Blog en pause, deuil en pause ?

Deuil en cours

Je tiens d’abord à vous remercier encore pour votre accueil envers notre nouvelle venue, notre princesse des bois, ladite Gigi la câline, ici, sur Instagram et en personne. C’est vraiment touchant de voir comment elle a déjà conquis de nombreux cœurs au-delà de ceux de mon conjoint et moi. Je lui ai d’ailleurs lu à voix haute presque tous vos commentaires laissés sur le blog et sur Instagram. Pas que je doutais qu’elle serait bien accueillie, seulement de constater à quel point elle l’est, ça demeure époustouflant ! Cela fait déjà plus d’un mois qu’elle s’est lovée dans nos vies et elle semble s’être bien adaptée. Je reviendrai là-dessus plus en détails une autre fois. Ce début est un aparté par rapport au sujet que je tenais à adresser aujourd’hui. Disons que je suis surtout due pour une mise une point sur mon deuil dans les derniers mois, n’en ayant pas fait, même de façon personnelle, depuis 2024. Pour compenser de vous faire attendre pour en apprendre plus sur l’adaptation de notre princesse des bois, voici au moins quelques photos récentes.

J’aimerais dire que comme j’ai mis sur pause presque totalement mes activités sur les réseaux sociaux, mon deuil a aussi été mis sur pause, mais ce n’est pas le cas, quoi qu’il y a eu des périodes durant l’année où il se terrait dans un repli de mon cœur pendant que d’autres soucis du quotidien occupaient le devant de la scène. J’avoue que par moment, pour éviter la surcharge émotive, j’essayais de ne pas trop m’attarder sur Clément et surtout, sur ce que je ressentais par rapport à son absence, malgré qu’il n’y avait pas moyen de complètement contourner le tout en triant nos affaires et empaquetant ce que nous gardions et ce dont nous nous débarrassions…

Ainsi, sans être activement sur la piste des traces de notre vieux chaton, celles-ci surgissaient par elles-mêmes – un bout de styrofoam sur lequel Clément a réussi à mettre la dent avant qu’on lui retire ; sa cage endommagée ; ce jouet de stimulation qu’il n’a presque pas utilisé ; son premier ensemble de laisse et harnais (serait neuf si ce n’était qu’il y avait bien fait ses dents et ses griffes pendant le peu de temps qu’il les a portés) ; ces jouets achetés que nous n’avions pas encore sorti avant son trépas – jusqu’aux plus infimes traces laissées sur nos objets à nous ; une fiche de câble audio-visuel mâchonnée ; les échancrures laissés par le griffage occasionnel de Clément sur nos sacs et valises ; une tasse qui servait de plat pour ses récompenses, et j’en passe. Cette énumération déjà imposante est loin d’être exhaustive. C’est ainsi que je me suis rendue compte que cette peur qui a marqué les débuts de mon deuil, celle que les marques qu’il avait laissées durant ses quinze années étaient trop peu visibles, était grandement infondée !

Par chance, la joie de retrouver ces bouts de bébé chat un peu partout dépassait en général la peine qui accompagnait leur redécouverte. Ces petites choses ont donc été surtout une source de réconfort durant les troubles de la première moitié de l’année. Ça m’a quelque peu étonné, je vous avouerais, je craignais avant de commencer que ce genre de trouvailles ne ferait que raviver la peine de quitter la dernière maison occupée de son vivant par Clément. Ça a généré son lot d’amertume, c’est sûr, mais jamais au point d’étouffer les notes joyeuses et réconfortantes que provoquaient chaque trace relevée de son passage dans nos vies. Je pense que chacune de ces trouvailles me convainquait un peu plus que nous pourrions faire de notre prochain chez-nous, la maison de Clément, même sans qu’il ait arpenté les lieux de son vivant.

Toutefois, je tempérerais quelque peu cela. Je pense qu’ici, le recul que j’ai pris envers la Miaougraphie de Clément, l’écriture et l’introspection sur mon deuil durant ces mois de changements majeurs a joué son rôle. Si j’avais pris le temps d’écrire ce que quelques-uns de ses objets me rappelaient, m’évoquaient, si j’avais creusé ne serait-ce qu’un tant soit peu, la tristesse, voire la colère, aurait probablement remonté un peu plus à la surface. Jusqu’au point de prendre le dessus ? Sur ça, je ne pourrais me prononcer. J’ai simplement l’impression que ces émotions auraient pris un peu plus de place d’où le sentiment d’avoir réussi par dépit à mettre jusqu’à un certain point en pause mon deuil durant la première moitié de l’année.

Il y a eu des moments où ça débordait tout de même, comme lorsque je me suis débarrassée de sa vieille cage de transport ou de ce jouet dont il ne s’est presque pas servi, bien que leur emprise ne durait pas. Je ne me permettais pas de m’épandre. Ne pouvant pas me le permettre ? Qui sait ? J’ai ainsi tenu, en quasi apnée de mon deuil, jusqu’au déménagement et un peu après, jusqu’à ce que nous retournions chercher les derniers petits trucs dans l’ancien appartement et que nous lui disions définitivement aurevoir. Les larmes ont jailli à ce moment, bien que j’ai réussi à les sécher assez vite, parce que l’installation n’allait pas se faire toute seule, repoussant de cette façon encore le moment de réfléchir pleinement à ce que j’avais vécu, ce que je vivais encore.

Je pense que cette réserve ne m’a pas préparé à ce que je pourrais ressentir en ouvrant notre porte et mon cœur à un nouveau félin. Quand nous nous sommes mis en route pour aller retrouver Gigi, j’étais excitée, heureuse, bien que nerveuse, je n’avais pas ou trop peu d’appréhension en lien avec mon deuil. Même si je me sentais prête à le faire depuis quelques mois déjà, et même si j’étais aux anges après avoir rencontré Gigi, la journée où nous avons quitté le chalet et embarqué en voiture tous trois pour rentrer à la maison, j’ai passé une bonne partie du trajet d’une heure à ressasser les derniers moments de Clément avec nous et à pleurer. Quand j’y pense, ces sentiments contradictoires qui m’habitaient, Giselle a dû les sentir, ce qui peut expliquer qu’elle semblait plus nerveuse que ce que mon père nous avait décrit de son premier voyage en tant que passagère officielle.

Avec le recul, je comprends mieux maintenant pourquoi ce sont surtout les derniers jours avec notre premier souverain-félin qui me sont venus en tête : la dernière fois que j’avais voyagé sur la banquette arrière de notre voiture, c’était avec Clément dans sa boîte en route d’urgence vers l’hôpital vétérinaire. Assez brutal comme comparaison ! N’empêche que le fait que j’avais quelque peu « mis de côté » mes sentiments en lien avec mon deuil a dû amplifier l’effet de cette expérience. Est-ce qu’avoir fait au moins une mise au point, même juste personnel, dans mon bloc-notes numérique dédié à Clément ou dans mon journal papier, m’aurait vraiment mieux préparé ? Difficile à dire, je pense tout de même que j’aurais pu entrevoir quelque peu le cheminement émotionnel qui viendrait avec la rencontre et l’adoption d’un deuxième chat.

Tout ça pour en arriver à ce constat, avoir Gigi dans nos vies ne comble pas l’absence laissée par Clément. Cette charmante demoiselle d’un noir profond ne mettra pas fin miraculeusement à mon deuil. Elle est simplement, et suffisamment, une nouvelle présence dans nos vies, dans notre foyer et dans nos cœurs. Elle est une nouvelle source de réconfort, de douceur et de chaleur, d’émerveillement, de fascination et de joie, de rires, de plaisir et d’amour. Elle sera toujours la petite sœur de Clément qu’il n’aura pas connu de son vivant. Elle sera toujours sa petite sœur.

Et la venue de Gigi m’a en quelque sorte forcé à faire face encore une fois à mon deuil, à accepter son omniprésence et surtout, m’a rappelé l’importance de le vivre en pleine conscience. Ce n’est pas parce qu’il est devenu moins vif et moins choquant qu’il est moins réel. Ce n’est pas parce qu’il me cause moins de tristesse qu’il n’existe plus. En fait, je pense que j’en suis à un point où je vis mon deuil autrement. J’ai réalisé il y a quelques semaines que je semblais penser moins souvent à Clément, pas systématiquement à tous les jours comme avant. Sur le coup, ça m’a inquiété et je me suis demandée si avoir écarté mes sentiments envers la vie et la mort de mon vieux chaton dans les derniers mois afin de survivre aux changements n’avait pas causé cet état de faits. Puis, je me suis rendue compte que Clément était encore en trame de fonds de mes jours, seulement, je n’avais pas besoin de faire un effort conscient pour le ramener à la vie en souvenirs. Il poppait de lui-même, à la vue d’un objet, en pensant à l’organisation d’une pièce ou plus récemment, en observant les frasques de sa petite sœur.

Il est devenu au fil des jours et des nuits endeuillés une présence immatérielle comme si son esprit m’accompagne au quotidien. Ainsi, même si ma façon de gérer mon deuil a passé d’un mode très actif à un mode plutôt passif, mon deuil a poursuivi son évolution. Tout de même, je peux vous dire que ça fait du bien de me reconnecter avec cette part de moi que j’ai quelque peu négligé dans les derniers mois, cette part qui m’a permis de devenir la miaougraphe de Clément. J’espère ne pas la négliger encore dans les mois à venir, bien qu’elle prendra sûrement moins de place qu’avant. Voilà donc à peu près où j’en suis, avec dix mois de fait en 2025 déjà.

22 réponses à « Blog en pause, deuil en pause ? »

  1. 😻
    avec toi, avec vous…On a le cœur assez grand pour tout ça …

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    1. Un grand merci, Barbara 🥰. C’est cela, un coeur assez grand pour accueillir douleur et douceur, joie et peine.

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  2. Magnifique billet, Marie-Luce !!! Certainement que l’une ne peut remplacer l’autre. Mais l’une prend sa place de petit trésor d’amour. Elle est une agréable consolation. Dans ton cœur, dans vos cœurs, il y de la place pour deux, hein !!! Bon après-midi de ce dimanche !

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    1. Merci Colette 😊. En effet, il y a de la place pour deux dans nos coeurs. Bonne nuit et beau vendredi 💙

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  3. Il faut beaucoup de temps… 😻

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    1. En effet, c’est un apprentissage en quelque sorte. Belle journée à vous trois 🩷🩷🩷

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  4. Bonjour , un magnifique billet , tu mets les bons mots sur ton deuil et je pense que tu as raison Clément t’accompagne dans ta vie quotidienne , il sait que Gigi ne le remplacera jamais, bisous bon Lundi MTH

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    1. Je te remercie infiniment, Marie. J’espère qu’il le sait. Je te souhaite un beau et doux vendredi.

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  5. 🐈🧡🧡🧡🐈‍⬛🧡🧡🧡

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  6. Plein de pensées pleines de douceur pour toi, pour Clément et pour Gigi 💚💚💚

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    1. Merci infiniment 🥰. Je pense que je peux dire que nous recevons tous trois tes pensées avec grand plaisir

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  7. J’ai l’impression que les processus de deuil se passent un peu de la même façon (nos chats, nos proches…) mais que le temps aide, même s’il n’efface en rien le manque.

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    1. Oui, je pense que le temps aide parce qu’on apprend jour après jour à vivre sans eux ou plutôt, avec eux mais autrement.

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  8. Magnifique billet, bienvenue à ce petit trésor qui console.
    Il faudra du temps pour le deuil. De tout cœur avec vous

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    1. Merci beaucoup, Angélique 😊. Belle journée

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  9. bonjour, comment vas tu? on ne les oublie jamais ces boules de poils, même si le destin nous envoie d’autres petits anges. passe une belle soirée et à bientôt!

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    1. Bonjour, ça va pas trop mal. Journée éprouvante aujourd’hui avec la première visite de Gigi chez le véto, somme toute, ça s’est bien passé.
      En effet, nos coeurs sont assez grands pour tous les anges passés, présents et futurs qui viennent nous tenir compagnie un temps.

      Je te souhaite un lumineux mardi ✨️✨️

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  10. Ton texte m’a vraiment touchée. On sent combien Clément reste présent dans ton quotidien, même dans ces petits objets retrouvés. Et j’aime la douceur avec laquelle tu accueilles Gigi, sans jamais chercher à remplacer qui que ce soit. Elle trouve sa place, et Clément garde la sienne.
    Merci d’avoir partagé tout ça. Tu avances avec une sensibilité incroyable, même quand c’est lourd à porter. J’espère que tu pourras continuer à laisser Clément venir quand il veut, comme une présence qui accompagne 💜

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    1. Laisser Clément venir quand il veut, c’est précisément cela ! Merci Péla 🩷.
      Gigi est Gigi, et je l’aime comme elle est. Clément est Clément, et je l’aime tout autant. Je trouve quand même cela amusant de les comparer, surtout pour mettre en exergue leur façon unique d’être 😊.

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