Participation à l’Agenda ironique de septembre, assaisonnée de Tranche de Miaougraphie Cela fait un moment déjà que j’ai croisé le chemin de l’Agenda ironique, ce défi d’écriture mensuel qui voyage de blog en blog au gré des votes désignant le prochain organisateur de chaque édition. J’ai découvert de nombreuses plumes grâce à l’Agenda ironique et j’ai surtout pris grand plaisir à lire les offrandes des participant-es. Ce mois-ci, la tâche d’héberger l’agenda ironique de septembre est revenu à Sabri Na du blog Entre Mes Lignes et le thème me parlait plutôt, moi qui a cumulée tant de souvenirs d’école comme je ne semblais pas vouloir décoller des classes. Toutefois, je n’arrivais pas trouver mon angle pour aborder le sujet. Puis, j’ai été traversé d’une fulgurante idée qui, conjuguée avec une nuit de légère insomnie, a mis le tout en forme. Après avoir retouché le produit très brut de cette nuit-là, je vous présente ma toute première participation à l’Agenda ironique de ce mois-ci.
Avant cela, juste un rappel des consignes pour le défi de septembre avec lesquelles j’ai tenté de composer du mieux possible :
Il faut parler d’un souvenir d’école (réel, fictif, douloureux, joyeux, inventé, absurde, drôle ou impétueux) en incorporant les mots rapporteur / pion / colle / ligne / cour (ou cours ou court ou courre ) et du rythme. De plus, Sabri Na demande de détourner au moins un sigle du jargon académique.
Devoir supplémentaire pour ceux et celles pour qui ce n’était pas assez : intégrer la phrase « cela donnait le sentiment d’appartenir à une multitude à la fois statique et chatouilleuse » (ça vient de « Personne n’a peur des gens qui sourient » de Véronique Ovaldé).
Pour plus de détails et pour trouver les liens vers les autres participations, je vous invite à vous rendre sur le blog de Sabri Na ici.
Cher chaton, aujourd’hui, je me lance dans un tout nouveau défi. Il est tard comme le matin approche inexorablement. Ce moment de calme turbulent, où que tu sois, Mément, te rappellera des souvenirs de tant de nuits blanches, ou presque, d’étude et de rédaction durant nos années universitaires. Tu seras la star de ce texte, encore une fois et pour toujours, (tu en seras surtout le rapporteur).
Durant le parcours Académique Terriblement Dénué de Retentissements de ses humains, Clément ne fut pas qu’un pion, ni une simple tour de garde, ni même un cavalier servant. Non, il fut un roi, tout bonnement ; dominant, fort, ferme, tout en sachant paraître continuellement oisif. Malgré l’apparente inébranlabilité de son insouciance, il avait parfois besoin d’être protégé des intempéries houleuses qui guettaient ses humains durant les terribles et damnées fins de session.
Car des débordements, le chat en fut témoin trop de fois. Puisque des dégâts, le chat en constata amplement. Ne vous demandez pas pourquoi ses heures d’assoupissement ne cessèrent d’augmenter en vieillisant – cela avait été si éreintant de veiller sur ses humains durant leurs études, surtout quand celles-ci s’allongeaient et s’étiraient presque à l’infini ! Non, Clément était d’une patience incommensurable pour un souverain, en fait foi l’incident suivant.
Rapport heure par heure d’une nuit particulièrement orageuse (à l’intérieur, mais les tempêtes de maison sont aussi effrayantes que celles de dehors, n’est-ce pas Clément ?) : le temps s’égrenait au rythme des touches du clavier qui voletaient, à l’exception de celles qui semblaient avoir été posées avec de la colle. L’électricité était palpable dans l’air, le courant passait mal. Le chat ne pourrait vous expliquer le déclencheur de l’événement exactement, seulement quelque chose se produisit sur l’écran de l’ordinateur portable de l’humaine qui semblait paralyser, aucun mouvement n’étant plus perceptible à sa surface. Ce que Clément glana en bout de ligne était que l’ordinateur ne répondait pas assez vite pour l’étudiante et que, bien passé minuit, elle s’en impatientait de plus en plus, au point de se mettre à secouer et à brasser de haut en bas ce pauvre outil informatique. Clément n’appréciait pas ces élans de colère, surtout lorsqu’il était relegué au banc, impuissant devant la déferlante puisque son humaine n’avait pas même pris la peine de lui demander conseil. Quel culot ! Tout loyal sujet devrait pourtant savoir qu’en cas de crise, on consulte son monarque. Il aurait proposé une sieste évidemment, la solution universelle à toute situation chevelue. La conséquence de cette flagrante omission ne se fit pas attendre: la pure et simple déflagration dudit ordinateur !
D’accord, d’accord, ce ne fut pas une destruction totale, toutefois, son humaine parut totalement catastrophée devant l’écran devenu blanc et noir, serti de quelques éclats colorés particulièrement seyants. Il fallait croire que ce n’était pas le résultat espéré suivant les manoeuvres de réanimation qu’elle avait pratiquées sur l’appareil. Clément vit alors son humaine s’écrouler de désespoir, exténuée, exaspérée, complètement désemparée. Comment pourrait-elle remettre le lendemain, non en fait la journée même, le travail qui était en cours de sauvegarde ? qu’elle marmonnait, entre deux ou trois sacres en T*******, en C*******, en O*** et elle en connaissait audiblement plusieurs autres dont le ton heurtait les oreilles de Clément.
Malheureusement, le chat ne pouvait venir à son secours face à l’écran moribond, comme elle et l’autre humain ne lui avaient pas suffisamment laissé de temps pour étudier et comprendre ces appareils informatiques dont ses humains dépendaient. Voilà ce qui arrivait quand on ne laissait pas les chats entreprendre leur initiative ! La proximité de Clément dut cependant apaiser quelque peu son humaine, assez pour qu’un éclat de lucidité puisse la frapper durant une tentative de redémarrage. Pendant le réveil de la bête de plastique blessée, un bout de texte était visible à l’écran dorénavant défiguré, un fragment d’espoir que seule la surface réfléchissante était affectée par l’incident et que le coeur de la machine n’était probablement pas atteint. L’étudiante en aurait sûrement dansé de joie si la fatigue et la pression des minutes qui s’écoulaient s’étaient liguées contre cette expansion d’énergie.
La suite des opérations, le futé félin s’en désinteressa quelque peu, préférant dormir en attendant les conclusions. Conclusions qui furent que le portable devint ancré à un bureau, accroché par un câble à un écran sur patte, et ce qui permit à son humaine de se remettre au travail et finir dans les temps, de justesse et d’épuisement. Voilà la session était rescapée, malgré la perte de données non sauvegardées !
Pourtant, après ce sauvetage in extremis, elle demeura dépitée d’avoir ainsi transformée son appareil mobile en sédentaire de bureau, mais Clément, lui, apprécia la nouvelle configuration. Cela lui permettait d’étudier de très près les mécanismes informatiques, ce qu’il réussissait à faire en s’étendant sur le portable quand l’écran s’assombrissait et que l’humaine s’en désintéressait. Même qu’elle le laissait parfois faire quand l’écran s’allumait, si elle n’avait pas besoin du clavier. Malheureusement, cette nouvelle maîtrise ne lui fut pas d’une grande utilité, car l’étudiante avait appris sa leçon ; s’il y eut encore des soulèvements durant ces périodes maudites d’examens et de travaux finaux, le matériel informatique n’en fit plus les frais.
Enfin, advenant suivant la lecture de ce témoignage imaginé de la perspective de Clément que vous trouviez qu’il ait un vocabulaire très étendu et humainement compréhensible pour un félin, l’humaine aimerait vous rappeler que Clément n’était pas seulement le roi de son modeste territoire, il était aussi un éminent cha-vant ! Après tout, n’a-t-il pas passé dix années humaines à superviser ses deux humains à travers leurs Recherches, Études, Calculs, Instructions et autres Travaux appliqués (RECIT), en comptabilisant les années d’étude des deux ? À présent, calculez l’équivalent en années félines… et vous ne pourrez qu’admettre que c’est faramineux ! De quoi franchir de très vastes champs de connaissances polyculturelles.
D’ailleurs, ses humains avaient prévu soumettre sa nomination à l’Académie des chiences et des ch’arts. Cette ascension au panthéon des savoirs lui aurait sans doute donné le sentiment d’appartenir à une multitude à la fois statique et chatouilleuse. Néanmoins, ses humains n’eurent pas le temps de compléter son dossier très étoffé que la lumière de ce chat érudit clignota et s’éteignit pour toujours en février dernier. Le monde ne connaîtra donc jamais l’étendue du génie et de la sagesse accumulés par le vénérable Clément durant ses quinze années parmi les humains, si ce ne sont de touts petits bribes disséminés ici et là par ses fervents sujets.
*RÉCIT : Réseau pour le développement des Compétences par l’intégration des technologies (RÉCIT) – je ne comprends pas trop comment ils ont escamoté le d pour le é, mais voilà, c’est le Ministère de l’éducation du Québec, que voulez-vous ?
**ATDR en début de texte est un clin d’oeil à mon programme d’étude lors de cet incident, Aménagement du Territoire et Développement Régional.
En prime, une petite photo de Clément durant un de ces moments où il profitait de la nouvelle configuration décrite dans le texte ci-dessus et démontrant sa dédication à l’avancement des connaissanes informatiques pour tous les félins et humains.
Note : On retrouve aussi dans le texte un reflet de Department of Education and Early Childhood Development, mais c’était entièrement fortuit.
Miaougraphie de Clément 
Laisser un commentaire