Deuil en cours
Je me suis fixée plusieurs objectifs (voir ici et là) depuis le début du deuil de mon doux Clément afin de reconstruire mon quotidien suivant son décès. Après une saison complète sans lui, où en suis-je ?
Côté loisirs, vous avez pu suivre d’assez près mes progrès sur ce plan. Lectures, cuisine, dessin et jeux semblent avoir trouvé leur place dans mon quotidien sans supervision royale. Pour certaines activités comme les confections gourmandes, je pense que c’est plutôt acquis et que je n’aurai pas besoin de me fixer de nouveaux objectifs pour poursuivre. Pour la lecture, c’est sans doute encore un peu fragile étant donné que le rythme souhaité vient d’être atteint au cours du mois de juin. Participer à un défi comme le mois anglais y a contribué pour beaucoup. D’ailleurs, j’ai pris plaisir à prendre part à ce challenge, bien que j’en sors un peu épuisée. Je me suis laissée emporter par mon enthousiasme quelque peu et je n’étais peut-être pas tout à fait prête à me lancer dans une telle aventure. Néanmoins, cela m’a apporté plus de bien qu’autre chose. Donc, je suis contente de cette expérience.
Sinon, j’avais planifié faire plus de sorties en milieux naturels, que ce soit simplement un parc urbain ou une excursion hors de la ville. J’en ai moins fait que j’espérais, mais je suis sortie marcher plus régulièrement. Et je parle de marche de loisir, car je marche tous les jours où je me rends au bureau, mais ma route ne passe pas par des parcs en général, alors, ça ne compte pas. Il y a eu une visite dans le coin de Cap-Tourmente, malgré que la réserve naturelle était fermée pour cause de grève des fonctionnaires fédéraux. Deux-trois balades sur le bord de la rivière qui coule pas très loin de chez nous, une brève immersion dans le jardin de ma mère, un tour sur les parterres fleuries du parlement et une petite balade en auto dans la campagne environnante, sous le smog des fumées, donc nous avons seulement pris une brève marche dans un des villages croisés avec un petit arrêt dans une chouette boutique-galerie.





Je m’étais fixée des objectifs niveau ménage du printemps et sur ce plan, c’est sans doute celui qui a le moins progressé. Il y a tout de même eu des petites choses de faites, comme le dégagement un peu de mon bureau-bibliothèque, mais je visais surtout la yellow room et la salle à manger et je n’ai rien réorganisé dans ces pièces. Ce n’est pas grave, je peux en faire petit à petit durant l’été et peut-être donner un boum à la fin de la saison ou au début de l’automne. Dans mon ménage du printemps, il était aussi question de revisiter notre cour extérieure, cette extension du territoire de Clément durant les saisons douces. Rien n’a été fait sur ce plan vraiment et nous avons à peine utiliser la cour ce printemps… Entre les températures fraîches du printemps, la qualité de l’air médiocre plus souvent qu’autrement et les travaux de réfection du balcon de notre voisin d’en haut, les conditions n’ont pas contribué à ce que nous nous réapproprions la cour pour l’instant. Nous avons néanmoins tout l’été pour faire face à cette cour qui paraît immense sans chat pour l’arpenter.
Niveau écriture, malgré quelques creux, j’ai réussi à maintenir une certaine cadence qui me contente et qui m’aide à continuer de progresser, à prendre le temps de me remémorer les doux moments passés avec notre coquin de rouquin et à documenter mon processus. D’ailleurs, quand je relis mes bilans et plans de mars et d’avril, je constate à quel point j’ai cheminé en quelques mois. J’ai l’impression d’avoir gravi une impressionnante montagne. S’agit-il du plus haut sommet que j’aille à franchir ? Ou d’un premier parmi toute une chaîne à traverser ? Sans réponse pour l’instant, je laisse mes pas me porter. J’ai longtemps imaginé, durant la vie de Clément, que vivre sans lui serait impossible. Je me prouve tranquillement que je peux faire face à l’impossible et même à y puiser de nouveaux potentiels…
Ce printemps a aussi marqué la fin de mes télé-rencontres avec la psychothérapeute que j’ai consultées. Je l’ai mentionné quelques fois, ici et là, sans vraiment aller dans les détails. Alors, voilà, grâce aux services de soutien offert par mon employeur, j’avais droit à quelques rencontres gratuites pour du soutien émotionnel. Mon gestionnaire m’avait parlé de ces services variés lorsque j’ai été embauchée, il y a du soutien pour toutes sortes de situations et avec un tas de professionnels différents (juridique, émotionnel, personnelle, etc.), mais je n’avais pas eu l’occasion d’utiliser ces services. Suivant l’euthanasie de Clément-chou, c’est une des premières choses à laquelle j’ai pensé et j’ai appelé dans les heures qui ont suivi pour commencer le processus. Une semaine plus tard, j’avais mon premier appel planifié. Moi qui n’avais jamais consulté de ma vie de services de soutien psychologique quelconque, je m’étais automatiquement tournée vers ce service après la mort de mon chat. Je savais dés le départ que j’aurais besoin de tous les outils possibles pour apprivoiser ce deuil soudain. Je n’ai pas regretté cette décision. En tout, j’ai eu environ six ou sept rencontres téléphoniques avec ma conseillère attitrée étalée sur trois mois, de la mi-février au début mai.
Cela fera donc bientôt deux mois que ces rencontres ont cessé, un bon moment pour revisiter le processus et ce que ça m’a apporté. Pour moi, consulter n’a pas été un remède-miracle, ni une grande révélation. Cela a fait partie de mon cheminement pour appréhender ma nouvelle réalité. Avant toute chose, j’y ai trouvé une oreille attentive, externe et détachée, qui me permettait de m’épancher sans réserve. Je pouvais revenir sur des sujets que peut-être je ne discutais plus avec mes amis et ma famille depuis un moment, mais dont je sentais encore le besoin de traiter. J’y ai reçu de la validation, pour ce que je ressentais, ce que je vivais et ce que j’entreprenais pour m’aider. J’y ai vu une main tendue pour me guider par moment pour trouver des pistes de solutions, pour identifier les ressources à ma disposition et une main qui me poussait par moment à me projeter vers l’avant, chose qui m’était nécessaire. Après avoir bénéficié de ce soutien pendant trois mois, se retrouver sans m’a fait un peu peur, bien que je me sentais prête à continuer par moi-même ma petite bonnefemme de chemin depuis un moment.
Des semaines après ma dernière session, je constate que j’étais bien prête à poursuivre par mes propres moyens mon deuil. Cela ne signifie pas qu’il n’y a plus de moments difficiles, mon parcours n’est pas sans faille, loin de là, mais j’arrive à surmonter les intermèdes plus sombres. Je me compte chanceuse d’avoir pu m’appuyer sur ce service de mon employeur durant cette traversée pénible des premiers mois de l’année. C’est entre autres grâce à ces sessions que nous avons fait notre petite rituel pour dire aurevoir à Clément, mon conjoint et moi, en début mars. Elles ont grandement contribué à la reprise de mes activités culinaires. Ma conseillère m’a encouragé à écrire quotidiennement au tout début et cette carte blanche m’a encouragé à prendre le temps d’écrire régulièrement. En effet, durant le premier mois, plus ou moins, j’alignais quelques lignes de mots tous les jours. C’est en lui parlant que m’est venu plusieurs idées sur comment approcher la reprise de certaines activités ainsi que certaines idées de sources de réconfort. Ça faisait un moment que je voulais aborder le sujet de ces rencontres. Enfin, je le fais. Un autre objectif atteint !
Voilà un topo complet de la réalisation des objectifs que je m’étais fixé pour ce premier printemps suivant la mort de Clément, un printemps qui a été certes plutôt assombrie par cet événement, mais où la lumière a fait des percées évidentes. L’été est à peine commencé, je ne sais trop à quoi m’attendre. Le début de la saison passée était noyé dans la tristesse et le choc. Je pouvais à peine planifier quoi que ce soit. Cette fois-ci, je pense que la transition se fait dans une mélancolie doucereuse, pas tout à fait confortable, sans être pour autant inconfortable. Pour m’aider dans la traversée de la saison estivale, je me suis concoctée un programme mieux-être. D’abord, comme j’en avais manifesté l’intention en mai, je compte inclure quelques sorties culturelles. Musées, expositions, festivals, centre culturel, je n’ai rien planifié de spécifique. Si j’en fais deux cet été, je serais déjà satisfaite, si j’en fais plus, tant mieux ! Ensuite, continuer avec les immersions dans la verdure et des tournées champêtres hors de la ville. Cette fois, je pense que je veux me fixer un objectif plus précis. J’aimerais bien profiter au moins d’un parc urbain une fois par semaine.
L’été est souvent la saison des sorties et des partys d’anniversaire dans ma famille comme nous sommes plusieurs à être nés durant cette saison, donc, il y aura du temps dédié à la famille et les amis, c’est certain, mais j’aimerais m’assurer de leur réserver du temps. Sinon, je compte continuer à dessiner et à écrire tout au long de l’été. Néanmoins, j’aimerais laisser un peu de place à d’autres sujets que Clément et le deuil, pas nécessairement pour le blog, mais pour moi personellement. Comme au printemps, cela n’a pas avancé, un des objectifs de l’été est de réapprivoiser la cour extérieure en la réorganisant et surtout en l’utilisant régulièrement. L’utiliser dépend en partie des conditions météorologiques et de la qualité de l’air malheureusement. À date, ce n’est pas bien partie, mais j’ai espoir que cela s’améliore dans le courant de l’été. Enfin, je ne compte pas me lancer dans un autre challenge littéraire pour l’instant, toutefois, j’espère maintenir ma nouvelle cadence de lecture durant la période estivale.





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