tendance à être fatiguée au quotidien et le soir je regarde plutot un épisode de série. passe un bon jeudi et à bientot!

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      2. Il faut s’investir plus pour visionner un film, en effet, surtout sous-titré. En semaine, je favorise aussi les séries.

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  5. Oh ! Marie-Luce, dépaysant et fort intéressant !!! Bon début de semaine.

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    1. Oui, ça change de notre folklore 😄. Bonne nuit et beau mercredi Colette !

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  6. J’avoue tout, de manière générale, je ne suis pas très fan de Miyazaki et je ne connais pas grand-chose au folklore japonais. Donc merci pour cette présentation qui va me permettre d’être un peu moins ignare quand je discute avec mes enfants ^^

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    1. 😆 Tout un aveu ! 😉 J’admets être un peu curieuse de connaître les films que tu as déjà vus…
      Le folkore japonais est vaste et j’en ai moi-même beaucoup encore à apprendre. Je suis contente de t’en faire découvrir un pan.

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      1. J’ai vu Mononoke, Shihiro, Totoro… C’est beau mais ça ne me parle pas vraiment.

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      2. Quand même parmi les plus réussis narrativement, 🤔. Peut-être que son style narratif ne fonctionne pas pour toi. Si tu n’as rien vu de réaliser par Isao Takahata, cofontateur du studio Ghibli, je te recommande Only yesterday et Mes voisins les Yamadas. C’est très différent de ce que Miyazaki fait. On sait jamais, ça pourrait mieux te plaire. 😊

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  7. […] à Marie-Luce, j’ai lu un article des plus intéressants sur le folklore japonais que je vous recommande à […]

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  8. Un de mes articles Marie-Luce

    Kitsune


    En ce moment les renards tournent en montagne, les renardes cherchent à manger pour leurs renardeaux ! En espérant qu’elles ne s’attaquent pas à nos poulettes …

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    1. Merci Juliette pour le partage ! Je ne connaissais pas Shonen Knife et je voulais justement découvrir de nouveaux (pour moi) artistes japonais, alors, ça tombe à point ! 😄
      Mais c’est qu’elles doivent les nourrir, leurs petits. 😉 Je comprends néanmoins que tu préfères qu’elles trouvent autre chose que tes poules à se mettre sous la dent.

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      1. J’aime aussi les renards et je déplore qu’ils soient chassés comme tant d’autres animaux ! je vis dans une région de chasseurs passionnés et je ne les aime pas …

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