Deuil en cours
Cette fois-ci, pour ma rubrique dans ce qui me réconforte, j’ai envie de vous parler des petites choses dont je m’entoure et des gestes que je répéte dans les derniers mois qui sont devenus partie intégrante de ma routine bien-être. Je les considère un peu comme des béquilles sur lesquelles je peux m’appuyer tant que j’en ai besoin. Toutes ces choses, ou presque, je n’en ai peu ou pas du tout parlé sur mon blog jusqu’à présent.
La première est une reprise d’un rituel que nous suivions quand Clément était en vie, mon conjoint et moi. Que nous étions à la maison ou non, nous avions l’habitude avant de nous coucher de souhaiter bonne nuit à Clément à voix haute. J’ai recommencé à le faire, seule, je ne pourrais dire pour mon conjoint si lui le fait aussi comme je ne lui en ai pas parlé et que je ne le fais pas à voix haute quand il est étendu à côté. Toutefois, ça m’a pris quelques semaines, après le décès de Clément, pour reprendre ce geste. Au début, ça me rappelait trop vivement le fait qu’il n’était plus là. J’aurais été incapable de même penser ces trois petits mots « Bonne nuit Clément » dans les premiers temps de mon deuil. Si je me rappelle bien, j’ai recommencé la lui souhaiter bonne nuit durant la semaine, à la fin du mois de février, que j’ai passé seule à la maison. Ça m’a aidé à trouver le sommeil plusieurs fois, m’apaisant suffisamment pour m’endormir. Je l’inclus dans ma liste d’aujourd’hui, bien que je peux rapporter que je le fais déjà moins régulièrement. Pendant une période entre mars et mai, c’était à tous les soirs ou presque que je répétais ces quelques mots. Maintenant, c’est à peine deux ou trois fois par semaine et c’est plus souvent une pensée, tout au plus un murmure. Néanmoins, je continue de le faire encore, surtout les nuits où je me sens plus troublée ou celles où je suis seule à la maison.
Sans surprise peut-être, la prochaine chose concerne les rubans éparpillés dans la maison. Quand je trouve un ruban qui traîne depuis la mort de Clément, je ne peux m’empêcher de lui trouver une utilité, un endroit où l’accrocher : sur une peluche, pour attacher mes cheveux le temps d’une soirée, sur le stand que j’utilise parfois pour ma tablette, etc. Qu’ils aient été l’un de ceux portés par bébé chat ou non, les placer à un endroit qui leur convient est un petit plaisir qui se prolonge ensuite dans leur admiration régulière. Attacher un ruban autour de quelque chose est devenu pour moio un geste honorant la mémoire de Clément-chou connotant un certain défi ; celui de trouver le meilleur endroit pour mettre en valeur le ruban. Rassurez-vous (et surtout mon conjoint si jamais il lit ce texte un jour), je ne me mettrai pas à faire des rubans à partir de tout et de rien et couvrir toutes les surfaces possibles… Quelques-uns ayant une place semi-permanente me suffissent amplement, les autres, je leur trouve une place pour quelques instants avant de les ranger.

D’ailleurs, dans un registre semblable que les rubans, j’ai retrouvé il y a quelques semaines le noeud papillon de Clément. Imaginez ma joie quand j’ai trouvé, en plus, quelques poils accrochés à ce noeud papillon. J’ai voulu le garder près de moi et je l’ai donc placé à mon bureau de télétravail qui est également l’endroit où je compose la majorité de mes textes et les édite pour le blog. Pendant une brève période, il faisait partie des petits trucs qui encombrent mon bureau jusqu’à ce que je lui trouve son emplacement idéal. J’ai sur le portable dans ce bureau, portable qui ne bouge pas d’un poil depuis belle lurette, une petite effigie en céramique représentant un chat couché sur le dos qu’une de mes bonnes amies m’a offerte il y a quelques années. Elle a la bonne forme pour servir de repose-noeud papillon. Ainsi, au moment où j’écris ces lignes, je vois du coin de l’oeil le noeud papillon de Clément qui camoufle en bonne partie le petit chat sur lequel il est posé. C’est devenu un élément de mon quotidien qui me réchauffe toujours le coeur lorsque je travaille à la maison ou que je prépare de quoi pour le blog. Tant que cette présentation me fera du bien, j’imagine qu’elle restera à sa place, posée sur le coin du portable. Et si vous vous demandez comment je fais pour ne pas l’accrocher constamment en tapant, c’est que j’utilise un clavier sans fil pour rédiger. J’ai une installation avec un deuxième écran sur un mini bureau et pour que les écrans soient à une hauteur convenable et ergonomique, j’ai surélevé le portable ce qui rend l’usage du clavier encastré impraticable. Qu’importe, au final, j’ai accès à un clavier pleine-taille beaucoup plus confortable pour taper que celui d’un portable. Avant le noeud papillon, j’ai eu l’une des cravates de Clément à mon bureau aussi. La voir et parfois la toucher, m’a réconforté plus d’une fois, mais elle traînait parmi tous les autres trucs sur mon bureau et j’ai fini par la ranger soigneusement dans une boîte. Un jour, le noeud papillon la rejoindra peut-être, quoiqu’il est tellement adorable que je peux concevoir le garder longtemps comme décoration.

Enfin, la dernière chose dont je veux vous parler est un autre geste rituel. Celui-là, je l’ai commencé assez tôt, vers la fin du mois de février, et je le perpétue depuis régulièrement. C’est une chose toute simple : lorsque je finis un bol de céréales, je laisse quelques gouttes de lait au fond et je dépose mon bol sur le plancher ou à une hauteur à laquelle Clément aurait pu avoir accès du sol. Je le ramasse éventuellement, quelques minutes minimum après l’avoir déposé, une heure après au grand maximum. Juste le temps pour qu’un fantôme dans les parages, félin ou non, puisse trouver le bol et lapper les dernières gouttes… Chaque bol que je dépose est une douce pensée envers mon vieux chaton qui me manque et je trouve quelque chose de rassurant dans la répétition de ce geste si simple.

Voilà, chacune de ces choses et de ces gestes représente une petite portion de mon quotidien endeuillé dont je ne vous avais pas encore entretenu. Je ne semblais jamais trouver la place pour les aborder jusqu’à ce que je me rende compte qu’ils ont en commun une certaine notion de réconfort. Ils représentent une infime fraction de ma vie de tous les jours et, pourtant, ils ont à leur façon grandement contribué à redonner du sens aux jours qui s’écoulent sans Clément.




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