Miaougraphie de Clément

Deuil en cours d’une experte-dépisteuse

Des fois je suis surprise du temps que ça me prend pour enfin vous partager quelque chose que j’avais pourtant si hâte de vous parler. C’est le cas de ce petit miracle qui s’est produit tout juste avant mon départ pour Vancouver. C’est sûr que c’est arrivé vraiment peu avant de partir, et je venais tout juste de vous parler d’un autre miracle peu avant ; la cachette de poils de Clément dissimulée sous son trône-pouf… Puis à mon retour, j’avais sans cesse autre chose à aborder, et je repoussais, je repoussais, et je repoussais encore ! Tout ça pour dire que ce petit miracle s’est produit il y a déjà deux mois et que ce n’est pas parce que je ne crevais pas d’envie de vous le partager que je ne vous en avais pas encore parlé.

Voilà, dans mes préparatifs pour le voyage, j’avais noté l’achat d’une carte SD d’extra pour ma caméra, comme la mienne s’en venait pleine et que je n’avais pas de temps pour faire le ménage, puis une de plus, ce n’est jamais de trop. Toutefois, voilà, je manquais un peu de temps et au final, j’ai fouillé dans mes vieilles cartes SD pour voir si une pourrait faire l’affaire et c’est là que le miracle s’est produit ! Voyez-vous, ces vieilles cartes avaient relativement peu de stockage, 8 Go, et, quand j’ai changé de caméra il y a près de dix ans, j’ai opté pour le double comme la qualité de mes photos était plus élevé, et donc prenait plus de place. Pendant un temps, j’ai continué de me servir de ma vieille caméra en parallèle, comme elle est plus compacte, plus petite et plus facile à utiliser. Et apparemment que j’avais oublié d’exporter une trentaine-quarantaine d’images de ces cartes SD après avoir rangé ma vieille caméra (parce que la pile au lithium était finie, sinon, je m’en servirais encore), et parmi celles-ci, Clément apparaissait sur plusieurs d’entre elles !!!

Imaginez ma joie de trouver ces photos dont j’avais oublié l’existence puisque je ne les avais pas revu depuis que je les avais prises, du moins, pas que je me rappelle. Elle était indescriptible ! Celles-ci datent de entre fin 2018, début 2019 et même un peu de 2020, périodes pour lesquelles j’avais justement peu de photos de mon vieux chaton. Parmi ces rescapées, il y a quelques selfies de Clément et moi, et j’en avais justement peu de récent, alors, j’étais doublement contente de trouver ceux-ci ! D’autres montraient Clément et le sapin de Noël, Clément et mon conjoint, et celles qui m’ont comblé le plus, Clément qui cuisine avec moi !! Les années de maturité de Clément sont celles dont j’avais le moins de photo, alors trouvé celles-ci relèvent vraiment du miracle, bien que je me doutais qu’il devait s’en cacher quelque part, j’avais toujours cette impression qu’il m’en manquait, surtout de Clément dans la cuisine justement. Il y avait aussi d’autres photos sans chat à travers le lot que j’étais contente de retrouver, des confections dont j’avais perdu la trace, dont je pense, une de mes premières galettes des rois faites avec de la pâte feuilletée maison.

Pendant que je rédigeais le premier jet de ce texte, je fouinais dans mes archives sur CD et DVD gravés. D’ailleurs, c’est ce que je faisais le 5/5 à 17h05 quand j’ai pris ma photo pour le rendez-vous proposé par Enna et LaBulle (si vous avez priz une photo en passant, il est encore temps de lui envoyer par courriel pour qu’elle fasse partie de la mosaïque). Durant ce premier écumage, j’ai trouvé deux pépites visuelles de Clément de plus et, cette fois, ce sont des vidéos, ce qui est très rare dans mes archives personnelles ! Et pas n’importe quelles vidéos, comme c’étaient celles de Clément avec le harnais et la laisse lors d’une de ses premières (et seules, si vous vous en souvenez) sorties avec. Dire que je ne me rappelais même pas avoir capturé ce moment en vidéo ! Pour que leur souvenir en soit si diffus, je pense que ces vidéos ne doivent ni avoir été exportées sur mon portable actuel ni sur le précédent.

Je les ai d’ailleurs trouvé sur des DVD de back-up d’un de mes anciens portables. Ça fait un moment que je me dis que je veux fouiller là-dedans, j’en ai une bonne pile, pour chercher des traces de Clément entre autres et pour d’autres choses aussi, parce que je n’ai pas toujours tout recopier sur mon plus récent portable lors de changement d’ordinateur et que je n’ai pas non plus tout regroupé sur mon plus récent disque dur externe. Puisque j’étais sur le sujet de retracer les pas de Clément dans mes archives, ça me semblait un bon moment pour enfin commencer. Et paf ! premier disque inséré, première découverte ! Ça commençait bien… Je vous partagerai ces vidéos une autre fois, promis juré, même si la qualité est très basse. Elles ont été tournées avec mon fliphone de l’époque qui était doté d’une caméra de moins d’un megapixel je pense. Cependant, pour moi, elles sont plus précieuses qu’une vidéo 4K…

Je ne m’attends pas à ce qu’il y ait des tonnes d’autres miracles comme les deux rapportées ici, même si j’ai trouvé quelques images de bébé chat de plus dans les derniers jours. Ces dernières sont d’une importance un peu moins significative, ce sont des photos complémentaires d’une série que j’avais déjà en partie ou bien des photos très sombres et de basses qualité, ou des photos ou vidéos où on aperçoit à peine un petit bout d’oreille féline ou de queue. Quoi que chaque morceau de Clément retrouvé est une petite victoire en soi. Et on ne sait jamais ce que j’y dénicherai encore. Le tout m’amène sur un sujet que je voulais explorer depuis plusieurs mois en fait, et que je considère depuis quelques semaines tourner en une série de billets : les traces que Clément a laissés derrière lui et comment le deuil m’a poussé à développer une expertise pour les débusquer.

J’avais déjà entendu parlé et lu sur le sujet de comment le moindre détail de ce qui reste physiquement ou en mémoire d’un être aimé revêt une importance incommensurable suivant le décès de cet être. Je dois admettre que dans mes deuils passés, je ne l’avais jamais vécu à ce point. Je n’étais pas préparée à cette peur viscérale d’oublier ces menus détails, de les perdre à jamais, moi qui pourtant a de très bonnes facultés de mémoire. Dans les premières semaines après la mort de Clément, c’était une véritable frénésie qui me prenait par moment et me poussait à chercher des traces de lui partout ; ses poils, ses bouts de griffe, les marques laissés par ses dents et ses griffes, son odeur, son ombre… La panique pouvait monter rapidement si j’en trouvais trop peu, trop… parce que ça me donnait l’impression que la présence de Clément s’était déjà effacée de notre demeure. Et si c’était le cas, qu’est-ce que cela signifiait pour sa présence dans nos vies ? Que restait-il de Clément ? Ces questions me turlupinaient, même s’il restait pourtant de nombreuses évidences de la présence de Clément dans notre quotidien, si ce n’est tout l’amour qu’il nous a laissé et celui qu’il nous inspirait. Le choc du début de mon deuil m’avait mis des oeillères et je voyais sans voir ce qui traînait tout près de moi.

Le projet de la Miaougraphie de Clément est venu en quelque sorte comblé ce trou, cet aveuglement subconscient. Si les traces tangibles de sa vie parmi nous se faisaient rares, je pouvais encore invoquer celles intangibles qui vivaient dans ma mémoire, aidées par les supports visuels cumulés à travers les années. Au départ, le processus était loin d’être facile. Il me fallait me triturer les méninges pour identifier la bonne ficelle à tirer pour retrouver le fil de mes souvenirs. Chaque miette de tranche de Miaougraphie que je parvenais à extirper ainsi me permettait de reconstituer une partie du casse-tête de son existence. Cette partie-là de ma traque, si vous suivez la Miaougraphie de Clément depuis quelque temps, vous devriez être familier-ères avec puisque j’en publie régulièrement le résultat. Toutefois, je ne pouvais parler de dépister ce que Clément a laissé derrière lui après sa mort sans mentionner la place du blog qui lui est dédié dans le processus, surtout que la Miaougraphie m’a permis, je crois bien, de rabattre ces oeillères endeuillées.

Puisque je commence cette série un peu tardivement dans mon deuil (plus d’un an après son début), je ne remonterai pas de façon systématique pour vous présenter mes recherches et leurs résultats dans un ordre particulier. De toute façon, je n’ai pas noté au fur et à mesure mes (re)découvertes des impressions plus ou moins indélébiles que Clément a laissé dans son sillon. Il serait ardu d’en faire une chronologie. Je vous en partagerai ici et là, selon ce qui me revient, ce qui me tente, ce qui (re)devient d’actualité.

Traquer les photos et vidéos est sans doute une des traces les plus faciles à repérer. Ça prend surtout de la patience, du temps et une approche systématique pour ne pas manquer un dossier, en ne se fiant pas seulement à leur désignation. Le nom d’un dossier peut porter à croire qu’il ne contient aucune trace de Clément et puis, tadam ! En voilà une de plus ! C’est d’ailleurs dans un de ces dossiers qui ne laissaient rien supposer que j’ai trouvés les vidéos mentionnées ci-dessus. La curiosité porte ses fruits. À moins de trouver d’autres trésors singuliers dans mes répertoires, je ne ferai pas de suite à cette partie de ma recherche sur les pas de Clément dans cette nouvelle série. J’explorerai d’autres aspects, et cataloguerais d’autres objets trouvés lors de mes fouilles, conscientes ou incidentielles, parce qu’il faut l’admettre, plusieurs traces ont été trouvées à un moment où je n’en cherchais pas activement. Néanmoins, je reviendrai sûrement sur d’autres sujets en lien avec les images de Clément, juste pas dans le cadre de cette nouvelle série.