Fairy Friday en mode défi culturel
J’étais tentée de publier mon Fairy Friday d’octobre exceptionnellement le dernier jeudi du mois au lieu du vendredi. Ça reste proche du vendredi et ça aurait coïncidé avec l’Halloween. Néanmoins, j’ai conclu que ça serait tout aussi bien de le publier ce vendredi-ci, question de mettre un peu d’ambiance halloweenesque pour entamer le décompte avant que les petits farfadets, les mignonnes fées et toutes les créatures mystérieuses envahissent les rues en quête de bonbons. Le rendez-vous du vendredi des fées auquel je vous convie aujourd’hui s’inscrit ainsi dans le Challenge Halloween organisé par Lou et Hilde et durant tout le mois d’octobre. En préparant ce billet, j’ai mis la liste musicale féérique en cours de construction. Oui, j’aurais pu choisir une liste musicale plus dans le ton pour ce moment de l’année, mais j’avais envie de m’imprégner d’un brin de féérie pour élaborer ce rendez-vous féérique et que c’est agréable d’avoir une playlist parfaite pour pondre mes rendez-vous féériques. Je pense qu’une nouvelle habitude mensuelle est née ! Encore merci d’ailleurs à ceux et celles qui ont suggéré des titres ou des artistes. C’est une petite liste pour l’instant, qui contient pourtant tellement de diversité. Et il est toujours temps d’en ajouter, si vous avez de nouvelles suggestions.
Le sujet que j’ai choisi pour combiner Fairy Friday et le Challenge Halloween en est un que j’ai reperé il y a un moment et dont j’attendais le moment propice pour le partage, même si je n’avais pas d’idée exacte de quand serait le meilleur moment pour l’aborder. Puis, cette créature légendaire a été mentionnée dans un documentaire que j’ai visionné en septembre, « The Tigers of Scotland », que j’aurais pu d’ailleurs ajouter dans mon Pumpkin Autumn Challenge. Ce moyen-métrage documentaire présente la situation des chats sauvages d’Écosse, dont la population est très réduite et n’occupe qu’une fraction des Highlands maintenant. Il est en fait difficile d’évaluer exactement leur population, car ils sont très difficiles à repérer tellement ils se fondent dans leur environnement. Des efforts de réintroduction ont aussi été mis en place. J’ai apprécié d’en apprendre plus sur ces animaux particuliers, si proches et en même temps si loin de nos chats domestiques, sauf que je trouvais malaisant comment une partie de l’emphase sur la menace envers cette population était l’hybridation, c’est-à-dire la reproduction interspéciste avec les chats domestiques… Ça me fait un peu trop penser aux discours (pur sang) humains. Sans compter, que toutes les espèces vivantes continuent d’évoluer. Bref, une partie de ce documentaire mentionne cette créature mythique dont je comptais vous parler depuis un moment, je vous expliquerai plus bas le lien.
La revoir si près d’octobre m’a fait penser que ce serait parfait pour un Fairy Friday thématique d’Halloween, un type de fée sombre, mystérieuse et féline qui plus est ! Le temps était sans nul doute d’aborder ces créatures légendaires, sauf que j’étais en train d’oublier ce point déjà jusqu’à ce que je croise d’autres chats-fées dans un des livres que j’ai lu dernièrement, Queen of Air and Darkness de Cassandra Clare (ils n’y avaient pas un grand rôle, juste pour une courte scène dans ce roman très dense). J’ai aussi croisé une nouvelle mention de cet étrange chat sur Instagram dans une publication d’Enchanted Booklet partageant une œuvre de Liga Klavina que je vous mets en lien ci-dessous.
Je parle d’une légende celte, qu’on retrouve autant en Écosse qu’en Irlande, d’un chat-fée noir, le Cait Sìth ou Sidhe. J’ai cherché à identifier quelle graphie provenait de où (ça se prononce de la même façon autrement, lire comme shee), mais j’ai trouvé des informations contradictoires et aucune source semblait franchement supérieur que l’autre. Je vais écrire après cela Sidhe tout simplement, question d’en choisir une forme. Les Cat Sidhe sont des chats noirs qu’on peut distingue des chats noirs normaux par leur immense taille pour un chat et par la présence d’une tache blanche sur leur poitrail ou près du cou. Les Cat Sidhe avaient plutôt mauvaise réputation, puisqu’on disait d’eux qu’ils volent les âmes des personnes récemment décédées qui n’ont pas encore eu le temps de traverser dans l’au-delà. Pour se nourrir, ils se tiendraient près des lieux où ces âmes se trouvent, les cimetières principalement. D’ailleurs, il y avait un rituel funèbre écossais pour empêcher les Cat Sidhe de perpétrer leurs méfaits. Un garde spécial veillait sur les corps devant être prochainement enterrés, le Fèill Fhadalach. Selon ce que j’ai trouvé ces gardes distrayaient les Cat Sidhes pour détourner leur attention de la sorte : « They played games, and wrestled, and played music, and danced, and told riddles in order to distract the Cat-Sìth and keep them away until the time of the burial. » (Source de la citation : Folklore Scotland). Comme nos chats domestiques, l’attention des Cat Sidhes semble de courte durée.
Toutefois, il semble qu’ils ne soient pas entièrement mauvais, puisque une autre croyance serait qu’il existe un moyen d’attirer leur bienveillance, si on pose le bon geste au bon moment. Ce geste est de leur laisser une gamelle de lait au pas de sa porte le soir de Samain, c’est-à-dire le soir de l’Halloween. Le Cat Sidhe laperait goulûment ce lait et tiendrait en meilleur estime les habitants de la résidence, les « bénissant » pour la prochaine année. Attention cependant à ceux et celles qui ne leur en laisse pas ce soir-là, c’est une malédiction qu’ils et elles recevraient. Je me demande d’ailleurs si la superstition de laisser du lait dehors pour les fées ne vient pas de cette légende en particulier, je vous en avais parlé dans un Fairy Friday en juillet 2023. Le Cat Sidhe semble donc un esprit qu’on peut apaiser pour un temps en suivant la bonne procédure, mais son image demeure sombre et inquiétante. Ne nous le cachons pas ce genre de légende a fortement contribué à la multiplication des préjugés envers les chats, surtout les chats noirs.
Avec cette image ternie, on peut se poser la question : est-ce que le Cat Sidhe fait réellement partie des peuples féériques ? En fait, certaines légendes les associent plutôt aux sorcières, non en tant que familiers, mais en tant que sorcières elles-mêmes qui se transformeraient d’une forme à l’autre, humanoïde à féline, et vice et versa, jusqu’à un maximum de neuf fois. Apparemment qu’une sorcière se métamorphosant une neuvième fois en chat ne pourrait plus reprendre sa forme humaine ! La croyance que les chats ont neuf vies proviendrait possiblement de cette variante du Cat Sidhe. Néanmoins, la distinction entre sorcière et fée est parfois assez floue, j’avais abordé brièvement celle-ci l’an passé et peut-être que je reviendrai plus en profondeur sur ce sujet un jour. Savoir si le Cat Sidhe est plutôt fée ou sorcière, je ne pense pas que ça change grand-chose à la nature mythique et magique de cet être élusif.
Quoi que cette nature trouverait peut-être sa source dans l’existence d’un chat bien réel (et je ne parle pas de Louis-Catorze, peu importe ce que son humaine en dit 😉 ), le chat de Kellas, un des produits de l’hybridation des chats sauvages d’Écosse et des chats domestiques. En effet, le chat de Kellas est un grand chat, généralement noir arborant une tache blanche dans le cou ou sur le poitrail. La ressemblance est à s’y méprendre, n’est-ce pas ? Sauf que ce croisement existe-t-il depuis aussi longtemps que les légendes du Cat Sidhe ? Je me le demande, surtout que le premier chat de Kellas confirmé a été attrapé en 1983 après tout. Allez savoir !
J’avoue que je pensais trouver plus d’information sur le Cat Sidhe, cependant, je vous ai retranscrit dans mes mots l’ensemble de l’information trouvée à peu de choses près (je vous ai épargné un rituel horrible pour convoquer le Malin). Voici quelques sources que j’ai consultées et utilisées pour vous monter ce billet. Elles racontent sensiblement toute la même chose sur le Cat Sidhe:
https://mythus.fandom.com/wiki/Cat_S%C3%ACth
Secret Scotland
Folklore Scotland
Certaines sources faisaient référence à un conte de fée anglais, dont des versions existent aussi en Irlande et en Écosse, « The King o’ the Cats ». Avec un titre comme cela, il me fallait trouver le fin mot de l’histoire et j’ai trouvé une version qui semble correspondre au description lu et qui provient de l’ouvrage More English Fairy Tales de Joseph Jacobs. C’est très court, mais c’est en anglais. Je n’ai pas trouvé une version en français. Pour la lire, c’est ici : https://www.gutenberg.org/files/14241/14241-h/14241-h.htm#The_King_o_the_Cats. Ça ne cite pas directement le Cat Sidhe, bien que cela met en scène des chats noirs doués de parole et au comportement étrange (pour des chats).
Je trouve la légende du Cat Sidhe, dans ses différentes formes, très intéressante, toutefois, je ne peux m’empêcher de penser que peut-être que le Cat Sidhe est simplement une créature incomprise… Peut-être qu’un jour, je raconterai son histoire autrement. J’aurais dû y penser plus tôt, ça aurait été parfait pour le thème du mois de l’Agenda ironique, « Esprit, es-tu là? ». Hélas, j’y pense trop tard. D’ailleurs, si vous cherchez plus de lectures pour vous mettre dans l’ambiance Halloweenesque, n’hésitez pas à vous rendre sur le blog de La Licorne qui héberge l’Agenda ironique d’octobre. J’en ai reperé un, intitulé « L’esprit du chat »…
Sur ce, je vous souhaite un week-end frissonnant d’enchantements et délicieusement magique. J’espère que le Cat Sidhe ne vous causera pas de cauchemars.
Miaougraphie de Clément 
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