Miaougraphie de Clément

Fairy Friday

Je regardais une publication partagée sur Instagram (que je pensais avoir enregistré, mais bien entendu, je ne la trouve plus), quand m’est venu l’inspiration pour la mouture d’octobre du vendredi féérique. Et oui, c’est déjà le dernier vendredi du mois d’octobre ! Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, je n’ai pas vu passé le mois. Bon bon, il reste quelques jours, après tout, l’Halloween, c’est mardi prochain. Ça ne m’empêche pas d’avoir l’impression qu’octobre s’est déroulé très rapidement. Malgré qu’il soit un peu tard en ce vendredi, je poursuis mon rendez-vous mensuel du dernier vendredi du mois avec un nouveau billet pour le Vendredi féérique.

Alors, la personne que je ne peux créditer a partagé récemment quelques photos prises cet automne de champignons et un des hashtags que cette personne a utilisé pour sa publication était #fairystools. C’est vrai que les champignons font de jolis sièges pour les petites fées, pas étonnant que l’association champignons et fée soit une image fréquemment véhiculée que ce soit pour leur permettre de se reposer, pour s’abriter temporairement ou non, ou encore en tant qu’élément de leur environnement de prédilection. Le déclic a été instantanné, je tenais mon sujet pour le prochain Fairy Friday, surtout que j’ai accumulé dans mes nombreuses sorties automnales récentes des tas de photos de champignons. D’ailleurs, c’est souvent de cette façon que je choisis mon sujet du mois pour ce rendez-vous, j’essaie de trouver quelque chose qui m’inspire en lien soit avec une de mes publications récentes, soit avec quelque chose qui m’apparaît de circonstance. Quoi de mieux que des champignons pour un rendez-vous enchanteur en plein coeur de l’automne ? Tant mieux si ça me donne une occasion de vous montrer une partie de mes mycophotos ! Les étoiles étaient ainsi parfaitement alignées (petite mise à jour au passage : je n’ai pas eu la chance d’observer Saturne encore, c’était trop nuageux cette semaine, mais je reste à l’affût. J’ai revu Jupiter néanmoins).

Mais avant, un peu d’explications. J’ai cherché et je n’ai pas trouvé exactement de sources sur l’appelation fairy stool. Je pense que ce serait une version abrégée de fairy toadstool, toadstool étant un autre nom désignant les champignons, généralement vénéneux. Dans ma collection de photos récentes et plus anciennes, je n’en ai pas du principal représentant fongique des illustrations de contes de fées. Je parle de l’amanite tue-mouche ou Amanita Muscaria de son petit nom latin, bien qu’en lisant sur celle-ci, je pense en avoir vu dans son apparence primaire qui est une boule blanche avec des pointes également blanches. Néanmoins, l’image que vous avez déjà sûrement croisée la représente plutôt dans son stade plus mature, où elle arbore un chapeau jaune, orange ou rouge généralement piqué d’écailles blanchâtres ou jaunâtres (mais pas toujours, celles-ci tombant sous les fortes pluies). J’ai toutefois cette illustration à vous partager qui provient d’un très bel album de ma collection, Le fan club des Champignons d’Élise Gravel, une auteure-illustratrice québécoise. Une agréable lecture si vous avez envie d’une introduction à la mycologie.

Si du côté des fairy stools j’ai trouvé peu d’information pour m’étendre sur le sujet, l’Internet m’a rappelé que l’un des liens légendaires les plus prédominants entre fées et champignons sont les cercles de fées (fairy rings) aussi appelées ronds de sorcières. Malheureusement, je n’ai pas de photo de ce phénomène, mais je ne pouvais aborder le sujet des champignons et des fées sans m’y arrêter. Plusieurs versions des légendes entourant ces formations de champignons en cercle expliquent leur apparition comme un vestige de la farandole des fées, ou sorcières, ou encore farfadets et autres peuplades d’origine enchantée. Les champignons pousseraient sur la trace des pieds dansant en ronde sous le clair de lune. Nombreuses sont les superstitions entourant l’apparition des cercles de fées, particulièrement qu’il ne faudrait pas les traverser sous peine d’être transporté dans le monde de fées et de possiblement ne pas pouvoir en revenir. Jje peux concevoir que plusieurs esprits aventuriers se sont trouvés déçus de leurs expériences en atterrissant nul part ailleurs que sur le sol d’une forêt ou clairière entourés de champignons après avoir traversé un de ces ronds de sorcière…

L’un des plus vieux cercles de fées connus se trouveraient en France, près de Belfor. Selon le mycologue français Georges Becker, il aurait 700 ans quand même et environ 600 mètres de diamètre (Source) !! Mais il y en aurait des plus grands dans la région des Prairies du Midwest américain et canadien allant jusqu’à un kilomètre de large (difficile d’éviter de traverser ces derniers, j’imagine). En creusant le sujet des cercles de fées, j’ai croisé sur certaines allusions à l’utitilité des champignons pour le Petit Peuple.

In Margaret Cavendish’s mid-seventeenth-century poem “The Pastime of the Queen of Fairies”, a mushroom acts as Queen Mab’s dining table, and in late eighteenth-century paintings by Henry Fuseli and Joshua Reynolds, the mushroom acts as a surface upon which fairies, sprites, and similar assemble.

https://publicdomainreview.org/essay/fungi-folklore-and-fairyland/

Pour résumer en français, dans un des poèmes de Cavendish, un champignon servait de table à la reine des fées, Mab. Pas un siège tout à fait, mais on s’en rapproche. Puis, dans les peintures de Fuseli et Reynolds, des êtres féériques se réunissent sur un champignon, quoi que sur la peinture de Fuseli, il faut se concentrer pour reconnaître le champignon, je trouve. Néanmoins, sur celle de Reynolds, le champignon constitue bien un siège pour un Puck. Pour le poème, je pensais chercher le vers en question, mais The Pastime of the Queen of Fairies est une suite de poèmes assez longue, dont voici une version annotée en anglais. J’ai donc abandonné l’idée pour ce soir, bien que j’ai marqué la page Web pour une lecture approfondie future. Peut-être pourrais-je vous la citer un jour prochain !

Probably the most pervasive tales derived from English, Celtic, French, and Scandinavian folklore: Fairy rings were mystical gathering places created by dancing fairies and elves, and the mushrooms were convenient resting stools for when they tired; any human that dared to enter the ring would be forced to dance until they either went mad or died of exhaustion. 

https://northernwoodlands.org/outside_story/article/fairy-rings

Dans cet autre extrait d’un billet différent, on avance que les cercles de fées sont considérés dans le folklore de plusieurs cultures comme un lieu de rencontre pour le peuple féérique pour leurs festivité et que les champignons les délimitant constituaient des sièges pratique pour se reposer entre deux danses. C’est une théorie intéressante, qui fonctionne tant qu’on se représente les peuples féériques de petite taille. Si vous êtes plus du genre à vous imaginer ces peuples, du moins certains de leurs représentants, comme ayant la taille d’un adulte humain, ou au moins un enfant, cet enchêvretement d’arbres rencontrés durant une de mes randonnées dans le Parc national de la Jacques-Cartier forme une chaise plus approprié pour ces derniers. Je sais, je dévie de mon propre thème imposé, ce n’est pas un siège d’origine fongique. Cependant, je ne pouvais pas m’empêcher de l’inclure tellement cette formation arborescente me paraît un trône digne de la gente elfique et féérique, et j’atteste qu’un enfant ou un adulte humain peut confortablement s’y installer, mon conjoint et les amis qui nous accompagnaient l’ont testé.

Sans surprise, les scientifiques se sont penchés sur la question des cercles de fées et ont découvert que ce phénomène s’explique par le mode de croissance de la partie dissimulée et plus importante de tout être fongique, le mycélium qui croît autour d’un point central. Plus il se nourrit des nutriments du sol et les aspire, plus il se répand loin de ce point central. Sous certaines conditions, cela amène la création de cette formation en rond qu’on appelle entre autres noms cercle de fées. On dénombre au moins une centaine d’espèces de champignons qui peuvent produire ce résultat. Les champignons ne sont-ils pas fascinants ? Personnellement, j’adore les observer et les photographier.

Quand j’y pense, ça ne me surprend pas que les champignons soient un symbole si prégnant du monde invisible et magique des fées. Après tout, ils ont une apparence qui les distingue fortement de la majorité des végétaux, minéraux et animaux, au point où ils ont une certaine allure suggérant une origine hors de notre monde. Puis, il y a leur façon d’apparaître, de percer les surfaces meubles comme le sol, ou plus solides comme l’écorce, de sorte à sembler juste popper tout d’un coup, sortis du néant… Il n’y a qu’un pas à franchir pour les considérer comme des êtres fantastiques, provenant du domaine de l’incroyable et du merveilleux qu’on associe à la Féérie.

Enfin, je conclus en vous présentant ce champignon-gelée croisé durant notre dernière randonnée dans le parc national cité ci-dessus (d’où proviennent d’ailleurs plusieurs des photos présentés dans ce billet). Il n’est pas très ragoûtant, malgré qu’il soit comestible, si je l’ai bien identifié, mais je le trouvais très rigolo. En plus, j’adore la couleur orange et surtout, un de ses petits noms se prêtent bien au Vendredi féérique et à la saison. Les champignons dans les photos ci-dessous sont des Dracymyces Chrysospermus, aussi connus sous les noms de trémelle palmée, de champignon-gelée ou bien de beurre de sorcière. Sans surprise, c’est pour ce dernier que j’inclus une mention spéciale pour ce champignon.

Alors, qui veut une tartinade de beurre de sorcière pour un brunch Halloweenesque ?

Sur ce, je vous souhaite un merveilleux et fantastique week-end pré-Halloween et je vous dis à très bientôt pour quelques souvenirs saisonniers de mon rouquin de chat.