Tranche de Miaougraphie avec un à-côté de Deuil en cours
Mon conjoint et moi avons vécu pendant un peu plus de 15 ans sous le joug du plus adorable roi félin qui soit – à mon humble opinion, très très partiale. Toutes ces années, 365 jours sur 365, Clément nous offrait ses airs royaux. On pourrait penser que nous en avions assez de la royauté déjà ! Et pourtant, ça ne nous empêchait pas de souligner chaque année ou presque la Fête des rois avec Clément, même pas un mois après sa journée dédiée, comme s’il ne recevait pas assez d’honneur déjà. Bon, il est certain que ça nous donnait aussi la chance pour une fois de partager le règne de Clément pour une courte période, si l’un de nous avait la chance de recevoir la part de la galette contenant la fève.

Quoi que Clément n’aimait pas partager son trône ! En effet, plus d’une fois, il a « rafflé » le morceau contenant la fève. Les guillemets sont importants, parce que nous ne le laissions pas manger sa part de la galette, bien que nous lui en attribuions toujours une quand nous soulignions la Fête des rois à la maison (et même lorsque nous célébrions à l’extérieur de la maison, nous lui en réservions une tranche). Hors, c’était bien malgré lui que Clément ne pouvait goûter à la galette. Oh qu’il essayait, notre ratoureux* chaton ! Sa part lui était symboliquement attribuée et jamais placée très longtemps devant lui, et seulement si mon conjoint ou moi étions tout près pour intervenir, ce qui ne l’empêchait pas de vouloir se joindre à nous à (comprendre « sur », voir le traité sur l’étiquette à table de Clément pour plus sur ce sujet) la table. Quand j’y pense, ce n’est pas très surprenant ; entre la pâte feuilletée pur beurre, une odeur déjà très alléchante pour lui, et la frangipane à forte teneur d’oeufs, cet aliment que Clément adorait, mais ne pouvait goûter que « par accident », il y avait de quoi l’intéresser énormément. Comme si ce n’était pas assez, nous dégustions généralement la galette avec une boule de crème glacée à la vanille, autre mets succulent auquel bébé chat n’avait pas droit, mais qui l’attirait toujours, ainsi qu’un verre de cidre ou de moût de pomme, avec ces bulles pétillantes qui le fascinaient (mais au moins, pas au point d’essayer d’en boire, mettre son nez dans la flûte et sentir les bulles éclatées près de son museau lui suffisait).



La présence de Clément mettait beaucoup d’ambiance à cette petite tradition que nous avons adopté au début de notre cohabitation à tous les trois, mon conjoint, Clément et moi. En effet, je n’ai pas grandi avec cette tradition, mon conjoint non plus. Ni dans ma famille ni dans celle de mon conjoint, on ne souligne cette fête. C’est une de mes meilleures amies qui m’a introduit à cette tradition, l’année avant que j’emménage avec mon conjoint et que nous accueillions Clément. Je l’ai ensuite fait découvert à mon conjoint et par la bande à Clément, puis à d’autres amis et à des membres de ma famille. Nous célébrons la Fête des rois pour le côté ludique, gourmand et royal de la chose, bien que je pense que la vivre avec notre petit roi a contribué à l’adoption de cette tradition en nous donnant encore plus envie de souligner la Fête des rois. Puisque la fête n’a pas de signification particulière pour nous, ça nous est arrivé de ne pas la souligner pile le 6 janvier. Parfois, nous le faisions un ou deux jours après. Ça nous est même arrivé quelques fois de le faire beaucoup plus tard en janvier. La date importait moins que de prendre un moment, avec amis et famille ou juste entre nous, pour nous amuser et nous sustenter de galette pour l’année.
Je ne pourrais dire ni en quelle année nous l’avons célébré à la maison, ni en quelle année nous l’avons célébré à l’extérieur sans replonger dans mes vieux agendas et journaux personnels. J’aurais dû tenir un log du résultat d’ailleurs chaque année, comme la mémoire a tendance à oublier ce genre de détail qui devient vite submergé par tous les autres événements de l’année. Mon conjoint espérait toujours que la fève soit dans la part de Clément, comme si son titre de monarque suprême de notre logis avait besoin d’être confirmé ! Je pense que si ce n’était pas moi qui tranchait la galette, il aurait triché plus d’une fois… Alors, les fois où Clément fut doublement couronné, je suis certaine que ce n’était pas truqué. Comme la toute première fois, où il y avait mon conjoint, mon amie qui m’a introduit à cette pratique, Clément et moi, et je pense, si mes souvenirs sont bons, que c’était Clément qui fut consacré roi d’un jour. L’année suivante, je l’ai en photo, c’est mon conjoint qui avait trouvé la fève. Puis, les années suivantes, je ne saurais dire. Je sais que c’est arrivé au moins deux-trois autres fois que Clément « trouve » la fève. Heureusement ou malheureusement, je ne saurais trancher, l’année dernière, c’était moi, la reine (fait rare). En fait, peu importe qui trouvait la fève, si nous étions à la maison, la couronne finissait presque toujours sur la tête (ou autour du cou) de notre vieux chaton. D’ailleurs, je pense que toutes les photos que j’ai rassemblées dans la partie dédiée aux couronnes de Clément de la série Les milles et uns atours d’un chat très élégant ont été prises lors d’une Fête des rois.

Cette année, j’avoue que j’ai dû me poser la question à savoir si oui ou non, je voulais souligner la Fête des Rois et encore plus, si mon conjoint le voudrait aussi. Après consultation, ça ne semblait pas le déranger, et de mon côté, j’ai réalisé que c’était important pour moi de le faire, en mémoire de Clément. C’était un passage nécessaire dans le cheminement de mon deuil. Alors c’est fait et cette année, nous l’avons célébré à la bonne date, samedi dernier. Toutefois, comme je me suis un peu décidée à la dernière minute et que je traîne un coup de fatigue depuis le début de décembre, je ne me suis pas lancée dans la confection de pâte feuilletée comme j’ai pris l’habitude de le faire depuis trois-quatre ans. J’ai d’ailleurs dérogé complètement d’une pratique adoptée en 2010 (justement parce que nous avions fêté très tardivement l’événement et que nous ne trouvions plus de galette) de confectionner moi-même la galette. C’était toutefois plutôt par dépit parce que j’ai oublié d’acheter de la pâte feuilletée commerciale dans ma dernière commande d’épicerie et que l’épicerie où je suis allée le 6 janvier n’avait que des pâtes feuilletées pré-découpées pour des vols-au-vent. Alors, j’ai acheté un gâteau à une pâtisserie que j’adore, Au royaume de la tarte. Ça m’a permis aussi de réaliser une envie qui ne date pas d’hier d’essayer un type de gâteau des rois différent de la galette des rois à la frangipane. En effet, Au royaume de la tarte font une couronne de pain briochée avec crème à la vanille et je n’avais jamais essayé cette variante. Au final, j’ai trouvé que c’était assez approprié de poursuivre la tradition cette année tout en secouant un peu nos habitudes. Puis, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas une galette de frangipane faite maison plus tard, si nous décidons de souligner une deuxième fois la Fête des rois avec des amis… (ou juste si l’envie m’en prend, j’adore vraiment la galette à la frangipane!!).

La couronne étant énorme pour deux personnes, il fallait trouver des « invités » de dernière minute pour partager quelques tranches entre nous (et c’est plus drôle de séparer la couronne en quatre au minimum). Les sujets de la cour de Clément semblaient tout indiquer pour se joindre au festin. Petit commentaire sur les peluches, vous l’avez peut-être remarqué sur certaines des photos ci-dessus, nous avions l’habitude de réserver une part ou deux à une peluche parce que la galette que je fais est un peu grosse pour la couper juste en trois (et c’est arrivé qu’une peluche remporte la couronne d’un soir, comme Jop le singe sur la photo ci-dessus). Ainsi, nous avons divisé les parts entre mon conjoint et moi, Clément II, Paula et Iconiki, et avec l’accord de mon conjoint, nous avons réservé une part à Clément. Le partage n’était pas truqué, ainsi Clément ne s’est pas vu décerné posthume le titre de roi de la Fête des rois 2024, mais j’étais heureuse quand même parce que c’est son jumeau peluche qui l’a trouvé, Clément II… Quoi que, attendez, arrêtez tout !



Il y avait un sujet aussi dans cette couronne (j’ai l’habitude d’une fève seulement, je ne l’avais même pas imaginé qu’il pourrait y en avoir deux). Devinez dans la part de qui je l’ai trouvé le lendemain ? Dans la part de Clément bien entendu ! J’avoue que ça m’a beaucoup ému que Clément et Clément II se partagent la couronne, le symbole est fort. Clément restera le roi de nos coeurs encore longtemps, bien des années après sa mort. Je pense que ça nous a fait du bien de célébrer cette Fête des rois, qui n’a pas été dévolu d’émotions, mais qui a aussi regorgé de plaisir et de mélancolie sucrée à souhait.

La Fête des rois est généralement la cumulation de notre saison des Fêtes, pas parce qu’elle est plus importante que les autres (après tout, la saison des Fêtes comprend en plus de Noël, le Jour de Clément et la fête de mon conjoint, puis le Nouvel An, toutes des fêtes très importantes pour moi), mais parce qu’elle est la dernière. Maintenant qu’elle est passée, j’entre en mode hivernal. Toutefois, j’ai envie d’étirer la Magie des Fêtes encore un peu et de me faire un petit plan d’hiver festif. Je ne suis pas encore certaine de ce que cela pourrait impliquer. Je vous reviendrai plus tard là-dessus (bien que vous devriez avoir une petite idée sur ce que ce plan comportera, en partie du moins côté défis culturels ;)).
*Des fois, une expression est tellement ancrée en moi que j’oublie qu’elle est seulement commune par chez nous. Alors, le terme ratoureux est utilisée au Québec pour parler de quelqu’un de mâlin, de rusé : https://www.laparlure.com/terme/ratoureux/. Ça définit assez bien Clément, même si parfois, il était un peu niais.




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