Tranche de Miaougraphie
Avant de partir en voyage la semaine dernière, j’ai pris le temps de copier l’hommage que mon conjoint a écrit pour notre rituel funéraire pour Clément. Tellement de ses mots rejoignent ce que je ressens, ce que je vis et comment je me souviendrai toujours de mon bébé chat, notre bébé chat. Clément nous a tant choyé, ce gros matou tout aussi irrévencieux que soyeux. Il nous poussait à être de meilleures versions de nous-mêmes, à nous pardonner, entre nous, mais aussi à nous-mêmes, à prendre du temps pour relaxer et profiter du moment présent. Nous avons eu tellement de chance de l’avoir à nos côtés, lui si vaillant, si bienveillant et tout aussi achalant…
À mes yeux, Clément était le plus beau, le plus doux, le plus gentil des chatons. Vivre avec lui m’a fait voir à quel point c’est puissant l’amour qui vient sans conditions, sans attaches. Je l’aimais, même quand il urinait sur moi !! Bon, ce n’est arrivé qu’une fois et dans des cirsconstances exténuantes, ce qui aidait sans doute. Mais oui, c’est arrivé. L’incident date d’il y a plusieurs années, plus de sept ans je dirais, même un peu plus. Moins de treize ans cependant, comme nous étions dans l’appartement actuel depuis déjà au moins deux ans quand c’est survenu.
Clément et moi étions relax, à chacun faire nos trucs dans la pièce jaune que nous surnommons yellow room et dont j’utiliserais maintenant ce nom pour la désigner dorénavant. Cette pièce était d’abord notre salon jusqu’à ce qu’un dégât d’eau me fasse penser que comme elle est située sous la salle de bain des voisins du dessus, ce n’était peut-être pas la meilleure pièce pour la télévision et autres appareils électroniques. C’est donc devenu une salle de repos, mais surtout notre tannière à Clément et moi où nous avons passé des centaines d’heures côte à côte, moi à étudier, lire, écrire, ou regarder des séries sur l’ordinateur portable ; lui à se nettoyer, se rouler en boule à mes pieds, marcher sur mes jambes ou creuser un nid dans les couvertures qui trônaient dans cette pièce.
Donc, nous étions dans cette pièce un soir, quand un bruit tonitruant a grondé dans les murs. Étant donné toute la tuyauterie pour notre salle de bains et celle d’en haut qui passe à travers les murs de cette pièce, les bruits sont fréquents, mais celui-ci était alarmant. Ça donnait l’impression que quelque chose pourrait imploser ou exploser à tout moment. Clément et moi avons réagi au quart de tour. Lui s’est réfugié sous le futon et moi, je me suis précipitée pour le tirer de là et sortir de la pièce en vitesse. Nous ne sommes pas sortis de la maison. Je nous ai juste déplacé dans une pièce à l’opposé où je me suis assise sur le plancher, en conservant Clément dans mes bras. Son réflexe d’aller sous le futon n’en était pas un mauvais, mais comme je savais que nous étions entourés de tuyaux d’eau, sous le futon devenait possiblement un mauvais choix, si jamais les vannes s’ouvraient.
J’essayais de rassurer Clément du mieux que je pouvais en serrant son corps tremblotant contre moi, en lui parlant et le caressant. Quelques bruits inquiétants ont suivi. J’ai alors senti une chaleur moite se glisser sur mes jambes… Pauvre chaton n’avait pu gérer sa frayeur et s’était échappé ! Je l’admets, j’étais dégoûtée, mais surtout un peu dépitée de n’avoir pu le réconforter suffisamment. Néanmoins, je n’étais pas fâchée contre lui, je ne lui en voulais pas et je ne l’ai pas relâché pour autant. Du moins, pas tant que j’étais suffisamment certaine que ce n’était que des bruits lugubres et qu’aucun désastre n’arriverait. Lorsque le calme fut revenu, j’ai desserré mon étreinte et Clément, ayant retrouvé quelque peu son courage et son ardeur, est parti investiguer prudemment. Moi, je me suis changée et j’ai nettoyé le plancher… Je n’ai jamais su ce qui avait causé ces gargouillis étranges et inquiétants. À ma connaissance, il n’y en a pas eu d’autres aussi particuliers depuis.
C’est parfois ça la vie de parent-chat, ramasser des dégâts, et pas juste sur le plancher ou les meubles. Cette anecdote représente un des moments moins glorieux de la vie de Clément, mais qui m’a marqué autant que ses meilleurs moments avec nous.





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