Défi culturel
Le challenge An American Year, organisé par The Cannibal Lecteur et Chez Chroniques Littéraires, bat son plein depuis novembre dernier déjà et je vous ai encore bien peu partagé là-dessus, bien que j’accumule depuis des mois des expériences américaines variées. Au point où je ne sais plus par où poursuivre mes retours sur ce défi. Alors, pourquoi pas par une de mes plus récentes sorties à saveur américaine ? Pour ce faire, je vous entraîne sur l’autoroute 20 de la province du Québec. Non, cette autoroute ne relie pas directement la belle province au pays voisin, mais elle nous a conduit, mon conjoint et moi, vers une expérience toute américaine et félinesque vendredi dernier.

Mon conjoint et moi avons ainsi fait quelque chose que nous n’avions pas fait depuis fort longtemps, nous sommes allés au ciné-parc, où comme on dit en anglais, au Drive-in Movie Theater (ou Drive-in tout court). Et ce n’était pas du tout planifié d’avance ! En fait, nous étions en chemin vers la maison de ma mère. En route, nous allions passer devant le ciné-parc de Mont-St-Hilaire, un des derniers actifs dans la province du Québec. À une cinquantaine de kilomètres de la sortie et à moins d’une heure de la tombée du jour, je me suis rappelée que lorsque nous sommes montés il y avait deux semaines pour passer un week-end à Montréal, mon conjoint avait remarqué que le ciné-parc semblait déjà ouvert pour la saison estivale comme les projections avaient commencé quand nous avions passé devant.
J’aimais l’idée d’en profiter, mais la fatigue de la fin de la semaine était importante, je doutais que mon conjoint embarque, surtout que c’est lui qui conduisait. J’ai lancé donc l’idée peu convaincue moi-même en partageant la programmation prévue de ce soir-là, écran 1 Amis imaginaires (If en VO) et Le Cascadeur (The Fall Out Boy en VO) et écran 2 Garfield et j’oublie le deuxième film, tous présentés dans leur version doublée en français. (C’est le hic du ciné-parc au Québec, rares sont les films américains présentés en VO.) Je pense que le fait que Garfield jouait a fortement influencé notre choix final de faire une petite pause au ciné-parc en ce vendredi soir qui était magnifique, avec un ciel dégagé et une température des plus clémentes pour une soirée de cinéma en plein air. En plus, nous étions accompagnés d’un petit explorateur qui aimait bien l’idée de vivre une nouvelle expérience pour lui. Quoi de mieux comme première expérience au ciné-parc pour Clément II que de visionner la nouvelle adaptation de Garfield en film d’animation ?

Aller au ciné-parc a ravivé de doux souvenirs de mon enfance pour moi. Arrivés durant la brunante, voir les gens s’installer de façon variée, certains dans le confort de leur véhicule, d’autres avec leurs chaises et couvertures, ainsi que les enfants qui s’amusent dans l’espace gazonné devant l’écran où on ne peut pas se stationner m’a évoqué bien des soirées passées avec ma famille au ciné-parc. Nous y allions plusieurs fois chaque été jusque vers la fin de mon adolescence. Il faut dire qu’avec deux adultes et quatre enfants, c’était plus économique, surtout que nous pouvions apporter nos collations et breuvages. Comme l’arrêt ciné-parc n’était pas prévu le week-end dernier, mon conjoint, Clément II et moi n’avions pas beaucoup de rations, tout juste une demi-douzaine de beignes ramassé lors de notre pause-essence peu avant d’arriver au ciné-parc. Par chance, le kiosque de nourriture au ciné-parc était bien pourvu, et étonnamment, les prix ont peu augmenté depuis notre dernière visite il y a au moins dix ans de cela. Alors, nous avons pu ajouter un grand sac de popcorn et un breuvage à nos victuailles (et mon conjoint qui avait faim a également pris des hot-dogs). Difficile de faire une expérience plus « américaine » que cela ! Et oui, les premiers drive-ins, puis leur essor, prennent leur origine aux États-Unis (référence ici et là). Cet essor avait traversé la frontière, bien que ça a tardé jusque vers la fin des années 60 pour qu’on les voit apparaître au Québec (apparemment que les administrations précédentes ne voulaient pas autoriser cette forme d’activité commerciale…).
Qui plus est, le film que nous avons visionné mettait en vedette un des chats américains les plus célèbres et célébrés, le gourmand Garfield ! Ça aussi, ça me plonge dans mes souvenirs d’enfance ayant grandi avec les dessins animés Garfield et ses amis. Je ne pense pas les avoir tous vus, mais il ne doit pas m’en manquer beaucoup. J’ai cependant peu lu de Garfield enfant. Tout ça pour dire, je suis très familière avec l’univers original de Garfield et je dois dire que j’étais peu intéressée par la récente adaptation (et celles qui ont précédé que je n’ai pas visionné il me semble). Je ne serais sûrement pas allée le voir en salle de cinéma, mais au ciné-parc, avec Clément II avec nous, je me suis dit pourquoi pas et je ne l’ai pas regretté. Non seulement l’expérience ciné-parc était super, le film était également un très bon divertissement. L’histoire qui revisite quelque peu le passé de Garfield traite de sujet comme l’abandon parental, la construction de liens de confiance et la vengeance. Le film regorge de moments cocasses tout en n’étant pas dépourvus de moments touchants. Il y a plus d’actions que dans la plupart des histoires de Garfield. Les références culturelles foisonnent, on est dans un genre entre histoire de rédemption et de grand coup (heist). J’ai particulièrement aimé la séquence d’animation traditionnelle où le plan du grand coup est présenté.
Je me dois d’émettre quelques bémols malgré tout. Il me semble que les gags utilisaient souvent une violence gratuite qui m’évoquent plus Looney Tunes que Garfield (pas qu’il n’y en avait pas dans les vieux Garfields, juste le degré était plus du tour pendable ou de la bataille de chat typique, ce qui n’est pas le cas dans le film.) Puis, l’un des plus gros bémols, c’est que c’est un « bro-fest » ; il y a très peu de personnages féminins et les plus importantes sont des vilaines. Je n’ai rien contre présenter des vilains au féminin, même que je trouve qu’il y a souvent une tendance à masculiniser les antagonistes. Toutefois, dans le film de Garfield, ce n’était pas contrebalancer par des personnages féminins alliés à Garfield. C’est sûr qu’en partant, dans les comic strips originaux, les personnages féminins avaient peu d’espace de paroles et apparaissaient en général moins fréquemment que les personnages masculins. Toutefois, le film introduit tellement de nouveaux personnages que ça aurait pu être plus équilibré quant à moi. Cette faible présence féminine n’empêche toutefois pas le film de déconstruire certains stéréotypes de genre autrement. Je ne vous en dirai pas plus pour ne rien révéler de l’intrigue.


Bref, j’ai adoré mon expérience de ciné-parc, Clément II également, et nous avons tous les trois, mon conjoint compris, bien apprécié cette nouvelle mouture de Garfield. C’est certain que j’ai pensé à notre petit roi en visionnant Garfield. Parce qu’il était un peu gras plus jeune, beaucoup de mes proches ont comparé Clément à Garfield. Cependant, à part les motifs et couleurs de leur pelage et leur gourmandise, ils avaient peu en commun. Clément avait un visage tout en finesse comparé à Garfield.
Je préfère vous prévenir d’avance, si vous allez voir ce film, attendez-vous à avoir une rage de lasagne ensuite. Nous avons eu la chance, mon conjoint et moi, de la sustenter rapidement, ma mère ayant prévu de nous servir sa savoureuse lasagne pour le souper du soir suivant. Bien entendu, quand elle a planifié le tout, elle ignorait totalement que nous verrions Garfield le jour d’avant puisque cette sortie était nullement préméditée de notre part. N’empêche que ça ne pouvait mieux tomber ! Et justement, la lasagne de ma mère se rapproche plus de la version italo-américain qu’italienne, ce qui complétait bien ce week-end « américain ».





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