Deuil en cours
Parfois, je ne sais pas par quoi commencer. J’ai plusieurs idées, plusieurs envies, plusieurs besoins, mais je n’arrive pas à me décider sur un en particulier à élaborer. En fait, parfois, c’est surtout une question de temps et d’énergie, surtout les jours de travail. Les soirées passent vite et, lorsque je n’ai rien de suffisamment avancé, je sais bien que même si je commence quelque chose, je ne le finirai probablement pas le soir même. Alors, je suis moins motivée à commencer, malgré que le lendemain, ça recommence parce que je ne suis pas plus avancée et j’ai bien souvent autant de temps et d’énergie que la veille, voire moins. Puis, le week-end, c’est un peu la course pour tenter de rattraper le tout, et le cycle recommence la semaine suivante…
J’ai peut-être trop ralenti durant ces périodes de retrait de mes activités bloguesques. J’ai cassé mon rythme et je n’arrive plus à le trouver. D’un autre côté, c’est sans doute aussi le signe que de nouvelles habitudes se sont installées. Un rappel que dans les semaines, même les mois suivant la mort de Clément, j’avais arrêté, ou grandement diminué, plusieurs de mes loisirs préférés, n’ayant pas le coeur de les poursuivre sans la présence de mon vieux chaton et que je ne faisais souvent que le strict minimum des tâches domestiques. Cela relativise quelque peu mon impression de stagner ; je ne dédie peut-être plus autant de temps au blog qu’avant, mais ce n’est pas forcément un mauvais signe. Cela ne m’empêche pas néanmoins de ressentir une certaine frustration à passer moins de temps sur et autour de la Miaougraphie de Clément. Là, il s’agit de trouver l’équilibre qui me permettra de maintenir une place dans mon train-train quotidien pour les activités liées à Clément sans trop délaisser les nouvelles habitudes que j’ai tant bien que mal réussi à instaurer.
En tout cas, juste écrire ce succinct état des faits me fait déjà du bien, je le sens. Ça me permet d’exprimer mon malaise – frustration, sensation de stagnation, essouflement marathonesque, tout en notant les progrès sous-tendant ce malaise, de reconnaître ce qui coince et ce qui va. L’exercice m’aide à réexaminer mon approche et mes priorités. Pourtant, depuis que les vagues du deuil se font moins houleuses, je mets de plus en plus souvent de côté cette habitude que j’avais pris après le décès de Clément de faire le point régulièrement sur où j’en suis dans mon cheminement, sur comment je me sens, sur ce qui m’attend, bien que je peux témoigner que chaque fois que j’ai pris le temps de faire ma mise au point, cela m’a été très bénéfique.
Parfois, il est facile de poursuivre les séries que j’ai entamées sur le blog, faire de la place pour les défis culturelles et les sujets un peu moins endeuillés, et par conséquent, reporter les questionnements sur où j’en suis dans mon deuil. J’ai tellement de sujets que je repousse, parce qu’ils sont peu avancés, parce qu’ils demandent du travail, parce que j’ai d’autres qui me paraissent plus convenir à la période, et ces mises au point font partie du lot négligé, souvent indirectement. Je ne m’en rends pas compte sur le coup, jusqu’à ce que je tente de retracer le dernier écrit. Je pense de moins en moins souvent à les préparer. Tout le reste de la Miaougraphie de Clément, de mes activités du quotidien, éclipse ces remises en question ponctuelles. Tenez, un exemple : mon plan initial pour le début de cette semaine était un retour sur ma petite participation à un Read-a-thon ce week-end dans le cadre du Mois au Japon. Je n’avais pas prévu de billet « Deuil en cours » outre possiblement mon bilan de l’hiver. Alors, je remercie mon indécision de m’avoir poussé à refaire l’exercice aujourd’hui. Je me remercie surtout d’avoir pris le temps dans cette soirée où je vais tenter de ne pas veiller trop tard pour écrire. Car je rédige l’ébauche de ce texte la veille du 10 avril, jour où comme je vous l’ai annoncé dans mon plus récent billet sur mes observations dans le firmament, Mars et Saturne seront visibles dans le ciel, tôt le matin, à moins d’un degré l’un de l’autre et je compte bien écourter ma nuit pour, si le ciel est dégagé, tenter de les observer.
Avez-vous remarqué comment j’ai inséré deux références à l’éclipse ? Je n’ai pas pu m’en empêcher, en plus que ça se prêtait trop bien au contexte. Ça a été une agréable expérience de suivre la progression de l’éclipse solaire entre deux tâches de travail. Je me suis même organisée pour prendre ma pause de l’après-midi durant le sommet de l’éclipse. Comme elle n’était pas totale, le ciel s’est beaucoup assombri, mais ça ressemblait plus à un début de soirée durant le coucher de soleil qu’à la nuit. Les lampadaires se sont allumées tout de même pendant quelques minutes. Finalement, je vous ai menti dans mon précédent billet, j’avais des lunettes d’éclipse. Mon conjoint a décidé d’en acheter à la dernière minute sans me le dire. Je n’ai donc pas testé la méthode de la passoire. Les lunettes m’ont été bien utiles, elles m’ont entre autres permis de prendre quelques clichés très représentatifs de l’éclipse en pressant la lentille d’une des paires de lunettes contre mon objectif, parce que même couvert à plus de 90 % par la Lune, la lumière du soleil était encore trop forte pour que je puisse avoir directement autre chose qu’un gros blob lumineux en photo, même avec une vitesse d’obturation de 1/2000. Vous pouvez voir la différence ci-dessous. Les photos n’ont été prises ni au même moment ni au même endroit (devant/derrière l’immeuble où j’habite). Cependant, la photo sans lunette a été prise environ dix minutes avant l’atteinte du pic tandis que celle avec a été pris dix minutes après à peu près, pour un niveau de luminosité vs. obscurcissement comparable. Au pic, on ne voyait qu’un mince filet du dessus du soleil visible, environ la moitié de ce qui apparaît sur la photo ci-dessus. En passant, les photos à travers les lunettes d’éclipse montrent exactement de quoi ça a l’air observer le soleil durant l’éclipse avec ces lentilles teintées opaques.



Si vous vous demandez si je me suis levée tôt ce matin et si j’ai vu quelque chose, les réponses sont oui et non, outre un magnifique lever de soleil, avant que les nuages rappliquent (le reste de la journée, le ciel était couvert). Je ne pourrais dire ce qui nous a empêché d’observer Mars et Saturne. La ligne d’horizon était peut-être trop haute à cause du panorama légèrement surelevé des environs, la lumière de la ville combinée à celle des premiers rayons du soleil était peut-être trop forte. Les filaments de nuage vers le sud, sud-est, était peut-être en plein devant l’alignement de ces planètes. La limite de mon champ de vision était pas mal juste sur la direction est-sud-est, elles étaient peut-être juste passées mon champ de vision. Bref, petite déception, mais ça a valu la peine malgré tout de me lever tôt et de me tenir debout sur une butte battue par de forts vents frigorifiants. Comme quoi, une partie du plaisir est la chasse !
Je ne sais pas si j’aurai d’autres bonnes opportunités de tenter d’observer les planètes à l’aube, mais une chose est sûre, entre mes multiples activités incluant l’écriture et la Miaougraphie de Clément, de beaux défis se profilent à l’horizon pour moi ce printemps et j’espère que rien ne les éclipsera.





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