Miaougraphie de Clément

Un feuilleton de Noël ayant comme entrée quelques Tranches de Miaougraphie
J’ai croisé avant-hier soir le fantôme de Clément qui m’a miaulé que je recevrais la visite de trois fantômes, un par nuit à partir du lendemain. Bien que j’ai apprécié apercevoir brièvement, trop brièvement, mon Mément, je n’ai pu m’empêcher de penser que les fantômes de Noël qui visitent les gens avant le réveillon, ce n’est pas très original. Ça ne fait pas très sérieux. L’histoire de Dickens n’a-t-elle pas été suffisamment mise à toutes les sauces déjà ? Oui, je l’adore et je saute sur toute variante qui existe, mais je ne vois pas pourquoi moi je serais visitée et pourquoi revisiter un Conte de Noël avec un personnage endeuillé ? La mort est déjà tellement présente dans l’original…

Bon, j’imagine que je n’ai pas trop le choix de toute façon, à en juger par les tentatives infructueuses de Scrooge d’éviter ces visiteurs spectraux. Difficile d’éviter des êtres d’une nature éthérée, il faut croire. Vous vous en doutez sûrement, le texte suivant et ceux qui suivront sont fortement romancés. Toutefois, ils demeurent, comme à mon habitude, profondément ancrés dans mon vécu. La narratrice à la première personne demeure en tout temps moi, Marie-Luce la miaougraphe. Vous comprendrez plus tard pourquoi j’insiste sur ce point. Je vous laisse le soin de deviner les parties imaginées 😉

Comme annoncé, le fantôme du passé est venu hier soir et il m’a raconté en quelques voyages quelques-uns des Noëls que Clément a passés auprès de nous. Sans éloquente présentation, il m’a fait remonter le temps très loin pour commencer notre petit voyage dans les Noëls passés. Il y a 16 ans pour être exacte.

Je me rappelle ce premier Noël de notre vie commune, à mon conjoint et moi, fut magique à bien des égards. Le premier étant que nous accueillions une petite boule de poils roux pleine d’énergie et d’entrain dans notre foyer, du nom de Clément. Le sapin était déjà installé dans notre appartemment quand Clément y a débarqué. C’était donc chaton le petit dernier arrivé pour les Fêtes. Nous avions peu de décorations lors de ce premier Noël, et la majorité n’était pas fragile. Donc, nous n’avions pas eu besoin d’adapter grand-chose. N’empêche que la question de la cohabitation entre bébé chat et le sapin se posait, aurions-nous besoin de surveiller chaton constamment ? Devrions-nous retirer les quelques boules de Noël plus délicates des branches auxquelles elles étaient accrochées ?

Chaton, Clément courait partout, grimpait sur le canapé-futon, attaquait la mosaïque en collage qui adornait le côté de ma bibliothèque, mais jamais a-t-il essayé d’escalader le sapin. Toutefois, il adorait la jetée placée sous le sapin comme tapis. Durant ses premières semaines avec nous, ce fut son lieu de prédilection pour faire les quelques siestes qu’il faisait bébé. Sans doute aimait-il la couverture que les branches de l’arbre lui offrait tout en n’étant pas un espace fermé, ce qui lui permettait de fuir facilement. Et il appréciait sûrement le fait de pouvoir s’approvisionner en eau tout près… car Clément buvait plus d’eau du sapin que de son bol à lui ! Difficile à dire qui buvait le plus d’eau entre le sapin et le chat… Vous me direz que c’est toxique pour un chat. La sève et les aiguilles de sapin ingérées peuvent causer des irritations et des problèmes digestifs à nos amis félins. Néanmoins, le niveau de toxicité est relativement faible, comparé à bien d’autres plantes d’intérieur. En tout cas, cette habitude qui a perduré quelques Noëls ne semble pas avoir été trop détrimental à notre chat qui a vécu un peu plus de quinze ans en bonne santé pour la majorité de son temps avec nous. Autrement, je me souviens que Clément appréciait aussi les décorations sur les branches basses, surtout les clochettes crochetées, souvenir de mon enfance, (fabriquée par ma grand-mère ou mon arrière-grand-mère, si je ne me trompe). Nous les avons retrouvé plus d’une fois à quelques pas du sapin, voire plus loin lors de ce premier Noël.

Le fantôme ne m’a pas laissé le temps de m’éterniser dans ce premier Noël avec Clément qu’il m’entraînait quelques années en avant, vers 2013 si mes souvenirs sont exacts. Un décembre où nous avions reçu beaucoup de neige, détail important, car ce fut le théâtre d’une série d’incidents qui ne furent pourtant pas causer par Clément, bien qu’il en a subi les contrecoups, comme nous. Clément n’a peut-être jamais fait tomber le sapin en seize Noëls, mas cela ne signifie pas qu’il n’y eut aucune chute de sapin chez nous ! Non, le fantôme m’a ramené à cette période-là pour me remémorer cet épisode où les soirs d’opération de déneigement se suivaient et où la maison en tremblait chaque fois que la « gratte » passait à proximité. À tel point, que le sapin très très grand cette année, installée sur une base plus ou moins faite pour un si grand spécimen, en fut tout renversé ! La première fois, le fracas nous avait surpris, malgré que les dommages furent limitées.

Photos prises avant le désastre

La deuxième fois, quelques jours plus tard, ne fut pas aussi heureuse. La relative tranquillité de la nuit fut brisée par le bruit de verre qui se fracassait sur la céramique. Bien entendu, notre curieux chat avait accouru comme nous sur les lieux du crime. Il avait fallu prendre la situation en main, l’un de nous s’occupant de Clément, pendant que l’autre soulèvait le sapin et passe le balai. Quelle tristesse cependant ! Puisque certaines des décorations perdues furent des boules de verre que nous avions peinturées nous-mêmes. Bon, ce n’était pas du grand art et le milieu artistique ne pleura pas des torrents sur cette perte. Tout de même, nos coeurs s’étaient serrés de perdre plus de la moitié des boules que nous avions peintes il y avait quelques Noëls déjà. Au moins, bébé chat n’était pas à blâmer pour ce petit désastre et notre Noël fut heureux malgré ces incidents. Au cas où vous vous demandez, après le deuxième incident, nous avions renforcé l’attache du sapin au mur que nous avions posé après le premier incident…

Le fantôme des Noëls passés et moi avons ensuite sauté vers le présent, mais pas tout à fait, à un Noël très spécial. Voyez-vous, chaque Noël était plus ou moins pareil avant celui-là ; nous passions la période de l’Avent avec Clément à la maison, à décorer, à préparer notre contribution au repas familial, à emballer les cadeaux et à rédiger les cartes de souhait. Puis, souvent juste avant le réveillon ou le jour du réveillon, nous le délaissions le temps de quelques jours pour aller fêter dans la parenté. Quand nous habitions plus proche de ma famille, nous ne nous absentions qu’un jour et une nuit en général, mais après que nous nous sommes éloignés quelque peu, nous partions pour un ou deux séjours de trois-quatre jours en deux semaines. C’était toujours déchirant de ne pas pouvoir emmener Clément avec nous. Une partie de notre famille n’était jamais à nos côtés pour la nuit du réveillon et souvent absente pour le jour même de Noël. Tout de même, nous nous échangions généralement nos cadeaux, mon conjoint et moi, et nous ouvrions les bas de Noël que je nous prépare chaque année une fois de retour à la maison avec Clément, bien qu’il y a eu des exceptions lorsque nous ne revenions pas avant le 27 décembre à la maison.

Bref, tout ça pour mettre en contexte ce Noël particulier auquel le fantôme m’a ramené. 2020, Noël en groupe a été irrémédiablement annulé, un mal pour un bien, car au final, cela nous a permis de fêter le réveillon du début à la fin avec Clément. Et quel festin nous avions préparé, mon conjoint et moi ! Puis, bébé chat a pu participer à l’ouverture des cadeaux avec la famille. Ma mère était passée pour livrer les cadeaux pour tout le monde avant le 24. Si vous vous demandez, je ne me rappelle pas un Clément fourrageant énormément parmi les cadeaux enveloppés. Je pouvais les déposer plusieurs jours d’avance sans trop me soucier. Je ne dirais pas pour autant qu’il n’y eut jamais d’incidents impliquant des cadeaux bien emballés et notre coquin de rouquin. Oh ça, il y en a eu quelques-uns. Surtout s’il y avait des rubans à grignoter, ou une étiquette pas tout à fait collée qui dépassait. Rien de majeur, en général. Dans les pires cas, il a juste fallu déplacer le cadeau en question sous un autre ou totalement hors d’atteinte du chat, si ça l’intéressait trop. La seule chose que nous pouvions rarement laissé dessous le sapin était les sacs parce que tout félin qu’il était, Clément voulait absolument connaître le contenu d’un sac. De plus, il adorait mordiller le papier de soie. Alors, les sacs devaient souvent être préparés à la dernière minute ou placés en hauteur.

Grâce aux livraisons de ma mère, toute la famille avait reçu leurs présents à temps pour le réveillon et nous avons pu faire un appel vidéo de groupe sur Facebook pour le déballage. Pour la première fois de tous nos Noëls familiaux, tous nos chats respectifs étaient près de nous pour ce moment festif. Clément avait toute une parenté féline dont je ne vous ai pas encore parlé. Ce fut une expérience unique en son genre. Ce n’était pas tout à fait pareil comme le réveillon chez ma mère, mais en même temps, pour une fois, j’avais Clément près de moi et je n’étais pas tiraillée à le savoir seul à la maison la veille de Noël. C’est sûr que Clément a beaucoup contribué à sauver ce Noël particulier et cela représente un souvenir bien précieux pour moi.

Enfin, le fantôme me prévint, le prochain Noël serait notre dernier arrêt de la soirée et je savais déjà quel Noël ce serait. Ce n’était pas difficile à deviner. Le tout dernier Noël avec notre Mément serait notre destination finale de ce court voyage à travers les Noëls passés. Nous voilà, nous étions atterri en 2022. Cette année-là, Noël était arrivé en avance. Ma famille avait décidé de revenir au format tout le monde présent pour le réveillon et je n’étais pas prête à cela. La maison de ma mère est drôlement divisée et n’est définitivement pas faite pour recevoir une vingtaine de personnes. Trop de monde pour moi, en contexte de surgence du petit dernier d’Omicron. Cependant, j’avais du temps de vacances qui me restait et personne ne prend jamais de vacances dans mon équipe de travail avant Noël. J’ai échafaudé un plan pour visiter ma famille avant le réveillon et distribué mes cadeaux, et même, apporté une tourtière pour le souper du réveillon auquel je n’assisterais pas. J’ai sprinté un peu plus que d’habitude comme il fallait que tout soit prêt avant le 24 décembre, mais plan réussi et nous voilà de retour à la maison le soir du réveillon auprès de Clément. Avec le sprint qui a précédé, pas eu le temps de prévoir un gros festin cette fois-ci, ce fut un petit Noël tranquille à la maison, mon conjoint, bébé chat et moi. Loin de nous l’idée que ce serait le dernier Noël de notre petit félin. Bien que certains membres de ma famille étaient déçus que je ne sois pas au réveillon l’année dernière, je sais que je ne regrette en rien ma décision qui m’a permis d’offrir un dernier Noël à Clément en compagnie de ses deux humains. Un Noël avec peu de fioritures, mais beaucoup d’amour !

À lire ces souvenirs sans trace de regret ou d’amertume, vous pouvez vous demander pourquoi l’esprit des Noëls passés m’a visité. Peut-être que la tournée à venir du fantôme du Noël présent vous éclairera sur le sujet. En attendant, je vous laisse sur mes doux souvenirs des Noëls passés avec Clément, mon petit assistant décorateur dont la principale tâche était d’inspecter et de démêler les guirlandes (comme l’an passé, sur les photos ci-dessus), mon lutin qui m’aidait à empaqueter les cadeaux, mon chat Noël qui distribuait les cadeaux et signait les cartes.