Fairy friday sous le signe du #challengefeelgoodsaison6
Oui oui, c’est l’heure du Fairy friday, même si d’ici le moment où cet article sera publié, il ne restera pas grand-chose de vendredi de mon côté de l’Atlantique… N’empêche que le 26 janvier, c’est le dernier vendredi de ce mois de janvier 2024 et donc, le moment du rendez-vous mensuel du Vendredi féérique auquel je vous convie encore une fois avec beaucoup d’enthousiasme. J’avais un sujet choisi de longue date, en fait, j’avais même songé à publier un deuxième vendredi féérique en décembre, mais le temps et l’énergie m’ont manqué en décembre et même en janvier pour l’explorer. Plutôt que de vous en présenter une version très brute, j’ai décidé de me porter sur un autre élément féérique. Alors, cette fois, j’ai envie de vous parler de la Fée électricité. En fait, le premier sujet qui m’est venu en tête était des fées émettant de la lumière, comme la fée Clochette et la version de Pierre Pevel dans sa trilogie de Wieldstadt, Chandelle, parce que quoi de mieux en ce mois de défi Challenge Feel Good que de parler d’une fée très illuminée ?
Ce ne sont pas toutes les fées qui brillent et scintillent d’elles-mêmes comme la Fée clochette, bien il existe des êtres féériques qui se parent de parures précieuses produisant un effet similaire, sans oublier le pouvoir du glamour souvent associé au Petit peuple. J’avais songé à discuter un peu de ces différentes facettes, seulement, en cherchant un peu, je n’ai rien trouvé rapidement qui m’inspirait suffisamment sur le sujet… jusqu’à ce je tombe sur cette expression que j’ai croisé quelques fois, surtout dans mes explorations livresques steampunk, je dirais, j’ai nommé la Fée électricité. La suite, bien elle est ci-dessous.
Qu’est-ce que la Fée électricité ? Tout simplement une personnification de cette source d’énergie qui a représenté un tournant majeur dans le processus d’industrialisation de nos sociétés humaines, une personnification qui se veut positive en évoquant le côté merveilleux, presque magique de tout ce qui devient possible grâce à l’électricité. Ce n’est pas plus compliqué et c’est une image qui encore maintenant fascine. Êtes-vous familier-ères avec cette expression ?
C’est mon habitude de chercher l’origine d’une expression ou d’un personnage avant de vous en parler et j’avoue que je suis sortie un peu bredouille de ma recherche pour la source de la Fée électricité. Bien entendu, il y a cette fresque gigantesque de Raoul Dufy, commandité par la Compagnie Parisienne de Distribution et d’Électricité en 1936, dont le titre est La Fée Électricité. Cependant, cette expression existait avant si je ne m’abuse. J’en ai cherché des traces un peu, néanmoins, je n’ai pas le temps d’aller plus loin pour cette fois. Peut-être y reviendrai-je un jour… Pour l’instant, je me contenterai de ce que j’ai trouvé sur le dictionnaire raisonné des mots surannées et expressions désuètes s :
« Sans que l’on puisse déterminer si c’est Volta, Edison, Tesla, ou l’un des nombreux autres bidouilleurs qui mirent les doigts dans la prise¹ qui prononça le premier fée Électricité, le nom est bien sur toutes les lèvres en ce début de millénaire qui quitte le labeur animal ou celui de la vapeur pour bientôt ne plus jurer que par le pouvoir de cette nouvelle égérie. »
¹Zénobe Gramme, Werner von Siemens, William Thomson, Marie Curie, Pierre Curie, Samuel Morse, Alexander Graham Bell, Michael Faraday, André-Marie Ampère, Benjamin Franklin, Thalès, Johann Wilhelm Hittorf, Émile Baudot, Gustave Ferrié, James Watt, Archimède, Aristote, Galilée, Léonard de Vinci, Blaise Pascal, James Prescott Joule, Johann Wolfgang von Goethe, Isaac Newton, Henry Moseley, Henri Poincaré, Heinrich Rudolf Hertz, Dmitri Mendeleïev, Gottfried Wilhelm Leibniz, etc.Source Les mots délicieusement suranné d’Olivier Genevois
(J’avoue que l’idée de ce dictionnaire me plaît bien. Peut-être flancherai-je pour m’en procurer une copie papier un jour… L’avez-vous déjà consulté ?)
Si je n’ai pas trouvé de référence plus précise sur les premières évocations de la Fée électricité, je suis quand même tombée sur des allusions alliant féérie et sciences ou progrès. Par exemple, j’ai découvert ce livre de 1878 d’Arabella Burton Buckley, intitulé The Fairy-Land of Science, un essai colligeant dix leçons sur les sciences de la terre disponible en ligne au complet en VO dont sur le projet Gutenberg. De mon côté, j’ai enregistré le site en favori pour y revenir un de ces quatres ; l’incipit très lyrique a retenu mon attention. Puis, il y a cette affiche de Jules Chéret pour l’exposition universelle de 1889, référant au Pays des Fées, ou plutôt le Jardin enchanté, qui de ce que j’ai réussi de peine et de misère à glaner sur le Web annonçait un parc d’attraction ayant pris place durant l’exposition universelle. Ça n’a peut-être pas tant de lien avec les sciences au final, mais je l’inclus pareil, elle est très chouette après tout !

Enfin, ma dernière trouvaille et non la moindre, le roman d’Auguste de Villiers de l’Isle-Adam, L’Ève Future, est ressorti durant mes recherches, ce qui m’a donné l’espoir de, si ce n’est pouvoir repérer la source de l’expression Fée électricité, d’au moins pouvoir la dater un peu puisque ce roman date de la fin du XIXe sicèlce. Après avoir utilisé la fonction recherche dans la version numérique du livre disponible sur Google Books, je n’y ai pas trouvé tel quel l’expression Fée électrique. Il y est plutôt question d’une femme-machine, une andréide. Ça m’a dépité un peu. Néanmoins, j’ai lu vers la fin de mon adolescence les Contes cruels de Villiers de l’Isle Adam et au moins un autre recueil de ses textes dont j’oublie le titre et j’avais beaucoup apprécié. L’Ève future m’intrigue donc énormément (mais je pense me trouver une copie papier). De ce que j’ai lu brièvement sur l’analyse de ce roman, il semble tirer sur le fantastique et le merveilleux malgré que le mot « fée » y semble peu présent. Au final, cette trouvaille n’est peut-être pas très utile pour le thème de ce vendredi féérique, mais elle a tout de même retenu mon attention plus que toutes les autres références, exceptée peut-être l’oeuvre de Raoul Dufy mentionnée ci-dessus.
Cette oeuvre monumentale mérite d’ailleurs plus qu’une simple mention. Il me semble avoir lu des références à cette oeuvre avant de vous présenter ce vendredi féérique sans en avoir vu d’image avant. Ça manquait à ma culture. Quelle fresque incroyable qui allie harmonieusement savoirs et arts ! De plus, l’histoire de La Fée Électrique est très intéressante. En plus du lien que j’ai mis plus haut, je vous invite, si ça vous intéresse, à en lire un peu plus sur le sujet dans cet article des Annales historisques de l’électricité. Le but de la commande était de représenter pictorialement l’histoire de l’électricité pour l’Exposition internationale des arts et métiers de 1937 afin qu’elle soit exposée dans le Palais des Lumières et de l’Électricité, pavillon temporaire construit pour l’exposition. 108 savants y figurent, dont Marie Curie qui est la seule femme représentée (malheureusement, ce n’est pas très surprenant pour l’époque, j’imagine que c’est déjà bien qu’elle y soit). J’aimerais bien la contempler en vrai, mais à défaut une expérience immersive en 360 degrés est disponible sur le site web de Paris Musées ici. Combien de temps prendrez-vous pour trouver Marie Curie ? Je serais curieuse de le savoir.

Depuis le tournant du XXe siècle, le lien entre fées et sciences n’a eu de cesse d’inspirer. D’ailleurs, un important pan des oeuvres steampunk combine les deux. Pour ne pas mentionner Pierre Pével à nouveau, je citerai en exemple Les enquêtes de George Hercule Bélisaire Beauregard d’Hervé Jubert, un feuilleton policier en trois tomes que j’ai bien apprécié (Magies secrètes, Le tournoi des ombres et La nuit des égregores) qui mêle peuples féériques et avancements technologiques. Toutefois, les sciences et les fées n’y font pas très bon ménage, comparativement à d’autres oeuvres, quoi que c’est plus la faute des humain-es que des sciences vraiment. On y trouve entre autres l’ancêtre de la télévision avec un peu de fantaisie, la constructon du canal de Suez et des voitures sans chevaux.
Au-delà du steampunk, il y a aussi des auteurs qui ont exploré à quoi pourrait ressembler une société féérique technologique, dont Eoin Colfer avec sa série de romans jeunesse-ado Artemis Fowl. Cette série suit un génie du crime précoce humain ayant eu vent de l’existence du monde « parallèle », en fait souterrain, très avancé des fées, elfes et autres créatures du petit peuple. C’est d’ailleurs une des choses qui m’avait fortement impressionné lors de ma première lecture des cinq premiers tomes de cette série, ce portrait très futuriste des peuples féériques. L’auteur a quand même gardé la magie des fées, en nous introduisant à un système de magie technologique très fascinant. Ainsi, les fées ont un système informatisé à la fine pointe de la technologie, plus avancé que celui des humains. Les agents de la L.E.P. Recon, Lower Elements Police Reconnaissance, volent grâce à des ailes motorisées et ont des accessoires high-tech à la James Bond. Cependant, la source d’énergie de plusieurs de ces technologies est la magie des êtres qui l’utilisent et cette magie n’est pas inépuisable. Elle est renouvellable tout de même à travers un rituel. Bref, ça vous donne un petit aperçu de l’univers techno-féérique d’Artemis Fowl. Pour vous donner envie de découvrir cette série, je vous laisse le lien d’un article d’Astriate du blog Les bibliophiles dans lequel elle a décortiqué l’incipit du premier tome de la série.
Personnellement, je suis en train de relire cette série dans le but d’enfin découvrir le fin mot de l’histoire, ayant arrêté au cinquième tome ma lecture dans le passé. En train est un grand mot, je lis un tome à tous les quatre à six mois depuis deux-trois ans. Si la relecture ne m’inspire pas tout à fait la même passion que lors de ma découverte initiale à l’adolescence, j’apprécie toujours l’histoire, les personnages, l’univers et l’écriture fluide d’Eoin Colfer. Moi de la techno-féérie, je dis pourquoi pas ! J’en prendrais beaucoup plus dans ce genre. En passant, si vous avez des suggestions au passage, n’hésitez pas.
J’espère que suivre les traces de la Fée électricité vous a plu. Je vous rassure, si le côté sciences et technologies vous plaît moins, ça ne m’empêche pas d’apprécier encore et toujours des visions plus traditionnelles de la magie des fées et j’y reviendrai dans d’autres rendez-vous du Fairy Friday, c’est garanti.
Je vous souhaite un week-end éclatant de lumière, électrique ou pas. Je devrais vous revenir sous peu avec plus d’idées lumineuses pour le Challenge Feel Good qui tire à sa fin, tout comme le mois de janvier.
Le Challenge Feel Good a été créé et est organisé par Marie-Églantine, du blog Bouquinbourg.




Répondre à colettedc Annuler la réponse.