Miaougraphie de Clément

Deuil en cours avec une graine de Miaougraphie

Voici une lettre que la grève de Postes Canada en cours depuis un peu plus d’une semaine n’empêchera pas d’arriver à bon port. Du moins, j’ose croire qu’en publiant cette lettre à Clément sur ce blog, elle se rendra à mon vieux chaton où qu’il soit. Je tiens à préciser que le crédit de plusieurs des photos ci-dessous revient à mon conjoint.

Mon cher Clément,

Oh la la ! Le temps m’échappe dernièrement et j'(e t’)écris infréquemment. Entre tenter de finir l’emménagement de notre nouvel appartement et commencer mes nouvelles tâches au bureau, j’essaie de relaxer à travers tout cela. Puis, s’ajoute maintenant faire de la place à la toute nouvelle venue, adoptée le 27 septembre 2025, j’ai nommé Gisele la câline, dite Gigi pour les intimes. Et oui, je t’ai enfin trouvé une petite sœur toute mignonne, toute adorable, toute vulnérable. Elle ne te connaîtra qu’en photos, en mots et en images, et tu la connaîtras en mots et en images, j’y veillerai. Ce que tu l’aurais trouvé agaçante avec son agilité à toute épreuve, sa curiosité attentive, son besoin de se coller à tout le monde (dont toi, je n’en doute pas, car je pense qu’elle t’aurait adopté immédiatement comme grand frère, Clément). J’espère que tu veilleras sur elle où que tu sois, afin de la rassurer quand elle en a besoin, afin de l’empêcher de faire de (trop) mauvais coups, et surtout pour la guider dans sa vie de féline qui commence à peine.

Elle nous est arrivée un peu comme toi, impromptue, un poil sur la soupe, mais pas sans que nous ayons songé sérieusement à adopter à nouveau un ami chat, surtout pas sans que nous en ayons discuté, mon conjoint et moi. Je dirais même que son arrivée était en quelque sorte beaucoup plus réfléchie que la tienne où la possibilité de t’adopter était plutôt un concept abstrait avant ton atterrissage soudain dans nos bras. Cependant, Gigi elle-même n’avait pas été prévue. À vrai dire, j’avais encore quelques doutes à l’idée d’accueillir un nouveau félin dans notre famille avant d’entendre parler d’elle. Pas à cause de mon deuil de toi, non plus parce que mon conjoint et moi n’étions pas tout à fait sur la même longueur d’onde sur quand et comment adopter. Il préférait un chat assez âgé, de personnes ne pouvant plus en prendre soin ; je n’avais rien contre l’idée d’adopter un chat dans le besoin, mais je préférais un chat plus jeune, sans que ça soit nécessairement un chaton. Je n’étais pas pour autant contre l’idée d’un chaton, surtout que j’avais cette impression dans les derniers mois qu’un chaton nous attendait quelque part.

Je me demande si ce n’est pas toi qui m’as donné si justement cette vision de la prochaine à venir. Je me rappelle avoir pensé il y a quelques mois, quand j’ai commencé à pouvoir franchement réfléchir à la possibilité de faire entrer un nouveau félin dans ma vie, que j’aimerais bien accueillir un chat noir, et que ce serait peut-être plus une femelle qu’un mâle, l222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222

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8wu (Gigi voulait te dire allô à sa façon)… et voilà ti pas que mon père m’appelle vendredi dernier pour me dire qu’il avait sauvé une petite chatte, d’environ 3-4 mois, toute noire avec quelques poils roux et blancs épars ! Ce que je ne cherchais pas, mais ce que j’attendais en quelque sorte. Et dans des circonstances de hasard comme je pensais dernièrement que ça surviendrait. N’empêche que je n’aurais jamais imaginé que ce serait par un sauvetage réalisé par mon père. Et quel sauvetage ! Imagine-toi donc, Clément, qu’au milieu du bois, Gigi a embarqué clandestinement dans le camion de mon père et il s’en est rendu compte 40 km plus loin, de retour à la maison. L’histoire de cette petite chatte noire et ses caractéristiques m’ont tout de suite captivé. Le fait qu’elle nous soit quelque peu tombé dessus par le biais d’un membre de ma famille, et par un appel qui plus est, circonstance en tout point identique à ton arrivée dans nos vies, a tout de suite paru être le signe que j’attendais, identifiant Gigi comme le chat qui attendait de croiser notre chemin. Chat du hasard ? Chat du destin? Un peu des deux sans doute si ta patte s’en est mêlée, mon cher Clément, tel que je le pense.

Sacrée Gigi ! Sa jeune vie a commencé par toute une aventure qui ne s’est pas arrêtée là, comme elle a traversé quoi, deux-trois régions administratives pour que nous la récupérions au chalet de mon père, à environ une heure de voiture de notre nouveau chez-nous. Et comme nous étions en vacances cette semaine, nous avons appris à nous connaître, Gigi, mon conjoint et moi dans le cadre enchanteur de ce chalet parmi les couleurs de l’automne. Elle semblait bien s’y plaire au chalet, un endroit paisible et tranquille, et où elle pouvait se promener dans un environnement probablement semblable à celui où elle a grandi en sécurité en notre présence.

Comme toi, elle n’a pas eu un début de vie facile et nous espérons, mon conjoint et moi, lui donner ce dont elle a besoin pour que la suite soit plus douce et plus chaleureuse. Malgré ces circonstances qui ne sont pas sans nous rappeler ta venue auprès de nous, notre petite Gigi est très différente de toi, Clément. Elle ne semble pas avoir perdu sa mère aussi jeune que toi et sait bien mieux comment se comporter en chat, déjà. Elle est moins nerveuse, ainsi elle s’est calmée en voiture en dedans de cinq à dix minutes lors du segment qui l’a emmené du chalet à notre appartement. Elle a énormément d’équilibre. Elle miaule déjà plus que toi à pareil âge, sans que ce soit trop non plus. Elle ronronne beaucoup plus. Elle se nettoie beaucoup plus régulièrement. Surtout, elle adore jouer toute seule et peut se divertir pendant une vingtaine de minutes sans avoir besoin de plus que sentir une présence réconfortante la surveillant. Elle respecte assez bien les limites, bien que nous verrons comme cela se poursuivra. Mamzelle ambitionne de plus en plus comme elle se sent de plus en plus en sécurité.

Elle est entre bonnes pattes, n’est-ce pas, Clément ? Après tout, mon conjoint et moi avons bien réussi à t’élever chaton, un peu plus jeune qu’elle même, et regarde jusqu’où tu es allé, regarde comme tu as été un bon et généreux roi félin ! Et pourtant, nous ne t’avions pas recueilli dans une situation aussi favorable que pour Gigi, puisque j’étais aux études, et mon conjoint plus souvent en transition qu’en occupation. Sans compter que nous avons énormément appris durant les quinze années et quelques mois durant lesquels nous t’avons eu près de nous et qu’elle pourra donc bénéficier directement des leçons que tu nous as gracieusement et patiemment offertes.

C’est très émotionnel, la ramener dans notre nouvel appartement de quelques mois, une maison que tu n’auras connu que sous la forme fantomatique de ta présence dans nos cœurs et nos pensées. Toutes les premières fois de Gigi sont entièrement uniques, étant donné que tu n’as pas foulé avant elle le seuil de cet appartement, que tu n’as pas couru d’une pièce à l’autre de ce dernier, que tu n’as pas observé les oiseaux du haut de son balcon. Néanmoins, la plupart des meubles et des objets qu’elle y frôle ont été marqués de ton sceau royal d’approbation. Aujourd’hui, durant son premier tour libre de l’appartement, je lui ai montré quelques-unes des marques de griffe que tu as laissées sur la table de la cuisine. Elle s’est couchée sur les mêmes couvertures sur lesquelles tu as dormies des dizaines d’heures. Elle a senti tes poils que je garde précieusement dans mon médaillon que je portais lors de notre première rencontre, à elle et moi, ainsi qu’hier. Je pense qu’elle va grandir en admirant ta grandeur et tout l’héritage que tu as laissé derrière toi.

Malgré toute la joie qui vient avec notre rencontre avec Gigi et son arrivée dans notre foyer, je ne peux m’empêcher de ressentir comment sa présence semble amplifier ton absence, Clément. Que j’aurais aimé que tu sois là pour lui montrer comment être un bon chat de maison, comment régner magnanimement sur son foyer, comment gérer les fréquentes sorties de ses humains. Que j’aurais aimé que vous puissiez apprendre à vous connaître et interagir ensemble. Ou plutôt, comme j’aimerais pouvoir en être témoin, car je sens que tu n’es pas si loin d’elle déjà. Je sais d’ailleurs que tu feras de ton mieux d’où tu es, mais j’aurais tout de même aimé vous voir côte à côte, toi mon pépère de vieux chaton et elle la toute fringante. Je devrai me contenter de la voir auprès des portraits que j’ai réalisés de toi ainsi que de ton jumeau peluche, Clément II, qui t’a représenté dès que nous avons commencé le chemin pour la ramener à la maison pour veiller sur elle en ton nom.

Je ne pense pas que tu t’inquiètes de cela, mais juste au cas, mon Clément, ne doute pas que tu conserves une place très spéciale dans notre mémoire et que nous t’aimons et t’aimerons toujours. Simplement, à côté de toi, nous allons faire une confortable place pour Gigi aussi. Je commencerai ainsi à tracer sa Miaougraphie à elle, en filigrane de la tienne qui ne cessera pas pour autant. Écrire sur toi, te dessiner, je ne pense pas m’en lasser un jour. La Miaougraphie de Gigi ne prendra pas forcément la même forme que la tienne, bien que je lui ferai une place sur ton blog, si tu me le permets. Elle aura son propre rythme présenté sous les angles qui conviennent à son caractère, à son développement, à son image à elle. Il est certain que tu marqueras fortement sa miaougraphie, car si je ne peux voir votre rencontre et l’évolution de votre relation directement, je peux les concevoir et qui sait peut-être les représenter en mots et en dessins un de ces jours…

Ainsi donc, Clément, je suis depuis peu la miaougraphe de deux chats. Je serai toujours néanmoins devenue miaougraphe, grâce à toi. Et de cela, je ne t’en remercierai jamais assez, toi qui sera éternellement mon tout premier bébé chat !