Leçon de chastronomie
Depuis mon dernier bilan de mes observations nocturnes, quelques observations significatives se sont ajoutées et pas des moindres, celles d’hier soir (jeudi 10 octobre)… et oui, cette fois, je n’ai pas manqué la valse de la Grande Dame boréale. Elle s’est rendue jusqu’à chez nous et a empli le ciel de couleurs, mais plus là-dessus plus bas. J’ai donc décidé de ne pas attendre mon prochain bilan pour vous en parler. En fait, je ne pouvais pas attendre !! Je considérais déjà le faire avant hier soir, avec les quelques observations ajoutées entre l’éclipse lunaire et celles possiblement à venir dont je voulais vous entretenir avec un peu d’avance au moins.

Ça a commencé avec moi qui renoue avec la pleine lune enfin, le 16 septembre, et quelle lune magnifique (ci-dessus) que cette Super Lune des récoltes ! Enfin, un ciel dégagé pour observer les phénomènes célestes nocturne, ça valait bien la peine de « skipper » un mois. La météo est demeurée clémente cette semaine-là, me permettant le lendemain de contempler l’éclipse lunaire partielle du 17 septembre. Au pic, la lune n’était peut-être couverte qu’à environ 8 % de sa surface par l’ombre de la Terre, mais ça demeurait intéressant de voir la lune passée de quasi totalement pleine à un peu moins pleine en l’espace d’une vingtaine de minutes. Entre les jumelles et ma caméra, j’ai pu observer le phénomène d’assez près, bien que la majorité des photos que j’ai prises sont nulles… Je n’ai pas passé longtemps debout à tripatouiller ma caméra ; comme vous le savez, mes pieds ne sont pas dans leur état normal et je dois les ménager. La meilleure photo ci-dessous est celle au point culminant ou à peu près, de l’éclipse. En plus flou, je vous ai inclus une partie de la progression menant au pic de l’éclipse partielle du 17 septembre.





L’avantage, c’est que j’ai pu observer l’éclipse du pas de ma porte ou presque, vu la localisation de la lune dans le ciel. Ce soir-là, j’ai pu observer Saturne à nouveau aussi, assez clairement à l’aide de nos jumelles (mais pas assez pour discerner les anneaux). Seulement, avec la lumière de la lune, rien n’est sorti en photo pour la planète. Néanmoins, j’ai quelques photos de la veille de Saturne et de la lune, pas claires, mais on y distingue clairement le cercle doré de Saturne. Je n’étais pas certaine que c’était bien Saturne, mais en vérifiant, selon l’heure et le jour, la position de la lune et de Saturne sur un nouvel outil que j’ai trouvé ce soir, Stellarium, ça semble concorder exactement avec ce que j’ai pris en photo. D’ailleurs, ce nouvel outil promet d’être utile pour mes futures observations célestes.
Ça, c’est pour mes observations sélènes. Depuis mon bilan du printemps et de l’été, j’ai repris quelque peu ma veille des activités aurorales, disons-le sans grand succès outre à distance grâce aux caméras Web disponibles. Par exemple, je suis sortie dans ma cour lors de la tempête assez conséquente du 12 septembre, mais c’était tellement nuageux par chez nous que je ne me suis pas rendue plus loin et suis rapidement rentrée à l’intérieur. J’ai plutôt parti Youtube sur mon téléviseur et ouvert la diffusion en continu d’Aurora Live Abitibi Québec pour admirer le spectacle tout en travaillant sur le blog (de mémoire pour ce que je faisais). Il y a eu différentes périodes d’activité, plus ou moins intenses, dans le dernier mois, mais jusqu’à récemment, je n’étais pas ressortie pour tenter de les voir, entre mes efforts pour ménager mes pieds et les conditions nuageuses. Jusqu’à cette semaine, où une première observation de quelque chose de rose-mauve dans le ciel m’a redonné espoir, bien qu’au final, ce beau rose se reflétant sur les nuages à l’oeil nu semble provenir d’une tour illuminée pour Octobre rose… En fait, le 7 octobre, de splendides aurores ont bien strié le ciel un peu partout au Canada, dont au-dessus du Québec. J’ai vu passé de nombreuses photos, dont certaines prises dans ma ville ou tout proche, mais leur ciel semblait bien plus dégagé que celui au-dessus de ma tête, ce qui m’a laissé espérer que peut-être que cette pointe de rose à travers les nuages était bien une partie des aurores… Si cette observation, la dernière photo dans la mosaïque ci-dessous, n’était pas d’origine aurorale, elle a eu ça de bon : elle m’a requinqué un peu, car j’avoue qu’après avoir manqué plusieurs magnifiques aurores boréales dans les derniers mois pour des raisons variées (trop nuageux, trop fatiguée, pas au bon endroit au bon moment, etc.), j’étais un peu moins motivée, du moins, pour tenter d’en voir en ville.




Puis, vint hier soir où les indicateurs mesurant l’activité géomagnétique était dans le tapis à fond dès le début de la soirée. Avec un ciel assez nuageux, j’ai tenté ma chance et j’ai décidé de sortir prendre une petite balade, surtout suivant cette photo devant chez moi affichant beaucoup de rouge. Sur le coup, je n’avais pas l’impression de capter grand-chose, une fois dans la côte près de chez moi, toutefois, en revenant à la maison plutôt bredouille, j’ai découvert en observant avec soin les photos que dans la trouée de nuages, un grand pan de nuances mauves avec un peu de vert vers la droite semble être possiblement des aurores boréales assez pâles. Je ne me prononcerais pas définitivement, malgré que je penche pour confirmer que c’était bien la première partie du spectacle de la soirée que j’ai réussi à peu près à capter.





Néanmoins, ce n’est pas cette première captation sur caméra qui m’a vraiment rendu heureuse. Moins de deux heures après mon retour à la maison, je surveillais les indicateurs à nouveau et ils étaient en remontée fulgurantes. J’ai décidé de ressortir, juste dans ma cour que je me disais, pour être sage… Le ciel à ce moment-là était presque entièrement dégagé, on distinguait très bien les étoiles, celles suffisamment brillantes pour être perçues à l’œil nu dans une ville. En visant avec ma lentille une portion de ciel au-dessus de l’immeuble voisin, ma caméra percevait certaines nuances de couleurs inhabituelles dans le ciel. Quelle fut ma surprise quand j’ai pointé ma caméra directement au-dessus de ma tête pour faire une photo de comparaison, pensant capturer un ciel étoilé bien ordinaire, d’apercevoir plutôt un mélange de couleurs qui peinturait le ciel en photo ! Galvanisée par cette première observation, je me suis précipitée en dedans pour faire mon petit sac d’exploration nocturne, m’habiller chaudement et reprendre la direction de la côte pas très loin de chez nous où j’avais pris des photos plutôt dans la soirée. En chemin, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre quelques photos au-dessus de ma tête pour valider ce que j’avais aperçu, dont un selfie plutôt flou. Je vous inclus la version brute et celle légèrement éditée de ce dernier.





-La marche au totale est d’environ 7-10 minutes en montant, pas très long. Toutefois, en m’installant dans la côte pour prendre des photos, j’ai constaté sur mes premières que bien que je pouvais voir l’arc vert que je ne voyais pas d’en bas, les teintes roses-mauves-rouges étaient totalement absentes de mes photos, même si je pointais ma caméra au-dessus de ma tête. Je soupçonne que c’est dû au fait que la côte est très bien éclairée des deux côtés et à proximité d’une école et d’un parc qui sont tout aussi bien éclairés, tandis que sur ma rue que j’ai monté pour me rendre à la côte, l’éclairage est plus faible et même qu’il y a quelques coins ombragés. Je pense que la qualité de prise de vue des aurores boréales en photo ne dépend pas que de la pollution lumineuse de la zone dans laquelle on se trouve. La présence de source de lumière immédiatement autour joue aussi, du moins, c’est ma théorie. Le fait est que j’ai repris des photos en descendant ma rue, après avoir quitté mon poste d’observation puisque l’arc commençait à s’estomper, et encore là, on ne parle que de quelques minutes de différence, pourtant, toute une myriade de couleurs étaient encore visibles en bas versus en haut de la côte d’où je pensais avoir une meilleur prise de vue d’ensemble… J’imagine que des observations futures m’aideront à faire le point là-dessus.





Bref, le 10 octobre marque ainsi la première fois que j’ai pu capter les couleurs des aurores boréales tout près de chez moi, et même carrément de ma cour. De plus, j’ai pu observer très clairement à l’oeil nu l’arc de ma vue dans la côte, bien qu’elle était grise-blanche à l’oeil nu, plutôt que le vert-bleu sortant sur mes photos. La prochaine fois que je prends des photos de ma ville, je pense que je jouerai aussi avec le paramètre de valeur d’exposition, l’ajustant dans les valeurs négatives, parce qu’elles sortent un peu trop claires. Je vous en inclus une même photo sans (gauche) et avec ajustements (droite) pour démontrer ce dont je parle.


Au final, ce ne sont pas les plus belles photos d’aurores boréales du monde, entre les conditions de pollution lumineuse et ma stabilité encore plus faible que d’habitude, mais elles m’ont permis de mieux percevoir le phénomène pendant qu’il se déroulait autour de moi, et c’est ça qui compte pour moi. J’étais tellement émue après avoir capté ces premiers éclats flagrants de couleur aurorale de ma cour, de la cour de Clément, marchant avec autant de précipitation que mes pieds pouvaient soutenir vers ma destination. Ce n’étaient pas des larmes de joie, mais des sanglots de joie qui m’étouffaient en chemin. J’étais sur un petit nuage hier soir, et je le suis encore ce soir, un nuage nocturne qui ne me déplaît pas pour une fois !
Voilà pour mes observations les plus marquantes récemment. Il y a quelques autres petites choses, photos de ciel étoilé, etc., que je réserve pour le prochain bilan. Maintenant, je voulais également vous prévenir d’un phénomène à venir, au cas où vous n’avez pas vu passer l’annonce. Une comète traverse à l’heure actuelle notre coin de l’univers, la comète A3 ou C/2023 A3 (Tsuchinshan-ATLAS). Elle est déjà dans notre coin depuis un moment, mais n’était pas très visible à moins d’avoir des outils spécialisés à sa disposition. Elle devrait toutefois être visible à l’œil nu dès demain soir, peu après le coucher du soleil en Amérique du Nord. Cela devrait demeurer le cas pour quelques semaines, bien que le soir du 12 octobre devrait représenter son apogée en termes de luminosité réfléchie, ce qui facilitera son observation. À vos lunettes d’observation, si les conditions s’y prêtent bien sûr ! Par chez moi, je pense que ce sera nuageux à nouveau… De ce que j’ai trouvé, ce sera également en début de soirée qu’elle sera ou devrait être visible dès demain au-dessus du ciel de la France.
Autre nouvelle d’intérêt spatial, même si celle-ci n’est pas un phénomène observable sans un télescope professionnel ou à peu près, saviez-vous que la Terre a actuellement une deuxième lune en orbite temporairement ? Depuis le 29 septembre, un astéroïde de passage, 2024 PT5, se trouve dans le champ gravitationnel de la Terre et y demeurera vraisemblablement pour encore quelques semaines. Que dire de plus ? Le ciel nous réserve de bien belles surprises, quand on prend le temps de lever les yeux.
Je vous souhaite un ciel clément aux observations célestes cet automne. N’hésitez pas à me partager vos observations, récentes ou à venir.




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