Défi culturel / Lectorchat
Comme promis, voici la suite de mon retour en parallèle sur mes lectures récentes sur le thème spatio-temporel. J’avais terminé sur mon plus gros coup de cœur de cette sélection, je poursuis en commençant par cette déception brièvement mentionnée dans la première partie de ce retour en parallèle. Il manquait d’ailleurs ce livre dans la photo de ma sélection, puisque je ne trouvais plus le roman. L’ayant retrouvé (pas si loin que ça), je vous la partage ci-dessous.

The Time Traveler’s Wife
Avec ce titre, je valide pour le Challenge du Petit Bac d’Enna la catégorie Personne humaine (Wife/épouse autant que Time Traveler/Voyageur dans le temps).
Ce roman m’a pris du temps à lire, sans jeu de mots. J’ai eu de la difficulté à embarquer dans l’histoire à cause de certains éléments de l’histoire qui me semblait d’une moralité douteuse. Je ne savais pas exactement à quoi je m’embarquais avec ce livre et avoir eu certaines connaissances dès le départ aurait peut-être facilité mon immersion. Avoir connu le lien avec la culture punk en amont aurait sans doute jeté une autre lumière sur l’ambiguïté de certains aspects de l’histoire. En anglais, on parle souvent dans les dernières années du trope littéraire morally grey et ce roman dans son ensemble en est un bon exemple. Si ce n’était que cela, j’aurais probablement réussi à m’immerger suffisamment dans l’histoire éventuellement, mais ce ne fut pas le cas, bien que j’ai tout de même apprécié certains bouts de ce pavé assez dense.
Pour l’autre aspect que j’ai moins aimé, je vous ramène au titre du roman qui réfère clairement à la femme du voyageur dans le temps. Je m’attendais donc à ce que la femme en question, Clare, occupe une place centrale dans le récit. Elle y était, c’est indubitable, sauf que c’était souvent par petit morceau. Je dirais que ce roman est avant toute chose l’histoire d’Henry, ce voyageur dans le temps malgré lui. Il ne choisit ni le moment où il part, ni celui où il atterrira, encore moins la durée du temps qu’il y demeurera avant de retourner dans le présent, pas plus que le lieu où il se rendra. Vêtements et objets ne le suivant pas, il a dû développer des ressources et des aptitudes pour éviter d’attirer l’attention et s’adapter en attendant de rentrer à son époque. Clare fait partie quelque peu malgré elle, du moins au départ, des mécanismes de survie d’Henry. Ce livre est vendu comme l’ultime histoire d’amour ou presque, j’avoue que je n’ai pas ressenti une si profonde histoire d’amour dans cette histoire. En tout cas, elle ne m’a pas fait vibrer. Ce qui explique aussi que je n’aie pas été particulièrement convaincue, mes attentes n’ayant pas été comblées sur ce point et après tout, je suis une hopeless romantic. Une bonne partie du récit est consacrée aux deuils périnataux successifs que Clare et Henry vivent. C’est justement une partie du récit où je trouve que Clare s’efface tandis que son point de vue sur ces épreuves me semble central…
Malgré tout, je peux souligner les éléments originaux et intéressants, qui explique en bonne partie le grand succès de ce livre à l’époque de sa publication, comme le côté incontrôlé et incidental des voyages dans le temps d’Henry ; le croisement des lignes de temps puisqu’Henry retourne souvent à une époque qu’il a déjà vécu, se rencontrant même parfois (et non, pas de paradoxe temporel, juste des situations assez souvent malaisantes) ; et la non linéarité du récit allant au-delà de ces croisements. Cette non linéarité représente bien les possibilités du voyage dans le temps qui se joue de toute linéarité temporelle, peut-être trop bien… j’avoue que par moment, j’étais un peu perdue, malgré les sections titrées de l’âge de nos deux protagonistes, Clare et Henry. Il y avait un peu trop de va-et-vient en quelques pages par moment pour que je ne perde pas un peu du fil du récit. Bref, cela ne m’a pas empêcher de passer au travers et d’apprécier, par moment, ma lecture. La fin m’a laissé quelque peu sur ma faim, ce qui renforce sans doute mon impression mitigée au sortir de cette lecture. Malgré tout, je lirai probablement la suite, mais je ne suis pas pressée de le faire. D’ailleurs, elle ne semble pas être parue encore.
Chicago étant au cœur du récit, la scène punk américaine étant en filigrane de celui-ci et l’autrice étant américaine, cette lecture s’inscrit parfaitement dans le challenge An American Year, organisé par Chroniques littéraires et The Cannibal Lecteur.

Parmi la sélection que je vous ai présenté dans la première partie, figurait deux imprévus, qui m’ont beaucoup plus convaincu que le roman ci-dessus ; imprévus, car je ne pensais pas que ces deux lectures étaient liées au thème du voyage dans le temps et de la temporalité. Néanmoins, à leur façon, ils abordent tout deux directement la notion du temps, bien que de façon différente que les autres ouvrages de ma sélection

Entre les ombres
Avec ce titre, je valide pour le Challenge du Petit Bac d’Enna la catégorie Couleur (ombres).
Entre les ombres est une bande dessinée de science-fiction se déroulant dans un futur rapproché postapocalyptique où un homme survit seul, entouré des fantômes de ses souvenirs. La superposition de ces fantômes sur les vestiges du monde où il évolue m’a fait penser à comment les choses du passé influent sur notre perception et notre conception de l’environnement présent. Il y a différentes façons de voyager dans le temps, si on veut, et le chemin des souvenirs en est un. Il y a peu de texte dans cette BD, on n’en connaîtra peu sur le point tournant de ce monde postapocalyptique. Pourtant, je n’ai pas senti que ça manquait puisque le ton se veut poétique, contemplatif. Entre les ombres, il y a un homme qui fait son petit bonhomme de chemin dans un monde bouleversé, il y a un homme qui coexiste avec les fantômes d’un quotidien disparu. Sans être un coup de cœur, ce fut une très belle et douce lecture, malgré le contexte postapocalyptique.
The Moth Keeper
Avec ce titre, je valide pour le Challenge du Petit Bac d’Enna la catégorie Animal (Moth/Papillon de nuit).
Pour ce qui est de The Moth Keeper, c’est un très beau roman graphique initiatique de Kay O’Neill, auteurice-illustrateurice derrière la série des Tea Dragons, série que j’affectionne beaucoup. Dans ce one-shot, on suit Anya qui est apprentie pour devenir la gardienne des papillons de nuit pour sa communauté dont le mode de vie est entièrement nocturne. Ces papillons remplissent un rôle vital pour la survie de la communauté. C’est donc un poste important, mais solitaire. Pendant sa garde, Anya se met à se demander comment les choses se passent dans l’autre communauté, celle qui vit dans le jour. L’usage du temps ici est plus un contexte pour différencier deux modes de vie diamétralement opposés. Pour ceux et celles qui vivent de nuit, ceux et celles qui vivent de jour semblent plus un mythe qu’une réalité. J’y ai trouvé un écho avec les gens qui dans notre monde vivent de nuit, parce que leur métier l’exige bien souvent, évoluant ainsi dans un monde qui est parfois très différent de celui dans lequel nous vivons de jour. Ça met en relief, d’une façon fantastique, la difficulté à traverser la distance temporelle qui sépare les deux. Si on continue ses tâches à son horaire habituel, comme Anya le fait dans le récit, tout en voulant profiter de l’autre monde temporel, il faut sacrifier des heures de repos avec les conséquences qui s’accumulent au fil des jours. J’ai adoré ce roman graphique, pour son univers visuel, pour ces personnages attachants, pour son récit aussi beau que touchant.

Au final, ma sélection m’a servi le temps un peu à toutes les sauces ; temps du jour, anticipation du futur, voyage à travers le temps et l’espace, chemins de la mémoire, maîtrise du temps… Ce fut beaucoup plus varié que ce à quoi j’avais pensé initialement en montant ce thème de lecture. Pour les lectures dont je ne vous offre pas de retours plus détaillés, sachez que ce n’est pas parce que je ne les ai pas grandement appréciées. Si vous voulez en savoir plus sur Presque minuit, Afternoon of the Elves, The Time Machine and Other Stories ou encore Une fille du futur, n’hésitez pas à me demander.
Pour mes retours à venir dans un avenir plus ou moins proche, j’ai l’embarras du choix entre les lectures de l’été dont j’avais envie de vous entretenir et les plus récentes comme je lis à un bon rythme depuis septembre. J’aimerais donc prendre le pouls des thèmes qui vous interpellent le plus, s’il y en a. Cela ne veut pas dire que je n’aborderai pas les autres, simplement, ça peut m’aider à me décider pour le suivant. Alors, dans les thèmes que j’ai en réserve, il y a cétacés et autres animaux marins ; lié à ce dernier, mais comportant son lot de titres à part – environnement et mer ; exploration d’urban fantasy ; ou bien de saison, un automne de doux frissons. Autrement, je vous prépare mon récapitulatif du Challenge Halloween, quelques derniers billets pour An American Year (la fin officielle est le 15 novembre prochain) et bien sûr, plus de Miaougraphie ! Quoi que je vous préviens que les prochains dix jours risquent d’être remplis de défis culturels… un petit blitz de fin de challenge s’impose.




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