Miaougraphie de Clément

Un mélange d’un peu de Deuil en cours et d’une Tranche de Miaougraphie

Quand le malheur s’abat, j’ai l’impression que la chance me désertera pour un (long) bout. Je me souviens dans les jours suivant le décès de bébé chat m’être sentie prise dans une série de malchances et de déconfitures. Ça ne s’est pas matérialisé pour autant, bien que chasser cet état d’esprit n’a pas été facile. Même que les relents remontent de façon inopportune, même pour des choses bien bénignes. Un verre qui se fracasse sur le sol, un petit bris matériel presqu’inoffensif sur ma caméra (mais qui m’empêche de profiter de mon nouveau trépied), un chaudron qui déborde, une partie de dés où le hasard ne semble pas en ma faveur, tous des exemples récents de mon quotidien où la chance semblait me fuir.

Une réflexion qui est revenue me hanter durant la partie de dés citée ci-dessus. Nous jouions au Yathzee, mon conjoint et moi, un des jeux que nous affectionnons. Je pense bien que c’était la première fois depuis la mort de notre cher petit roi félin. Après une série de lancers moyens, mes pensées ont erré dans les sentiers de mon coeur menant à Clément. Clément qui pourchassait un dé vagabond ayant tombé sur le plancher. Clément qui montait sur nos genoux pour participer à la partie. Clément sur la table qui regardait, concentré, les dés roulés… et pendant que le joueur réfléchissait à quoi noter, se couchait sur les dés arrêtés. Clément qui s’assoyait sur la fiche de pointage de mon conjoint ou la mienne. Clément qui voulait mordre mes doigts quand je tentais de récupérer les dés qu’il gardait bien au chaud. Un Mément trop excité que nous devions descendre de la table et qui trouvait le moyen, peu de temps après avoir touché le sol de remonter !

Nous en avons joué des parties de Yathzee à travers les années et c’est de loin le jeu auquel bébé chat a pris part le plus régulièrement. Il s’immisciait tout de même dans nos autres loisirs. Il se couchait en partie sur la planche de cribbage ou sur les cartes jetées dans le crib. Il se frottait et, parfois, mordillait les cartes que nous tenions en main. Clément s’amusait parfois avec le stylo entre nos doigts lorsque nous jouions à Boggle. Pour certains jeux qui laissaient peu de place sur la table, genre Scrabble, Monopoly et autres jeux de table, il s’installait sur une chaise ou à nos pieds jusqu’à ce qu’il s’ennuie trop. Pour l’occuper, ça m’est arrivé de déplacer mes pions ou poser ma carte d’une main tandis que de l’autre, je faisais danser une ficelle avec ou sans jouet accroché pour jouer avec Clément. Il a même réussi à s’asseoir une couple de fois sur le précieux jeu de Backgammon de mon conjoint. Vous pouvez imaginer que c’était très difficile de continuer la partie ainsi et surtout, d’arriver à déplacer le chat seulement et pas les pions ! Mais Mément a été beaucoup plus présent durant nos parties de Yathzee que toutes les autres. Du point de vue d’un chat, c’est sûr que c’était plus intéressant des dés qui roulent que des cartes ou des jetons de backgammon ou des tuiles de Scrabble ! Après tout quoi de mieux pour un chat que de multiples dés qui roulent et bondissent dans tous les sens ?

Pas surprenant que la morosité se soit abattue sur moi brièvement pendant cette récente partie. Surtout qu’avec ma série de coups moyens bof, j’ai songé à ces petits gestes que je posais fréquemment durant nos parties de Yathzee : avant un lancer important ou pour faire virer le vent, je lui faisais sentir les dés pour qu’il me porte chance ou les frottais doucement sur sa tête. Ce n’était pas une méthode infaillible, mais Clément m’a aidé à retourner la situation en ma faveur plus d’une fois dans le cours de nos jeux de dés ! Lors de cette récente partie, ma douce boule de poil chanceuse m’a manqué énormément. Quand était-ce la dernière partie de Yathzee à laquelle notre vieux chaton a pris part ? Je ne sais pas, trop longtemps, pas assez longtemps. Durant les Fêtes, je crois bien.

Bébé chat a participé ainsi à tant de soirées de jeux. Suivant son décès, ça m’est apparu important de reprendre les soirées de jeux avec mon conjoint sans trop attendre, sachant que cela ferait remonter des émotions peu importe quand nous reprendrions. Clément m’apportait tant de joie, de chance, de plaisir, bien des rires, et je l’admets aussi, quelques soupirs. Après tout, il a presque ruiné quelques parties en cours ce coquin de rouquin !