Tranche de Miaougraphie en parallèle de deuil en cours
Suite des histoires de cours de 2023
Si vous ne vous rappelez pas ou n’étiez pas là l’été dernier, en 2023, vous pouvez retrouver les histoires de cour décrivant l’annexation de ce bout de territoire extérieur au royaume intérieur de notre roi félin ici.
Chaque année, à partir des environs de la mi-août, c’est la même histoire. Les arbres des voisins derrière notre cour et les écureuils se mettent à projeter fruits, feuilles et brindilles dans la cour de Clément (et sur nous, quand nous y sommes installés). Une lutte âpre débute, face à laquelle nous sommes plutôt démunis, réduits à rester à l’abri au risque de recevoir un gland sur la tête (ce qui m’est arrivé au début du mois de septembre cette année !). C’était ainsi du temps de Clément, ça continue ainsi sans lui. C’est difficile de départager la part de responsabilité des écureuils et des arbres. Mon conjoint et notre voisin actuel semblent penser que c’est principalement l’œuvre des écureuils, personnellement, j’ai souvent vu les projectiles tombés sans entendre ou surprendre le moindre mouvement dans les branches. Une chose est indéniable, les traces de cette lutte sont bien visibles jusqu’à ce que les branches se vident du reste des feuilles changées de couleur. Entre-temps, le vent semble entonner « À qui la cour ? » et entre les branches, en réponse on entend « Aux écureuils ! ». Nul doute qu’à l’ère de Clément, il miaulait en réponse « Non. À mo-aou! ».

Mon conjoint a fait le ménage récemment, ce sont quelques semaines de chute qui sont ainsi ramassées dans un grand tas. Impressionnant non ! Et ça, c’est ce qui reste après que les écureuils aient fait le tri de ce qui pouvaient leur être utiles pour l’hiver dans ce qui a atterri au sol, dont ils semblent tenter de ranger une partie dans les pots de plante encore plein de terre… Je pense qu’il n’est peut-être pas surprenant qu’aucune des vivaces que nous y avons transplanté aient jamais réussi à hiverner, si les écureuils dérangent leurs racines à une période charnière entre leur période de croissance et de dormance. Vous pourriez penser que leur emprise est pire depuis que notre roi félin n’est plus là pour patrouiller l’annexe de son royaume intérieur… J’aimerais vous dire que c’est le cas, mais en fait, entre la fin de l’été 2022 et celle de 2023 ou celle de cette année, il n’y a pas de différence notoire. Les écureuils ne se sont jamais gênés pour revendiquer leur part de la cour, surtout durant la fin de l’été, et ce, même durant le règne de Clément. Imaginez-vous qu’il y en avait des assez effrontés pour le faire directement sous son museau, pendant qu’il était de sortie, ce qui l’excitait pas mal. Les seules fois où il a tenté de grimper la clôture séparant notre cour de celle des voisins à l’arrière, c’était à la suite d’un écureuil qui venait de se sauver après avoir empiété sur le territoire royal !
Pourtant, à le voir aller dans la cour, sous la pluie des projectiles de ses ennemis rongeurs, gardant son calme et son sang-froid, on pouvait facilement croire que les va-et-vient des écureuils laissaient Clément de marbre. Quand j’y pense, ça devait être sa façon de les attirer dans un guet-apens, qui n’a jamais réussi, jamais complètement, en tout cas. Je dois admettre que ces impressions de la magnanimité ou du désintérêt de Clément face aux tentatives d’intimidation des écureuils et leurs alliés, les arbres, viennent en bonne partie de mon conjoint. Personnellement, je ne m’en souvenais pas tellement, en partie parce que, quand il se met à pleuvoir des glands et des brindilles, j’ai tendance à rester à l’abri à l’intérieur. J’avais oublié pourquoi je ne sortais pas tant avec mon vieux chaton à l’automne, malgré les températures plus douces, et cette année, face à la « menace » sylvestre, je me suis souvenue de la raison principale. Cependant, ce n’était pas que pour me protéger ; je n’aimais pas trop l’idée de Clément qui se promenait sous les projectiles, et encore moins, l’idée des écureuils qui aimaient venir le taquiner. Notre roi était un chasseur dans l’âme et, quand il trouvait une cible, il perdait de vue tout le reste, faisant cabrioles et pirouettes qu’il n’aurait pas fait d’habitude. Ainsi, durant cette période où les rongeurs sont très actifs dans leurs préparatifs en vue de l’hivernage, il fallait garder les deux yeux fixés sur Clément quand il était de sortie et je trouvais souvent plus facile de contenir ses envies de chasse en le limitant aux confins de son royaume intérieur. Probablement au grand dam du monarque de notre logis et de son annexe, la cour extérieure, qui ne pouvait défendre les limites de cette dernière quand je n’ouvrais pas la porte sous ses miaulantes injonctions pendant que les écureuils attaquaient.

Quoi que bébé chat ne demandait pas tant la porte pendant que le bruit des glands tombant au sol résonnait à l’intérieur de la maison. Et ça, je m’en souviens beaucoup plus clairement : le fracas des projectiles rebondissant sur le sol et les meubles extérieurs ne le faisait pas tiquer plus que cela quand il était à l’intérieur. Clément réagissait peut-être un peu aux premiers Poc! de la saison, mais après, il semblait considérer cela comme la trame sonore de l’automne qui approche. Peut-être que le silence l’inquiétait plus, car à ce moment-là, il ne pouvait savoir ce que ses opposants tramaient, tandis que quand ça résonnait de tout bord tout côté, même de l’intérieur, avec ses oreilles sensibles de chat, Clément arrivait sans doute à localiser les activités des écureuils et leurs alliés. Ainsi, il ne ressentait peut-être pas le besoin d’aller se geler les papattes dehors pour patrouiller le champ de bataille. Les fois où mon conjoint, et parfois moi, le laissaient inspecter en personne son annexe devaient lui suffire.
Malgré qu’il me faut tempérer un peu ce point, quand j’étais seule à la maison, Clément ne demandait pas trop la porte, surtout une fois que la température fraîchissait. Néanmoins quand mon conjoint y était aussi, notre petit roi exigeait souvent même au début de l’automne qu’on lui ouvre la porte, on excluant la personne qui écrit. C’est que mon conjoint était tellement plus libéral que moi pour les heures de sortie dans la cour, parce qu’il aime autant profiter de la cour que Clément. Je suis plutôt certaine que notre vieux chaton avait reconnu cette différence et ne se gênait pas pour en abuser. En général, ça ne me dérangeait pas trop, sauf quand mon conjoint était absent plusieurs jours et que bébé chat se reposait alors sur moi pour pouvoir arpenter sa cour quand il le voulait ! Être le sujet d’un souverain félin ne me dérangeait pas trop la plupart du temps. Faire sa litière régulièrement, le nourrir, rafraîchir son eau, lui laisser des coins confortables près de moi, parfois en réduisant mon confort personnel, ça passait bien, mais je place la barre à agir en tant que portière ! Ça, ça n’a jamais été mon fort.
Pour en revenir au champ de bataille annuel de la cour extérieure, j’aurais dû penser à vous enregistrer un bout de ce que ça donne comme trame sonore. C’est vraiment quelque chose. Les gens qui habitent à côté d’un pommier ou d’un arbre à fruit similaire seront à même de l’imaginer, c’est très semblable. Dans le gros de la « récolte », c’est un gland qui tombe à toutes les quelques minutes, matin et soir. Poc. Poc. Poc. Il y a bien quelques moments un peu plus calmes durant la journée, mais à peine ! Personnellement, bien que je m’habitue à entendre ces éclats assez tonitruants de fin d’été, je continue de sursauter régulièrement à leur chute retentissante. J’imagine que le bruit résonne plus fort depuis que la cour est pavée, avant, nous ne devions pas les entendre tant que cela, sauf si cela atterrissait sur un des objets traînant dans la cour. Comme ça fait presque dix ans que le pavage a eu lieu, je ne me rappelle pas vraiment comment c’était avant à cette période-ci de l’année.


Je me rappelle toutefois qu’avant le pavage, nous avions des champignons dans la cour qui sortaient vers cette même période de l’année (même après le pavage, ils ont poussé à travers au moins une autre saison ou deux avant de disparaître (ou plus probablement, vu que les champignons ne sont que la partie visible du mycélium s’étendant sur une surface beaucoup plus grande sous la terre, de réapparaître ailleurs). Nous n’avons jamais laissé Clément explorer ces champignons, ignorant s’ils sont dangereux ou non pour un chat, une autre raison qui limitait d’ailleurs les périodes de sortie de notre roi dans son annexe durant cette transition entre deux saisons, du moins, pour nos premières années ici. Dans les plus grosses années, il y en avait vraiment beaucoup, c’était impressionnant ! Toutefois, ce n’était pas le genre de champignons à rester longtemps en surface, tout juste quelques jours, à peine, à l’exception d’une ou deux occurrences où ils semblaient avoir pris leur aise dans notre cour et ne semblaient pas vouloir se résorber avant plusieurs jours.
Parlant de choses éphémères, j’ai réalisé cette année qu’un des deux arbres adossant directement notre cour semble être un type de cerisier, le genre qui porte des fruits ! Je ne sais pas pourquoi je n’avais pas fait le lien avant, pourtant, j’avais bien vu que les fruits étaient sphériques et de couleur rouge. Je pense que c’est parce que je n’avais pas remarqué que c’était le même arbre qui florissait brièvement quelques jours au printemps qui portait ces petits fruits. Puis, cette année, certaines des cerises jonchant le sol étaient plu mûres que dans les années précédentes. En effet, dans le passé, les cerises étaient souvent pas complètement mûres quand elles tombaient. Elles étaient d’un rouge plutôt mât, très petites et fermes, à peu près aussi dures que les glands de l’autre arbre… et comme je n’ai pas grandi près de cerisiers, je n’ai pas l’habitude de voir des cerises suspendus aux branches. Au-delà de savoir que c’est un cerisier, je ne pourrais pas vous dire la variété. Comme quoi on en apprend tous les jours, même de choses tout près de soi !
J’aimerais conclure en vous assurant que je continue la défense de l’annexe du royaume de Clément en son honneur, mais je n’ai pas sa bravoure et sans doute, le crâne moins solide que mon vieux chaton. Sérieusement, mon cuir chevelu a été sensible pendant des jours suivant ce gland qui m’est tombé pile poil sur le dessus du crâne. Il me faudrait presque porter un casque à cette période de l’année, tellement la bataille de la cour peut faire rage intensément par moment… Par chance, le plus gros de la lutte est derrière nous pour cette année. Dire que Clément n’avait que sa couronne de roi félin pour le protéger ! Insouciance ou courage, d’une façon ou d’une autre, on ne peut qu’admirer son dévouement pour son royaume. Qu’importe ce que les écureuils pensent, la cour adjacente à notre logis appartiendra toujours à Clément !





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