Dans le firmament de l’automne-hiver 2023-24

Leçon de chastronomie

Depuis mon billet rapportant mon expérience lors d’une des plus importantes manifestations aurorales des derniers mois, je ne vous ai pas reparlé d’observations du ciel nocturne. Il me semble donc que ce serait le temps de vous présenter un petit bilan. En partant, je peux vous confier que la chasse n’a été très fructueuse, en partie à cause des conditions atmosphèriques peu propices à l’observation du ciel nocturne, mais aussi à cause de la fatigue et des heures allongées au bureau. Moins d’énergie le soir = moins envie de jeter un oeil au ciel dans la nuit. N’empêche que la couverture nuageuse a sans doute plus joué qu’autre chose. Nous avons connu, au Québec, un hiver assez doux et ennuagé. Je n’ai pas regardé les statistiques mensuelles pour les heures d’ensoleillement, mais je sais qu’il y en a eu peu, surtout en décembre et en janvier. Même je dirais que les nuits ont souvent été plus nuageuses que le jour. Les nuages, surtout en ville où ils reflètent tellement de pollution lumineuse, ça limite grandement les possibilités d’observations de phénomènes nocturnes, qu’il soit question d’étoiles, de planètes, d’aurores boréales, de météores, etc.

Dans le jour, j’aime bien observer les nuages, leurs formes et formation, leurs nuances. Je dirais que j’aime autant contempler le ciel durant le jour que le ciel étoilé. Venue la tombée de la nuit, je les aime moins les nuages, ces masses devenant parfois quasiment indistinctes dans l’ombre si ce n’est en bloquant la lumière des astres lointains. Exemple de moments gachés par les nuages : les Géminides de décembre, une pluie de météores récurrente. Je voulais tenter d’en voir la veille de l’atteinte du pic et la soirée était bien partie, ciel dégagé et clair. L’heure avance, je suis enfin sortie, et pouf ! un mur de nuages était apparu entretemps, bloquant totalement la vue du firmament. J’en aurais presque pleuré. Je pense que la constante présente des nuages dans le ciel nocturne a un peu, beaucoup miné ma motivation et j’ai par conséquent moins surveillé la météo spatiale pour les aurores boréales ainsi que les éphémérides pour l’observation des planètes. J’ai peut-être même manqué des nuits dégagées ou relativement par défaitisme anticipé…

Je ne pense toutefois pas avoir manqué beaucoup d’opportunités d’observer des aurores boréales dans mon coin de la zone subaurorale, du moins, pas entre décembre et février. En effet, bien que je n’ai pas vérifié la météo spatiale aussi régulièrement que j’aurais pu, j’y ai quand même jeté un coup d’oeil assez fréquent, surtout entre la mi-décembre et la fin du mois de janvier, et j’ai remarqué que l’activité solaire n’a pas été très élevée, contrairement à ce qu’on s’attendait, peut-être est-ce dû au fait que la Terre devrait atteindre le maximum solaire plus tôt qu’initialement calculé… Il faudrait que je pousse mes recherches pour valider cela. En tout cas, pour ce qui est de la rareté des manifestations aurorales depuis décembre dernier, mes impressions sont corroborées par les rares captures photographiques partagées sur les groupes Facebook auxquels j’apppartiens. Dans celui du Québec, à part les gens dans les régions très nordiques et éloignées d’où je suis qui en ont vu quelques fois depuis la fin de 2023 et le début de 2024, peu de gens dans le Sud du Québec en ont observé. Les nuages ont joué, parce que la situation que je vous rapporte n’a pas été unique à ma ville, loin de là. Les premières aurores de 2024 pour plusieurs dans le Sud du Québecc ont été rapportées vers le 26 février.

Bien entendu, ce soir-la, car ça a adonné que cela en était un durant lequel j’étais aux aguets, c’était nuageux au-dessus de ma tête. Voilà, c’était ma moins bonne fortune côté ciel nocturne étoilé qui frappait encore ! J’ai quand même profité des photos des autres et surtout, des caméras en diffusion instantannée que je vous ai déjà partagées, celle dans le comté d’Athabaska en Alberta et celle à Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest. Parlant de cette dernière, celle-ci a été en problème technique tout l’automne passé et même que son lancement pour la saison 2023-2024 a été retardé jusque vers la deuxième semaine de janvier.  Ce qui n’a pas non plus nourri ma motivation ni encouragé mon assiduité. Comme celle-là est située dans la zone polaire ou du moins, très près, les aurores boréales s’y manifestent plus fréquemment et de façon plus intense. D’ailleurs, même celle d’Athabasca a connu des problèmes où l’image s’arrêtait sur une heure pendant quelque jours, voire quelques semaines. Bref, rien qui ne m’encourageait à poursuivre mes observations régulièrement. N’empêche que mes seules observations aurorales depuis celles de l’automne ont été grâce à ces caméras, principalement celle d’Auroramax à Yellowknife. J’en ai fait quelques captures d’écran dont voici quelques-unes ci-dessous. Si vous voulez en voir plus, vous pouvez retrouver les diffusions en différé d’Auroramax sur leur site Web. C’est un des avantages de celle-ci que le tout soit enregistré et, grâce à mes captures d’écran, je peux vous fournir quelques dates où le visionnement garanti tout un spectacle, de plus ou moins courte durée. Donc, vous pouvez aller regarder celle du 6 avril déjà, tout un spectacle durant toute la nuit, celles du 29 mars, du 21 mars et du 26 février, et si vous êtes curieu-ses d’en voir une à travers les nuages, allez voir la vidéo du 1er mars 2024. Ne vous inquiètez pas, les vidéos sont en accélérés, une nuit complète (et la nuit est longue là-haut en hiver) se déroule en quelques minutes sous vos yeux.

Captures d’écran octobre à décembre 2023

Captures d’écran janvier à mars 2024

Remarquez que j’ai mis mes observations de l’automne au pluriel, parce qu’après celle que je vous ai rapporté au début de novembre, il y en a eu une autre, peut-être… d’où vient le doute ? Eh bien ! C’était une nuit de décembre, nuageuse bien sûr. Nous étions à nouveau sur l’autoroute à la hauteur à peu près d’où nous les avions observées deux semaines auparavant quand j’ai cru percevoir des lueurs, malgré le nuages. Nous avons emprunté une sortie de l’autoroute et avons observé le ciel un bout e temps. J’ai capté quelques photos. À cause des nuages et de mes souvenirs un peu flous (avons-nous perçu des mouvements ou était-ce plutôt statique ?), j’hésite à me prononcer sur la nature du phénomène, aurore boréale ou bien pilier lumineux ? Si vous êtes familier-ères avec le phénomène des pilliers lumineux, causés par la réfraction de la lumière sur des cristaux de glace près du sol et suspendus dans l’air lors de nuits très froides, vous percevrez sans mal la ressemblance. Pourtant, cette nuit-là n’était pas particulièrement froide de mon souvenir, et la discontinuité dans la luminescence verticale fait que je demeure incertaine. Il y a aussi eu une fois en ville, j’ai cru percevoir de lointaines lueurs verdâtres, mais à force d’observations de ce bout du ciel sur plusieurs soirs cet hiver où j’ai perçu une lueur qui, bien que plus blanchâtre, se situait dans les mêmes environs, j’en ai conclus que c’est plutôt de la pollution lumineuse se réfléchissant sur de bas nuages, la source peut-être une des stations de ski proches de la ville, comme je ne me rappelle pas avoir observé une telle luminosité durant l’été. J’essaierai de garder un oeil ouvert cet hiver, quoi que le soleil se couche déjà plus tard et que j’ai moins d’opportunités pour observer ce coin-là. Durant les journées raccourcissantes, je pouvais observer le tout sur le chemin du retour, entre le bureau et chez moi.

Aurore ou pilier ?

Trois soirs, lueur similaire dans le même coin du ciel – pollution lumineuse plus que probablement

Enfin, dans mes espoirs d’observation identifiés à l’ouverture de la saison de chasse nocturne, j’ai mentionné ma volonté d’observer plus de planètes, après avoir pu contempler Jupiter à plusieurs reprises. Je pense que j’ai réussi à voir Saturne un nuit de novembre, photos ci-dessous, bien qu’avec les jumelles que nous avons, je n’ai pas observé ses anneaux, jumelles ayant supposément la force minimum pour les percevoir, quoi que certaines sources parlaient d’avoir besoin d’un minimum de 100X au lieu de 40X. Selon les informations que j’avais sur la position de Saturne par rapport à la Lune et ayant également repéré dans le ciel Jupiter plus loin au même moment, je suis assez certaine de mon coup. Parlant de Jupiter, cette planète a été une constante dans mon ciel nocturne presque tout l’hiver. Je la repère maintenant avec grande facilité. Pour l’instant, je n’ai pas observé d’autres planètes, bien que j’avais espoir de peut-être voir une des planètes souvent visibles à l’aube grâce au vol de retour très tôt le matin, mais bien sûr, quand nous nous sommes réveillés pour quitter Vancouver, le ciel était nuageux ! N’étant pas matinale du tout, ces planètes sont plus difficiles pour moi à observer.

Parlant de Vancouver, j’espèrais peut-être avoir la chance de voir une aurore boréale bien que ce ne soit pas aussi fréquent qu’ailleurs, surtout à cause des hautes montagnes qui enserrent la ville de toute part. Toutefois, l’activité aurorale est restée faible presque tout au long. Ça ne nous a pas empêche de profiter d’un superbe ciel étoilé, le dimanche entre notre arrivée et notre départ, quelque part entre Chilliwack et Vancouver. J’avais apporté pour ce voyage la charte des constellations stellaires de l’hémisphère Nord, achetée l’an passé durant mon séjour en Alberta, et je m’en suis servie comme charte pour la première fois lors de cette nuit dans les montagnes où nous avons eu droit à un ciel très dégagé. J’ai pu entre autres repéré les Pléiades, cet amas de milliers d’étoiles très lointain qui nous paraît si petit de la Terre, la Grande et la Petite Ourse, Draco si je ne me suis pas trompée, et quelques autres.

Coin du ciel de la Colombie-Britannique, début de soirée

Vous ne devinerez jamais qui d’autre à profiter de ces belles conditions pour observer la voûte céleste en Colombie-Britannique. Et oui, Clément II, l’explorateur royal, nous a finalement accompagné jusqu’à Vancouver.

Clément II, la peluche jumelle de Clément le chat, stargazing du toit ouvrant de la voiture de location en Colombie-Britannique. La lune et les étoiles s'offrant à sa vue.

Voilà le résultat de mes chasses des derniers mois. À part un ou deux grands événements, ce fut plutôt calme, mais tout de même rempli de beaux et agréables moments de contemplation. Si je doute avoir d’autres chances d’observer des aurores boréales d’ici l’été, quelques phénomènes célestes rares se profilent au moins à court terme, dont celui qui atttise beaucoup l’attention : l’éclipse solaire du 8 avril. Je travaille ce jour-là, à la maison au moins, mais ma ville est située une centaine de kilomètres au nord de la zone de totalité. Toutefois, d’après les prévisions, à son pic, le soleil devrait être obscurci à 99 %. Je n’ai pas pris la peine d’acheter des lunettes d’éclipse, mais nous avons suffisamment de passoires à la maison pour observer séuritairement l’éclipse. En fait, en août 2017, j’ai vu une éclipse partielle, à environ 50 % d’obscurcissement à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Nous étions tombés par hasard, mon conjoint et moi, sur un parc où une activité pour l’occasion avait lieu et avions pu admirer le phénomène avec des lunettes fournies par les organisateurs.

Sinon, le 10 avril à l’aube, il y aura une bonne occasion d’observer Mars et Saturne, à moins d’un degré l’un de l’autre, dans le ciel du Québec, vers le bas de l’horizon est-sud-est. Je ne suis pas du tout lève-tôt, mais j’ai pris note au cas où j’arrive à me coucher à des heures décentes pour réussir à me réveiller de très très bonne heure. Il faudrait cependant m’éloigner de chez moi pour les observer comme je ne vois pas l’horizon est-sud-est dans mon coin, une falaise étant dans le chemin de mon champ de vision. Si je suis très très motivée, il se peut donc que je diminue ma présence sur les réseaux lundi et mardi. Si je disparais quelques jours, dites-vous que c’est un court sacrifice en vue de cette observation. Encore là, tout dépend des conditions atmosphériques, croisons les doigts pour que les nuages restent loin pour quelques jours…

Et vous, avez-vous fait d’intéressantes observations nocturnes cet hiver ? Avez-vous déjà vu une éclipse solaire partielle ou totale ? Et surtout, avez-vous hâte de découvrir les aventures de Clément II à Vancouver ?

15 réponses à « Dans le firmament de l’automne-hiver 2023-24 »

  1. Je ne comprends pas tout ce parler d’étoiles et d’aurores. En Californie du Sud, nous avons de la pollution de lumière, et le ciel a toujours une certaine lueur la nuit, mais jamais des objets célestes.

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    1. 😖 C’est bien dommage tant de pollution lumineuse! Même à Montréal, Jupiter est repérable parmi les quelques étoiles visibles, lorsque le ciel est dégagé. Dans ma ville, on voit un peu plus d’étoiles qu’à Montréal.

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  2. Bonjour Marie-Luce, super ton billet , très instructif. Bisous bon Dimanche MTH

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    1. Ça me fait plaisir que tu es appréciée, Marie. Bonne soirée 🙂

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  3. Je n’ai jamais vu d’aurores boréales alors rien que le fait que tu puisses en voir même si ce n’est pas possible toutes les fois me fascine.
    Tu sembles animée d’une belle passion communicative 🙂

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    1. Merci ! C’est un sujet qui m’intéresse depuis longtemps, mais que je n’avais jamais pris le temps de creuser.

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  4. On attend des nouvelles de Clément II !

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    1. 😄 Je pense qu’il a hâte de faire son compte-rendu d’exploration.

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  5. bonjour, comment vas tu? merci pour le partage. c’est superbe! j’habite une région assez polluée et avec pas mal de nuages donc c’est compliqué d’observer le ciel. passe un bon dimanche et à bientôt!

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    1. Ça va bien, et toi ? Ah les nuages ! Ça n’aide pas. Bon mercredi! 🙂

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  6. Tout à fait intéressant, ton billet, Marie-Luce !!! Oui, oui, vraiment hâte de découvrir les aventures de Clément II à Vancouver ! Bonne nuit.

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    1. Merci Colette ! Je commence tranquillement à les assembler 😉. Ça s’en vient. Bon vendredi 💙

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  7. Merci pour ton joli texte. Ooohhh ! Que j’aimerai voir une aurore boréale, ce doit être magique ! Bisous !

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    1. Oh oui, ça l’est ! Je te souhaite de pouvoir vivre cette expérience au moins une fois. Merci 😊

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  8. […] forces en vue de ce qui se profilait pour la semaine restante. Il avait ainsi l’énergie pour contempler le ciel étoilé avec nous sur le retour vers Vancouver, comme je vous l’avais partagé il y a quelques […]

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