Deuil en cours
Maintenant que la compilation de mon récent voyage est terminée et que je vous ai partagé mon expérience, je peux dire que je suis vraiment de retour à la maison. Je ne sais pas si ça vous arrive aussi, mais pour moi, dans la transcription de mes aventures de voyage, dans le défilement des photos prises durant mon séjour et dans l’étalage des souvenirs rapportés, il y a quelque chose qui me tenaitt en suspens hors de mon quotidien… Cette pause tire à sa fin et je reviens à la programmation habituelle qui s’annonce disons très occupée.
Pendant que j’étais à l’extérieur de la ville, le printemps s’est décidément installé ici. Nous sommes encore loin de voir s’épanouir les fleurs ou de pouvoir sortir les boutures dans la cour ; les nuits sont fraîches, même les jours parfois encore. Seulement plus aucune trace de glace ou de neige dans la cour, et peu de bancs de neige restant ailleurs en ville. Je suis partie sous l’auspice d’un hiver qui traînait. J’ai été accueillie au retour par un printemps qui s’impose timidement. Parfois, la température reflète si bien ce que nous vivons. C’est rare, mais ça arrive, la preuve, cette transition saisonnière décrit assez bien la progression de mon deuil. J’ai l’impression d’explorer à tâton une nouvelle phase de mon deuil.

Alors, ce premier printemps sans mon vieux chaton, comment se profile-t-il ? Printemps rime avec ménage… Pourtant, je ne fais pas un gros ménage du printemps chaque année. En général, j’ai surtout tendance à donner un grand coup à l’automne personnellement. Néanmoins, cette année, c’est un peu différent : il y a des tâches ponctuelles que j’ai repoussées à la suite de la mort de Clément ; des changements dans l’occupation de l’espace qu’entraîne son absence ; et un certain besoin de changer les choses, tranquillement. Parce que ma normale d’avant ne reviendra jamais, comme elle incluait bébé chat dans tellement de sphères ! Ainsi, ça me paraît nécessaire de revoir certaines choses, d’effectuer progressivement des changements significatifs pour mieux démarquer cette nouvelle routine en cours d’élaboration. J’en avais glissé un mot ici déjà et avec les préparatifs de départ, le voyage en Alberta, et tout, ça a peu avancé, sans grande surprise, mais c’est bien toujours sur la table.
Mettons cela au clair, je n’ai pas l’intention de tout chahuter et complètement réviser la façon dont les pièces sont actuellement occupées, bien que j’admets que l’envie en était très forte au tout début de ce deuil. Un grand bouleversement comme cela, ça bouscule les priorités et les pris-pour-acquis… Toutefois, j’ai ressenti et ressens encore le besoin de réapprivoiser notre appartement, pièce par pièce, jusqu’à la cour extérieure. Certaines ont été assez faciles comme mon bureau-bibliothèque où Clément était moins présent dans les dernières années. D’autres le sont moins, comme la yellow room ou la cuisine. J’anticipe que la cour fera partie de cette dernière catégorie… Il y a des pièces où c’est l’usage répété qui permet ou permettra de rebâtir mes repéres, par exemple, la cuisine, la salle de bains et la chambre à coucher. D’autres où un certain degré de réaménagement semble requis pour les adapter à notre nouvelle réalité. C’est le cas de la yellow room et du salon/foyer, et moindrement, la salle à manger.
Pour certains lieux de notre appartement, le processus est assez avancé, du moins, pour moi, je ne saurais dire pour mon conjoint en ce moment. Pour d’autres, il est à entamer. Mais bon, je ne mets pas non plus la pression. J’y vais étape par étape, un pied devant l’autre, et je me fixe quelques objectifs larges et plusieurs petits plus précis. En plus du ménage du printemps, je souhaite aussi profiter du retour du temps doux pour sortir au grand air un peu plus souvent, que ce soit dans les grands ensembles de parcs urbains à proximité de notre maison ou de mon boulot, dans les parcs nationaux ou bien des réserves naturelles. J’adore le printemps, mais je n’en ai pas tant profité dans les dernières années ou plutôt, j’en ai profité dans la cour avec Clément principalement. Je pense que ça me fera du bien de sortir un peu plus et d’admirer la venue du printemps dans ses différentes phases. On peut dire que j’ai déjà commencé en Alberta justement et j’aimerais continuer au Québec, au moins quelques promenades.
Je n’en vise pas un trop grand nombre comme les week-ends s’éclipsent tellement vite et que j’ai aussi de quoi m’occuper à la maison entre le ménage, l’écriture, le dessin, les jeux et la cuisine, parce que continuer à reprendre mes activités culinaires fait également partie de ce que je souhaite accomplir prochainement. Et je dirais que c’est bien partie. Depuis mon texte sur retrouver le plaisir de cuisiner, j’ai fait quelque progrès dans ce sens. Par exemple, durant le week-end suivant mon retour à la maison, j’ai confectionné un petit dessert juste pour moi, un fudge rapide à la guimauve auquel j’ai ajouté des Micro-minieggs. Je n’ai pas pleinement réalisé sur le coup ce que cette fabrication de friandise représentait et pourtant, je pense que c’était très significatif. Cela marquait la première fois que je me suis mitonné un petit quelque chose sucré juste pour moi depuis le décès de notre beau Mément. Je ne l’ai pas fait pour partager avec amis, famille ou même juste mon conjoint. Mon conjoint n’était pas encore revenu de l’Alberta à ce moment-là ! C’était un moment dans la cuisine par et pour moi, ce que je faisais assez fréquemment avant que Clément mort. Que j’aille eu envie de le faire et que je l’aille accompli, c’est un grand pas pour moi. Du moins, j’ose l’espérer.

De plus, je ne me suis pas arrêté là ; j’ai également fait des scones aux pommes le week-end dernier (cette fois-ci, c’était en partie motivé par l’invitation pour un thé chez une amie) ; et cette semaine, durant la semaine de travail, je nous ai préparé des gaufres avec crème fouettée pour un déjeuner-télétravail en tête à tête, pour mon conjoint et moi. Je ne suis pas prête à crier victoire pour autant ! Cependant, je semble être en bonne voie de réapprivoiser ma cuisine. Et veux veux pas, ça m’apporte beaucoup de joie et de plaisir pendant que je prépare mes modestes confections et après, lorsque je les déguste seule ou en bonne compagnie. Moins pour la partie nettoyage après, toutefois, cette partie-là me paraît quand même peser moins lourd qu’il y a quelques semaines encore. Yeaaah pour les progrès et les saveurs et plaisirs associés ! Il faut bien que je les souligne et les célèbre un peu, parce que j’ai encore bien du chemin à faire et des repères à trouver dans ce quotidien endeuillé.
La conseillère avec qui je discute depuis la mort de Clément a suggéré que le voyage en Alberta marque une transition entre deux étapes de mon deuil. Je pense que c’est vrai en quelque sorte, pas juste à cause du départ de la maison, mais aussi de par les différents gestes posés dans les semaines précédant et suivant le voyage Nous verrons bien comment cela se traduira pour la suite. Pour l’instant, j’établis mon plan d’action pour me faire du bien et pour vivre ce printemps sans Clément, premier de toute une série… J’avais anticipé en lançant une série d’article sur les saisons de Clément que je ressentirais probablement le besoin d’écrire sur le fait de vivre le passage des saisons sans notre roi bienveillant et bien voilà, ça se réalise.
J’espère que vous profitez bien du printemps de votre côté ❤ !




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