Deuil en cours
Je trouve l’expression « à fleur de peau » si belle, si douce. Elle m’évoque une image forte ; un pétale caressant délicatement l’épiderme ; une peau couverte de petites fleurs en éclosion… Pourtant, la vivre est souvent moins agréable, puisqu’être à fleur de peau signifie avant tout être dans un état de grande sensibilité où la moindre chose peut provoquer une réaction très vive. Ainsi, en ce moment, je suis à fleur de peau et je bascule parfois rapidement dans les larmes ou même l’irritabilité. Ces épisodes ne durent pas longtemps, mais se répétent régulièrement. Avec le printemps qui progresse, chaque nouveau bourgeon, chaque nouvelle éclosion est un instant de plus dont Clément ne profite plus. L’expression « à fleur de peau » revêt pour moi un sens quasi-littéral ces temps-ci. Les premiers relents d’été que nous avons eu ici la semaine dernière n’aident sans doute pas, me rappellant que bientôt débutera le premier été sans lui. Enfin, il me reste presqu’un mois pour me préparer à l’arrivée de l’été…
Je me sens fragile, mais je ne stagne pas pour autant. De façon générale, mon moral est assez stable, hormis ces moments à fleur de peau. J’ai repris goût aux activités culinaires, bien que je ne suis pas encore prête à me lancer dans de gros défis et que la préparation de repas demeure assez simple la plupart du temps. Néanmoins, j’ai réalisé au moins une confection par semaine dans le dernier mois et surtout, le plus important, j’y prends plaisir lorsque je le fais ! Par exemple, ce week-end, je visitais ma famille et j’ai montré à ma nièce la plus âgée, maintenant presqu’une adulte, à faire une recette de gâteau familiale, un gâteau aux miettes de biscuit Graham nappé d’un glaçage au sucre à la crème. Ce n’est pas mon dessert préféré, personnellement, mais j’ai passé un moment mémorable avec ma nièce à le faire. Cependant, je dois rapporter que malgré que j’apprécie à nouveau cuisiner, ma concentration n’est pas tout à fait au rendez-vous. Le gâteau que nous avons préparé ensemble, ma nièce et moi, a passé à deux doigts d’être très sablé… nous avions oublié le lait ! Par chance, la préparation que ma nièce mélangeait après que j’aille verser les ingrédients secs avait clairement une texture trop granuleuse, ce qui nous a poussé à vérifier la recette et à se rendre compte de notre légère omission. Double chance, ce n’est pas le genre de gâteau dont on doit respecter à tout pris l’ordre des étapes, alors, il n’y a pas eu de conséquence à cet ajout à la toute fin.

Et ce n’est pas le seul incident du genre qu’il y a eu dans ma cuisine. J’ai oublier d’ajouter le sucre dans une préparation il y a quelques semaines. Une partie de la préparation était déjà au four depuis une couple de minutes. J’ai pu rattrapé le tout, sans trop d’incidence sur le résultat final, mais ça a passé proche de devenir un étrange pain… Des débordements, des cuissons un peu plus qu’à point, des gâchis, il y en a eu récemment, mais ça ne me décourage pas et ça ne réduit pas, ou pas trop, mon plaisir en général. Seulement, je vais me cantonner aux confections simples et familières pour un temps encore. Je ne suis pas prête à reprendre les expérimentations culinaires !
Au Canada, c’était un long week-end, lundi 22 mai étant le congé pour la fête de la Reine ou des Patriotes, au Québec. Ça m’a permis de passer plus de temps auprès de ma famille et d’en visiter plusieurs membres. Ça m’a fait du bien ces petites retrouvailles, d’être dorlotée un peu, de gâter les miens en retour, et puis, de me promener dans le magnifique jardin de ma mère. C’est rare que les tulipes sont en fleur en même temps que les lilas, mais c’est le genre de printemps que nous avons cette année au Québec. Je ne m’en plaindrai pas, comme ça m’a permis de pleinement profiter des floraisons printanières en une seule visite, bien qu’elle fût tardive. Chez ma mère et puis, chez une de mes soeurs où nous nous sommes arrêtés sur le chemin du retour, j’ai pu observer quelques beaux oiseaux, dont des cardinals rouges, des merles d’Amérique, et des geais bleus. Malheureusement, je n’avais jamais ma caméra sous la main lorsque je les apercevais. J’adore contempler le vol et les parades des oiseaux, même si je n’ai jamais poussé cet intérêt bien loin. J’aurais aimé ramener quelques clichés de ces rencontres furtives, mais à la place, je ne rapporte que le souvenir et c’est déjà beaucoup.





Nous n’avons pas fait de promenade dans un parc ou un milieu naturel durant ce long week-end, toutefois, entre le jardin de ma mère et le détour que nous avons pris pour revenir à la maison, je trouve que j’ai fait le plein de vie verdoyante et vibrante en attendant la prochaine opportunité. Entre la confection et le partage de bons repas en famille, les jeux et les échanges, la contemplation de fleurs et d’oiseaux, j’ai l’impression de m’être bien ressourcée par cette visite. Fragilisée encore, vulnérable, mais avec une couche d’amour de plus pour renforcer mon épiderme interne. En espérant que ça m’aide à affronter ce qui me reste à faire dans le ménage du printemps qui est à peine amorcé…




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