Tranche de Miaougraphie
Du moins, c’est ce que je pense après avoir vécu un peu plus de quinze ans avec notre roi félin. Non seulement Clément était un excellent compagnon de lecture, mais il passait beaucoup de temps à « lire » lui-même, étendu près ou carrément sur les journaux, les magazines, les articles que nous imprimions et les livres éparpillés, à l’appui, nombre des photos que j’ai mises en ligne. Et il traitait le papier avec un certain respect, le mordillant rarement comme je l’ai mentionné dans d’autres de mes textes. Justement, quand on lit, on ne mâche pas le papier, preuve irréfutable que Clément appréciait la lecture ;). Une de nos blagues récurrentes, entre mon conjoint et moi, concernaient les études supérieures de notre coquin de rouquin, car entre mes études et celles de mon conjoint, et en incluant nos bibliothèques respectives, bébé chat a eu accès à un pan assez significatif du savoir humain. Nul doute qu’il étudiait notre société pour la comprendre (et pour mieux la dominer).

Mes histoires de lecture avec Clément sont plutôt douces et confortables. Je m’installais souvent sur le canapé-futon en position assise avec les jambes allongées, avec une doudou ou deux, selon la température ambiante. Je laissais amplement d’espace pour que Clément puisse me rejoindre et se coucher à mes pieds, ou sur mes pieds, ou à côté de moi, ou même, c’est arrivé sur mon ventre, quand j’étais bien calée. Il y a aussi eu cette brève période de quelques semaines ou mois, je ne me pourrais dire avec certitude, où, il se lovait carrément sous mes jambes. Je me positionnais fréquemment durant cette période d’une façon, oh comment décrire ; j’étais assise sur le canapé-futon, mais les jambes pliées, genous surélevés, ce qui créait un espace couvert sous mes jambes formant comme une tente. L’effet tente était amplifié lorsque j’avais en plus une jetée sur moi. Durant cette période, Clément se glissait sous mes jambes profitant de la double protection de mes jambes et de la couverture qui me couvrait. Lire avec lui était un plaisir douillet et je pense qu’il aimait la quantité d’heures que je dédiais dans les dernières années à cette activité puisque je passais ainsi plus de mon temps libre à la maison, dans des lieux où il pouvait garder un œil sur moi et où il pouvait profiter pleinement de ma présence.
Néanmoins, si vous demandez à mon conjoint, il vous racontera une toute autre réalité de lecture en compagnie de Clément. Sans doute est-ce en partie causé par ses habitudes de lecture divergeant des miennes. Lui, il lit souvent assis à la table de cuisine pour lire son journal ou sur une de nos chaises berçantes où notre chat n’avait pas de place pour s’installer. Alors, bébé chat tentait fréquemment de grimper sur lui ou encore sautait carrément sur lui. Pour le journal, nombre de fois, Clément s’allongeait sur la section que mon conjoint avait laissé plié sur la table en attendant de la lire. Ainsi, pour mon conjoint, lire avec Clément était un jeu, parfois énervant, toujours attendrissant. Avec moi, notre vieux chaton avait juste à me rejoindre pour aller chercher l’attention qu’il voulait. Avec mon conjoint, Mément pensait que faire réagir était nécessaire pour recevoir l’attention désirée.
Grâce à nous, Clément a lu toutes sortes d’ouvrages, l’actualité locale et internationale, le National Geographic, des ouvrages académiques sur l’urbanisme, la géographie, les sciences politiques et économiques, des bandes dessinées, des romans jeunesses, des classiques de la littérature, des oeuvres de tout genre, policier, science-fiction, fantastique, drame de moeurs, comédie romantique, drame historique… Bref, il avait l’embarras du choix. Il a parfois fait tomber des livres de nos étagères, sans doute parce que le livre qui le tentait à ce moment-là ne lui était pas accessible. Toutefois, il ne l’a pas fait souvent. Si les étagères étaient bien garnies, de façon égale, notre vieux chaton les laissait généralement tranquille. Par chance, il ne tentait pas de monter dans les bibliothèques, sauf dans les étagères du bas si elles étaient vides en partie. Là, il s’en donnait à coeur joie. Je me rappelle qu’après avoir monté une bibliothèque à deux étagères basse, mais assez large, Clément avait adopté l’étagère du bas pour s’y reposer. Il paraissait si confortable et si heureux que j’avais décidé de la laisser vide, à l’exception d’un ajout mignon et douillet, une petite jetée Hello Kitty. Je pensais ainsi faire un coin lit pour bébé chat… Cependant, cela ne convenait pas à Monsieur le chat, puisqu’après y avoir placé la couverture, Clément n’y ait plus retourné ! Même quand j’ai abdiqué et retiré la couverture. Tant pis pour lui, j’ai trouvé de quoi remplir l’étagère. N’empêche que ça ne m’aurait pas dérangé de la lui laisser, puisqu’à la hauteur de cette étagère au ras du sol et à l’endroit, près de la porte d’entrée, où elle était placée, je ne voulais pas mettre de livres.
Bref, d’une façon ou d’une autre, la lecture a fait partie de son existence féline. J’aime penser qu’il y prenait part « activement », semblable à ce que Pierre Pevel décrit dans sa série de romans Le Paris des merveilles ( j’adore cette série où steampunk s’allie au conte de fée sur fond d’enquête genre roman à feuilleton du milieu du XXe siècle). Dans l’univers qu’il a créé, l’auteur prête à l’une de ses créatures féériques, le chat ailé, la capacité de lire tout livre ou oeuvre imprimée en dormant dessus. J’ai toujours aimé l’idée que Clément lisait les écrits à sa façon, je ne le restreignais pas seulement à l’état d’assoupissement, mais je trouve l’idée de Pevel sympathique. Alors, parlant de la relation de notre chaton avec la lecture, je ne pouvais m’empêcher de faire référence à cet petit élément de l’univers du Paris des merveilles. Pour finir, quelques photos immortalisant l’amour des livres de notre noble félin. Au lieu de chercher des nouvelles photos, je vous ai regroupé des photos déjà partagés sur mon blog.
Alors, Clément était-il un lecteur avide et aguerri ? Je vous laisse décider par vous-mêmes.









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