Miaougraphie de Clément

Deuil en cours
Le texte ci-dessous a été écrit initialement deux jours après la mort de Clément. De légères modifications ont été apportées pour limiter les répétitions.

Clément était une étoile, une superstar! Celle de nos coeurs, et maintenant, je me plais à penser qu’il est devenu l’une de celles du ciel. Qu’à l’heure de sa mort, une nouvelle étoile est née quelque part dans l’univers et que sa lumière atteindra dans les prochains mois la Terre.

Ça ne me le rends pas, mais ça donne un peu de sens et d’espoir à sa fin.

Quinze ans, c’est énorme! … Et j’ai l’impression que cela pèse lourd sur moi en ce moment. Je me sens écrasée par quinze années de joies quotidiennes, de chagrins occasionnels, de rires, de grands plaisirs et de petites colères. Bien que le poids de ces années me suffoque maintenant, je sais qu’éventuellement j’y trouverai réconfort et bonheur. Mais dans l’immédiat, tout cet amour et tout ce vécu semblent amplifier mon chagrin.

Il est certain que la gamme d’émotions intenses par lesquelles je suis passée dans les derniers moments avec mon kitty cat joue beaucoup sur mon état présent. Je me rends compte que, dans les dernières vingt-quatre heures de vie de Clément, je suis passée à une vitesse folle de l’inquiétude, à la panique, à l’anxiété, puis au choc, pour finir sur le traumatisme de l’euthanasie pour laquelle je n’étais pas préparée du tout. Alors, quand tout a été fini pour ma petite boule de poils préférée, j’étais à vif, écorchée, le coeur grand ouvert par une déchirure de la taille que Clément occupait dans ma vie.

Les minutes s’égrénaient lentement durant cette première journée de deuil et les séquences de pleurs se suivaient avec peu de répit. J’ai passé à travers cette journée, parce qu’il le fallait. Sachant que mon deuil à ce moment m’étouffait, je me suis rappelée différentes choses que j’ai lues dans les dernières années sur le processus du deuil. Pas que je m’étais préparée, mais que le choix de certains romans m’ont amené à découvrir différentes facettes du deuil à travers des histoires fictives.

L’une des choses qui m’a beaucoup aidé dans les derniers jours a été de me fixer des tâches à accomplir. Pas beaucoup à la fois, et pas énorme pour commencer, juste assez pour me permettre de ressentir toutes les émotions liées à la mort de mon chat chéri sans tout laisser tomber. La première journée, ces petites tâches entouraient principalement le deuil de Clément comme écrire un mot pour annoncer sa mort et la publier sur Facebook, commencer tranquillement à ranger ses accessoires et ses bols, m’assurer de passer une commande pour l’empreinte de patte commémorative à la compagnie s’occupant de son incinération et prendre rendez-vous par le service d’aides aux employés de mon entreprise pour consulter.

Ces gestes m’ont aidé à commencer à apprivoiser la routine de l’après-Clément, à écouler un peu de temps et à me recentrer légèrement. Légèrement, parce que le tumulte de mes émotions m’emporte encore bien souvent depuis que le coeur de mon monde s’est écroulé lundi. J’ai tenté de combiner des actions pour honorer la mémoire de Clément tout en atténuant l’effet du retour dans un environnement fortement imprégné par sa présence à des tâches pour prendre soin de moi.

Ainsi, en parallèle avec mes autres actions, j’ai posé de petits gestes pour honorer ses quinze années d’existence à nos côtés. Par exemple, le collier qu’il portait fièrement dans les dernières années avec sa médaille achetée à notre arrivée à Québec trône depuis lundi dans la fenêtre sur Clément II, une peluche aux grands yeux ressemblant fortement à Clément que mes soeurs m’avaient offerte avant un voyage il y a de cela plus de dix ans déjà et qui était devenu un grand ami de Clément, premier du nom. Lundi soir, j’ai allumé une bougie que j’ai placé à côté.

Pourquoi le mettre dans la fenêtre ? Clément a passé des heures et des heures dans cette fenêtre à observer la faune humaine, à se pavaner dans tous ses apparats, cravate, noeud papillon, ruban, etc., à se faire saluer, complimenter et même prendre en photo par les passants. Dans les deux dernières années, il y a passé moins de temps, mais cela demeurait un de ces endroits préférés. Ce petit autel à Clément me permet de me rappeler le plaisir de saluer mon chat le matin, quand je partais vers le bureau ou quand je revenais du bureau, et laisse savoir au voisinage, subtilement, que Clément, la mascotte du bloc, n’est plus.

Une semaine après avoir écrit ce texte, Clément II trône toujours dans la fenêtre, avec quelques ajouts. Paula, l’ours polaire en peluche que j’avais offert en cadeau de Noël à Clément il y a plusieurs années, y a été ajouté peu après. Iconiki, la petite peluche licorne que nous avions apporté avec nous lorsque nous nous sommes précipités chez le vétérinaire et que nous lui avions laissé pour sa nuit d’hospitalisation, vient de rejoindre ses camarades après avoir été récupéré du centre vétérinaire. Je ne sais pas pour combien de temps nous garderont cette vitrine, aussi longtemps que nous y trouverons du réconfort j’imagine…