Deuil en cours
Vous vous demandez sans doute comment nous avons souligné, mon conjoint et moi, le passage d’un an depuis la mort de Clément, il y a quelques semaines. Ce fut fait par une série de petits gestes et de moments partagés. D’abord, ça a adonné que nous avions un tea party planifié avec quelques amis le samedi précédant la nuit du 5-6 février et que j’y apportais une galette des rois faite-maison. Sur le coup, quand ça a été planifié quelques semaines avant les faits, je trouvais que cela convenait bien de passer un bon moment entre amis, en partageant la galette quelques jours avant la commémoration du décès de notre petit roi. Néanmoins, je n’avais peut-être pas mesuré la charge émotionnelle impliquant la préparation de ma première galette des rois sans Clément si près du jour fatidique… Je me suis traînée un peu les pieds à la faire, mais j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis lancée un peu à la dernière minute (pour me rendre compte qu’il ne me restait plus de poudre d’amande, de courir les dépanneurs du coin pas si tard un vendredi soir, mais assez tard pour que les épiceries du coin soient toutes fermées, pour finalement moudre des amandes blanchies et tranchées que j’avais dans le réfrigérateur – bref, un brin d’aventure culinaire). J’en ai même confectionné deux plutôt qu’une, parce que j’avais peur de manquer la première. Finalement, c’est la deuxième qui a débordé.
Le jour venu, nous n’étions que trois, la personne ayant instigué la réunion, mon conjoint et moi. Que voulez-vous, les virus sont tenaces cet hiver, les deux autres ont dû annuler à la dernière minute. Ce qui ne nous a pas empêché de passer un très bon moment et même que ça m’a permis sans gêne de proposer de séparer la galette en quatre, en réservant une part symbolique à la mémoire de Clément. Et bien, vous ne devinerez jamais qui a eu la fève à nouveau ! Bien oui, elle s’est trouvée dans la part de Clément et je vous jure que ce n’était pas truqué. Deux fois de suite dans la même année, mon coeur abdique devant sa féline souveraineté.
Une des premières idées que j’ai eu pour souligner cette première nuit du 5 au 6 février sans lui, c’étaient des fleurs. En fait, j’y avais songé l’hiver passé à la suite de notre petit rituel funéraire que nous avions fait presqu’un mois après le décès de Clément, mais comme nous épongions encore les frais du vétérinaire, j’avais remisé cette idée. Bébé chat adorait les fleurs, il aimait humer leur parfum. Alors, en sa mémoire, mon conjoint et moi avons choisi un joli bouquet de fleurs, jaunes, roses et mauves, avec des odeurs délicates dont il aurait probablement raffolé. Le bouquet s’est promené un peu à travers la maison depuis que nous l’avons ramené, de la cuisine à la salle à manger, de la salle à manger à mon bureau-bibliothèque, de mon bureau-bibliothèque au salon où il finit de s’assécher à l’heure qu’il est. Je pense utiliser une ou deux des fleurs séchées pour ajouter au ruban que nous avons accroché en mars dernier, lors du rituel funéraire, sur la porte-clôture de la cour. J’en aurais mis une fraîche plus tôt, cependant, elle se serait étiolée bien vite dans l’air frisquet hivernal, même si février a été plutôt doux jusqu’à présent à l’image de janvier. Je me suis dit qu’il valait mieux opter pour une fraîchement séchée à la place, et simplement patienter pour pouvoir l’accrocher.
Sous le bouquet, nous avons soupé la veille du 5 février avec un des plats préférés de Clément, le macaroni au fromage et au thon. J’ai très peu mangé de thon dans la dernière année. J’aime le thon, mais pas tant, ainsi l’amour que Clément portait pour cet aliment était mon prétexte principal pour ouvrir une conserve de thon. J’en mangeais le tiers ou moins, et les deux-tiers restants étaient partagés entre mon conjoint et Clément. Clément recevait sa part sur au moins deux jours, question d’étirer sa ration un peu. Il était tellement content d’en manger. Pendant que nous préparions nos bols, mon conjoint s’est amusé avec le ketchup, traçant ce qu’il disait être un chat, c’était très abstrait. Ça m’a donné envie de faire de même, mais j’ai fait plus simple et un peu plus figuratif, en utilisant le style du logo de la Miaougraphie de Clément. Pendant que nous mangeions notre macaroni au fromage et au thon, nous avons ressassé quelques souvenirs de Clément et de la première année passée sans lui. Plus tard dans la soirée, nous avons joué une partie d’un de mes jeux de cartes préférées, Unstable Unicorns, que je nous avais offert lors de notre dernier Noël passé avec notre vieux chaton. Les deux premières parties que nous avons jouées, Clément était encore dans les parages (mais pas sur la table, ce n’est pas un jeu qui permet de partager l’espace de la table avec un félin) et c’est un jeu d’une féroce mignonnerie qui ne peut que me faire penser au plus adorable et coquin des chats roux. Iconiki, la petite peluche licorne qui a accompagné Clément durant ses heures sans nous à l’urgence vétérinaire, s’est joint à nous pour la partie.
Ça fait le tour pour la portion partagée. De mon côté, seule, j’ai aussi écrit la lettre pour Clément que je vous ai partagé plus tôt cette semaine et j’ai écouté les chansons qui m’ont marqué durant ces dernières années passées avec mon doux Clément et sur lesquelles j’ai dansé et fait danser bébé chat pour son moyen plaisir. Puis, après un deuxième repas avec du thon (salade césar et thon), il restait une petite portion de thon. J’ai décidé de laisser cette portion dehors, dans la cour, pour mon Clément, et tout animal qui passerait par là et aurait faim en ette saison froide. Il me semble l’avoir écrit déjà, j’avais fait la même chose l’année dernière avec le reste de la conserve de thon que j’avais ouvert le soir avant le déclin de Clément et aucun animal n’avait mangé le thon qui avait gelé dur, l’hiver ayant été assez rude en 2023. Je l’avais jeté vers le début du printemps. J’avais un peu peur que cela se reproduirait cette année et je me suis même questionnée à savoir si je laissais le thon dehors après deux jours ou le jetais sans plus attendre.
Néanmoins, je me suis dit que l’année passée, je l’avais laissé dehors comme un don-débarras qui n’avait pas trouvé preneur au final. Cette année, je le faisais aussi symboliquement pour réserver une portion de thon pour Clément, un peu comme quand je laisse mon bol contenant quelques gouttes de lait sur le plancher à la hauteur de Clément pour une période avant de le ranger. Alors, si le thon ne se fait pas manger, ce serait moins triste pour moi que l’année dernière, ce qui ne m’a pas empêché de vérifier à tous les soirs le niveau de thon durant la première semaine. J’étais un peu dépitée comme il semblait intouché et surtout gelé en bloc. N’ayant pas consulté les prévisions météorologiques qui annonçaient un redoux de toute façon, j’ai aspergé d’eau bouillante le thon. Bien que j’ai arrêté de vérifier à tous les soirs, j’ai continué à surveiller de temps à autre et j’ai été très heureuse de constater il y a quelques jours que la majorité du thon avait été dévorée. Je ne sais pas par quoi, il ne restait plus de neige au sol dans la cour à ce moment-là. J’ai remarqué que les oiseaux étaient de retour dans la cour, est-ce eux qui ont mangé le thon ? Ou est-ce ce un autre animal ? Peu importe, le thon a atterri dans un ou plusieurs estomacs et c’est d’un doux réconfort pour mon coeur fragile.
Voilà grosso modo comment nous avons marqué la naissance il y a un an d’une nouvelle étoile au firmament. Le mois de février a ainsi commencé dans le tumulte des émotions ravivées, qui s’est adoucit assez rapidement une fois passée, pour moi du moins. Il se terminera possiblement plus calmement, à l’exception du boulot. Ça semble s’aligner pour cela, bien que la nostalgie devrait continuer de donner le ton pour le restant du mois.
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